En m'expliquant ainsi, je vis que dans un coin, un jeune curieux m'observoit avec foin; fon habit d'ordonnance avoit deux épaulettes, de fon grade à la guerre éclatans interprêtes ; fes regards affurés, mais tranquilles & doux, annonçoient ses talens, fans marque de courroux : de la Tactique, enfin, c'étoit l'auteur lui-même. Je conçois, me dit-il, la répugnance extrême qu'un vieillard philofophe, ami du monde entier, dans fon cœur attendri, fe fent pour mon métier, Il n'eft pas fort humain; mais il est nécessaire: l'homme eft né bien méchant, Caïn tua fon frère; & nos frères les Huns, les Francs, les Vifigoths, des bords du Tanaïs accourant à grands flots, n'auroient point défolé les rives de la Seine, fi nous avions mieux fû la Ta&tique Romaine. Guerrier, né d'un guerrier, je professe aujourd'hui l'art de garder fon bien, non de voler autrui. Eh quoi vous vous plaignez qu'on cherche à vous défendre ! Seriez-vous bien content, qu'un Goth vint mettre en cendre vos arbres, vos maifons, vos granges, vos châteaux ? Il vous faut de bons chiens, pour garder vos trou peaux. Il eft (n'en doutez point) des guerres légitimes, & tous les grands exploits ne font pas de grands crimes. Vous-même, à ce qu'on dit, vous chantiez autrefois les généreux travaux de ce cher Béarnois. Il foutenoit le droit de fa naiflance augufte; la Ligue étoit coupable, Henri quatre étoit jufte. Mais fans plus retracer les faits de ce bon Roi, ne vous fouvient-il plus du jour de Fontenoi? Quand la colonne Angloise, avec ordre animée, marchoit à pas comptés à travers notre armée, trop fortuné Badaud, dans les murs de Paris, vous faifiez en riant la guerre aux beaux-efprits de la douce Gauffin le centième idolâtre, vous alliez la lorgner fur les bancs du théâtre, & vous jugiez en paix les talens des acteurs. Hélas! qu'auriez-vous fait vous & tous les auteurs, qu'auroit fait tout Paris, fi LOUIS en perfonne n'eût paffé le matin fur le pont de Calonne, & fi tant de Céfars, à quatre fols par jour, n'euffent bravé l'Anglois qui partit fans retour? Vous favez quel mortel amoureux de la gloire, avec quatre canons, ramena la victoire. Ce fut au prix du fang du généreux Grammont, & du fage Luttaux, & du jeune Craon, que de vos beaux-efprits les bruyantes cohues compofoient les chanfons qui couroient dans les rues, Ou qu'ils venoient gaîment, avec un ris malin, fiffler Sémiramis, Mérope & l'Orphelin. Souffrez donc, s'il vous plaît, qu'on prenne la défense d'un art qui fit long-tems la grandeur de la France & qui des citoyens affure le repos. Monfieur Guibert fe tut, après ce long proposa Moi, je me tus auffi, n'ayant rien à redire; de la droite raifon je fentis tout l'empire. Je conçus que la guerre est le premier des arts ; & que le Peintre heureux des Bourbons, des Bayards en di&tant leurs leçons, étoit digne peut-être de commander déjà dans l'art dont il eft maître. Mais, je vous l'avoûrai, je formai des fouhaits pour que cet art fi beau ne s'exerçât jamais, & qu'enfin l'équité fît régner sur la terre l'impraticable paix de l'abbé de Saint-Pierre Par M. DE VOLTAIRE FIN TABLE. MONSIEUR ONSIEUR ANDRÉ. Couplets faits à la campagne, page 145 MADAME la Marquife D'A NTREMONT. Requête à M. le Comte de **, pour obtenir un bénéfice fimple, Vers à M. le Chevalier de C***; 19 65 M. D'ARNAUD, Confeiller d'Ambassade de Saxe. Vers à Madame la Ducheffe de Chartres, en lụi préfentant un nid d'oiseaux injectés, MADAME la Comteffe de B***. Réponse à l'Epître fur l'amitié des femmes, 18 72 A la raison d'un homme qui en a, Epître à M. le Marquis d'Aub* ** Aux Philofophes infoucians, 81 97 Réponse à des Stances de M. le Chevalier de Cubieres, Imitation de Sapho, 143 Réponse aux vers de M. Doigni du Ponceau 183 Portrait de la nuit ; M. BERNARD. M. BERQUIN. Milon, Idyle imitée de Geffner, Le Pêcheur, M. BERTIN, A Rofine M. le Marquis DE BIEVRE. L'heureufe crainte. M. BLIN DE SAINMORE. P. 22 Mad igal à Madame de** qui venoit d'accoucher Romance, 175 M. COLLÉ. Vaudeville nouveau fur les courfes de M. le Dau- M. DE LA CONDAMINE, de l'Académie Vers fur ce qu'une jeune Marquise embrassa l'Au- teur, M. le Chevalier DE CUBIERES. 104 Portrait de Catesbi, Stances à Madame la Comteffe 117 |