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II. BOHÉMIENNE.

Cocu! Vous ?

SGANAR ELLE.

Oui, fi je ferai cocu?

I. BOHÉMIENNE.

Vous, cocu?

SGANARELLE

Oui, fi je le ferai, ou non?

(Les deux Bohémiennes fortent en chantant & en

danfant.)

PESTE

SCENE

X I.

SGANARELLE, feul.

ESTE foit des carognes qui me laiffent dans l'inquiétude! Il faut abfolument que je fache la destinée de mon mariage; &, pour cela, je veux aller trouver ce grand Magicien dont tout le monde parle tant, & qui, par fon art admirable, fait voir tout ce que l'on fouhaite. Ma foi! je crois que je n'ai que faire d'aller au Magicien, & voici qui Mie montre tout ce que je puis demander.

SCENE XII,

SCENE X I I.

DORIMENE, LYCASTE, SGANARELLE, retiré dans un coin du Théatre, fans être vu

QUO

LYCAST E.

vor! belle Dorimene, c'eft fans raillerie que vous parlez ?

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Et vous pouvez, cruelle que vous êtes, oublier de la forte l'amour que j'ai pour vous, & les obligeantes paroles que vous m'aviez données ?

DORIMENE.

Moi? Point du tout. Je vous confidere toujours de même; & ce mariage ne doit point vous inquié⚫ter. C'est un homme que je n'épouse point par amour, & fa feule richeffe me fait réfoudre à l'accepter. Je n'ai point de bien, vous n'en avez point auffi, & vous favez que, fans cela, on paffe mal

Tome III.

M

le tems au monde ; &, qu'à quelque prix que ce foit, il faut tâcher d'en avoir. J'ai embraffé cette occafion-ci de me mettre à mon aife; & je l'ai fait fur l'efpérance de me voir bientôt délivrée du barbon que je prends. C'eft un homme qui mourra avant qu'il foit peu, & qui n'a, tout au plus, que fix mois dans le ventre. Je vous le garantis défunt dans le tems que je dis, & je n'aurai pas longuement à demander pour moi au Ciel l'heureux état de veuve.

(à Sganarelle qu'elle apperçoit.)

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Ah! nous parlions de vous, & nous en difions tout le bien qu'on en fauroit dire.

LYCASTE.

Eft-ce là Monfieur?...

DORIMENE.

Oui, c'eft Monfieur qui me prend pour femme. LYCAST A.

Agréez, Monfieur, que je vous félicite de votre mariage, & vous préfente en même tems mes très-humble fervices. Je vous affure que vous époufez-là une très-honnête perfonne : & vous, Mademoiselle, je me réjouis, avec vous auffi, de l'heureux choix que vous avez fait. Vous ne pouviez pas mieux trouver, & Monfieur a toute la mine d'être un fort bon mari. Oui, Monsieur, je veux faire amitié avec vous, & lier enfemble un petit commerce de vifites & de divertiffemens.

DORIMENE.

C'est trop d'honneur que vous nous faites à tous deux. Mais allons, le tems me preffe, & nous aurons tout le loifit de nous entretenir enfemble.

SCENE XIII.

SGANARELLE, feul.

M, voilà tout-à-fait dégoûté de mon mariage,

& je crois que je ne ferai pas mal de m'aller dégager de ma parole. Il m'en a coûté quelque argent ; mais il vaut mieux encore perdre cela, que de m'expofer à quelque chofe de pis. Tâchons adroitement de nous débarraffer de cette affaire. Holà, (Il frappe à la porte de la maison d'Alcantor.)

SCENE XIV.

ALCANTOR, SGANARELLE.

ALCANTOR.

AH! mon Gendre, foyez le bien venu.

SGANARELLE.

Monfieur, votre ferviteur.

ALCANTOR.

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SGANARELLE.

Je viens ici pour un autre fujet.

ALCANTOR.

J'ai donné ordre à toutes les chofes néceffaires

pour cette fête.

SGANARELLE.

Il n'eft pas queftion de cela.

ALCANTOR.

Les violons font retenus, le feftin est commandé, & ma fille eft parée pour vous recevoir.

SGANARELLE.

Ce n'eft pas ce qui m'amene.

ALCANTOR.

Enfin, vous allez être fatisfait; & rien ne peut retarder votre contentement.

SGANARELLE.

Mon Dieu ! c'eft autre chose.

ALCANTOR.

Allons, entrez donc, mon Gendre.

SGANARELLE.

J'ai un petit mot à vous dire.

ALCANTOR.

Ah! mon Dieu, ne faisons point de cérémonie ! Entrez vîte, s'il vous plaît.

SGANARELLE.

Non, vous dis-je. Je veux vous parler auparavant.

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