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SGANARELLE, Pere de Lucinde,

LUCINDE, Fille de Sganarelle.

CLITANDRE, Amant de Lucinde.

AMINTE, Voifine de Sganarelle.
LUCRECE, Niece de Sganarelle.
LISETTE, Suivante de Lucinde.

M. GUILLAUME, Marchand de Tapifferies.
M. JOSSE, Orfevre.

M. TOMÉS.

M. DESFONANDRÉS.

M. MACROTON.

Médecins.

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CHAMPAGNE, Valet de Sganarelle.

ACTEURS DU BALLET.

PREMIERE ENTREE.

CHAMPAGNE, Valet de Sganarelle, dansant. QUATRE MÉDECINS, danfans.

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SECONDE ENTRÉE.

UNOPÉRATEUR, chantant.

TRIVELINS & SCARAMOUCHES danfans, de la fuite de l'Opérateur.

TROISIEME ENTRÉE.

LA COMÉDIE.

LA MUSIQUE.

LE BALLET.

JEUX, RIS, PLAISIRS, danfans.

MÉDECIN,

COMÉDIE-BALLET.

ACTE PREMIER.

SCENE PREMIERE.

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SGANARELLE AMINTE, LUCRECE, M. GUILLAUME, M. JOSSE.

SGANARELLE.

AH! l'étrange chofe que la vie ! & que je puis

bien dire, avec ce grand Philofophe de l'antiquité, que qui terre a, guerre a, & qu'un malheur ne vient jamais dans l'autre ! Je n'avois qu'une femme qui eft morte.

M. GUILLAUME.

Et combien donc en voulez-vous avoir ?

SGANAR ELLE.

Elle eft morte, Monfieur Guillaume, mon ami. Cette perte m'eft très-fenfible, & je ne puis m'en reffouvenir fans pleurer. Je n'étois pas fort fatiffait de fa conduite, & nous avions le plus fouvent

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difpute ensemble; mais, enfin, la mort rajuste toutes choses. Elle eft morte; je la pleurc. Si elle étoit en vie, nous nous querellerions. De tous les enfans que le Ciel m'a donnés, il ne m'a laissé qu'une fille; & cette fille est toute ma peine. Car, enfin, je la vois dans une mélancolie la plus fombre du monde, dans une trifteffe épouvantable, dont il n'y a pas moyen de la retirer, & dont je ne faurois même apprendre la caufe. Pour moi, j'en perds l'efprit, & j'aurois besoin d'un bon confeil fur cette matiere. (à Lucrece.) Vous êtes ma niece; à Aminte.) vous, ma voifine; ( à M. Guillaume & à M. Joffe. ) & vous, mes comperes & mes amis, je vous prie de me confcilles tout ce que je dois faire.

M. Joss E.

Pour moi, je tiens que la braverie, que l'ajuftement, eft la chose qui réjouit le plus les filles; &, fi j'étois que de vous, je lui acheterois dès aujourd'hui une belle garniture de diamans, ou de rubis, ou d'émeraudes.

M. GUILLAUME.

Et moi, fi j'étois en votre place, j'acheterois une belle tenture de tapifferie de verdure ou à perfonnages, que je ferois mettre dans fa chambre pour lui réjouir l'efprit & la vue.

AMINT E.

Pour moi " je ne ferois pas tant de façon. Je la marierois fort bien, & le plus tôt que je pourrois, avec cette perfonne qui vous la fit, dit-on, de mander, il y a quelque tems.

LUCRECI.

LUCRECE.

Et moi, je tiens que votre fille n'eft point du tout propre pour le mariage. Elle eft d'une complexion trop délicate & trop peu faine; & c'eft la vouloir envoyer bientôt en l'autre monde, que de l'expofer, comme elle eft, à faire des enfans. Le monde n'est point du tout fon fait ; & je vous confeille de la mettre dans un Couvent, où elle trouvera des divertiffemens qui feront mieux de fon humeur.

SGANARELLE.

Tous ces confeils font admirables affurément ; mais je les trouve un peu intéreffés, & trouve que vous me confeillez fort bien pour vous. Vous êtes Orfévre, Monfieur Joffe, & votre confeil fent fon homme qui a envie de fe défaire de fa marchandise. Vous vendez des tapifferies, Monfieur Guillaume, & vous avez la mine d'avoir quelque tenture qui vous incommode. Celui que vous aimez, ma voifine, a, dit-on, quelque inclination pour ma fille, & vous ne feriez pas fâchée de la voir femme d'un autre. Et quant à vous, ma chere niece, ce n'eft pas mon deffein, comme on fait, de marier ina fille avec qui que ce foit, & j'ai mes raisons pour cela; mais le confeil que vous me donnez de la faire Religieuse, est d'une femme qui pourroit bien fouhaiter charitablement d'être mon héritiere univerfelle. Ainfi, Meffieurs & Mefdames, quoique tous vos confeils foient les meilleurs du monde, vous trouverez bon, s'il vous plaît, que je n'en fuive aucun. (Seul.) Voilà de mes donneurs de confeils à la mode!

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SCENE I I.

LUCINDE, SGANARELLE.

SGANARELLE.

AH! voilà ma fille qui prend l'air. Elle ne me voit pas. Elle foupire. Elle leve les yeux au Ciel. (A Lucinde.)

Dieu vous gard. Bon jour, ma mie. Hé bien, qu'estce? Comme vous en va? Hé quoi ! toujours triste & mélancolique comme cela, & tu ne veux pas me dire ce que tu as? Allons donc, découvre-moi ton petit cœur. Là, ma pauvre mie, dis, dis, dis tes petites pensées à ton petit papa mignon. Courage, Veux-tu que je te baise? Viens.

(A part.)

J'enrage de la voir de cette humeur-là. (A Lucinde.)

Mais, dis-moi, me veux-tu faire mourir de déplaifir, & ne puis-je savoir d'où vient cette grande langueur? Découvre-m'en la caufe, & je te promets que je ferai toutes choses pour toi. Ouj, tu n'as qu'à me dire le fujet de ta trifteffe ; je t'affure ici, & te fais ferment qu'il n'y a rien que je ne faffe pour te fatisfaire; c'est tout dire. Eft-ce que tu es jaloufe de quelqu'une de tes compagnes que tu voies plus brave que toi, & feroit-il quelque étoffe nouvelle dont tu vouluffes avoir un habit? Non. Eft-ce que ta chambre ne te semble pas affez parée;

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