Images de page
PDF
ePub
[ocr errors]
[merged small][ocr errors][merged small]

AVERTISSEMENT

DES ÉDITEURS DE L'ÉDITION DE KEHL.

On a placé les Épitres suivant leurs` dates. Quelquesunes de celles qui ont été imprimées dans les autres éditions, ne paraissent point ici; elles fesaient partie de lettres mêlées de prose et de vers qui sont recueillies dans un des volumes de cette édition.

Peut-être les lecteurs trouveront-ils plusieurs des premières épîtres fort inférieures à celles que l'auteur a données lui-même au public; cependant on n'a pas cru devoir les retrancher: on y verra les progrès qu'il a faits vers la perfection. Et ceux qui cultivent la poésie y apprendront que, même dans un petit genre, le génie le plus étendu et le plus facile a encore besoin du secours de l'é tude et de la réflexion.

92343

LA MONSEIGNEUR,

FILS UNIQUE DE LOUIS xiv. — 1796 ou 1707. (*)

NOBLE Sang

: sang du plus grand des rois,
Son amour et notre espérance,
Vous qui, sans régner sur la France,
Régnez sur le cœur des Français, (**)
Pourrez-voas souffrir que ma veine.
Par un effort ambitieux,

Ose vous donner une étrenne,

Vous qui n'en recevez que de la main des dieux?
La nature en vous fesant naître,
Vous étrenna de ses plus doux attraits,
Et fit voir dans vos premiers traits

Que le fils de Louis était digne de l'être.

Tous les dieux à l'envi vous firent leurs présents:

Mars vous donna la force et le

courage; Minerve, dès vos j unes aus,

Ajouta la sagesse au feu bouillant de l'âge,

(*) Ces vers furent présentés à ce prince par un soldat des invalides: l'auteur avait environ douze ans lorsqu'il les fit. Voyez le Commentaire historique sur sa vie. Cette pièce y est citée, mais avec quelques différences.

́(**) On rimait alors pour les yeux : M. de Voltaire suivait en cela l'exemple des poëtes du siècle de Louis XIV; mais il ne tarda pas à s'apercevoir que la rime était faite pour l'oreille: il entreprit le premier d'accorder l'orthographe avec la prononciation, et fit voir le ridicule d'écrire le peuple rançais, comme saint françois. Plusieurs écrivains ont sentí Lajustesse de ses observations, et ont adopté son système.

L'immortel Apollon vous donna la beauté;

Mais un Dieu plus puisssant, que j'implare en mes peines, Voulut aussi me donner mes étrennes,

En vous donnant la libéralité.

II. A MM2 LA COMTESSE DE FONTAINE,

SUR SON ROMAN DE LA COMTESSE DE SAVOIE. — 1713.

LA Fayette et Segrais, couple sublime et tendre,
Le modèle, avant vous, de nos galants écrits,
Des champs Élisiens, sur les ailes des Ris,

Vinrent depuis peu dans Paris :

D'où ne viendrait-on pas, Sapho, pour vous entendre?
A vos genoux tous deux humiliés,
Tous deux vaincus, et pourtant pleins de joie,
Ils mirent leur Zaïde aux pieds

De la comtesse de Savoie.

Ila avaient bien raison; quel dieu. charmant auteur,
Quel dieu vous a donné ce langage enchanteur,
La force et la délicatesse,

La simplicité, la noblesse,

Que Fénelon seul avait joint;

Ce naturel aisé dont l'art n'approche point?
Sapho, qui ne croirait que l'Amour vous inspire?
Mais vous vous contentez de vanter son empire;
De Mendoce amoureux vous peignez le beau feu,
Et la vertueuse faiblesse

D'une maîtresse

Qui lui fait, en fuyant un si charmant aveu.
Ah! pouvez-vous donner ces leçons de tendresse
Vous qui les pratiquez si peu ?

C'est ainsi que Marot, sur sa lyre incrédule,
Du dien qu'il méconnut prôna la sainteté :
Vous avez pour l'amour aussi peu de scrupule;
Vous ne le servez point, et vous l'avez chanté,

« PrécédentContinuer »