CHAPITRE II. Repos, et puis souffrance! Evacuation de la Hollande. L'empereur à Saint M. de Montgaillard. Le duc de Bassano. Il est le vrai patriote. Discours de l'empereur. Le duc de La Vaugúyon. dans ce que j'en dis. -- -- Son admirable Il demande la paix d Manifeste des alliés. Il n'est pour rien Vénération pour sa mémoire. Fouché. Murat comme roi de Naples. L'amiral Bentinck. L'Autriche comme alliée. M. de Mire et M. de Metter J'ai respiré un moment, en rappelant à ma mémoire attristée une anecdote plaisante sur un homme qui ne l'était pas du tout... Je me suis reposée pendant quelques instans en écrivant ces pages insignifiantes... Hélas !... maintenant TOUT porte coup! tout est sombre et sinis tre!... un crêpe noir enveloppe ce qui était naguère lumineux et beau!... O malheur et souffrance!... que d'épreuves il nous fallut subir!... nous si nourries dans cette sorte de donleur... L'HUMILIATION!... Je ne dis pas dans ces lignes toute l'amertume dans laquelle se noyait mon âme!... pourquoi le dirais-je ?... Ceux qui savent me comprendre, me traduiront toujours assez pour que mes paroles graves éveillent en eux des sentimens qui me répondent. La Hollande était évacuée... le général Molitor n'avait pu résister, avec quatorze mille hommes, au général Bulow, qui en avait soixantemille... La maison d'Orange était rappelée. Dantzick, comme je l'ai dit, Dresde, TOUT avait capitulé, et tout avait été trahison!... Enfin, le 15 décembre 1813... il ne restait plus UN AMI à la France, de l'autre côté du Rhin... Le Danemarck lui-même... cet allié si fidèle !... si longtemps fidèle !... le Danemarck, qui avait été l'ami du comité de salut public !... eh bien... l'allié de Robespierre n'eut pas le courage de le demeurer de Napoléon malheureux!... L'infortuné!...il voyait autour de lui la perversité prendre de nouvelles formes, pour lui parler d'ingratitude! Un dernier coup devait lui être porté... la fortune ne le fit pas attendre long-temps. L'Europe entière était en activité dans le grand drame politique où la France jouait le rôle principal, et où elle devint victime, de conqué-: rante qu'elle avait toujours été... C'est une péripétie, dont les secousses étaient la vie et la mort de plusieurs millions d'hommes !... Napoléon commença alors une nouvelle carrière, dans laquelle il tient plus du Dieu que de. l'homme. Arrivé le 9 novembre à Saint-Cloud, l'empereur ne perdit pas un moment pour la défense de la France... Sa sollicitude est excitée par l'obligation d'organiser à Paris un système de sûreté... Aux extrêmes dangers, il veut opposer les extrêmes mesures... car les revers ne l'ont pas changé... il est toujours le premier de tous ! Le corps-législatif s'ouvrit le 19 décembre 1813. Elle était bien solennelle cette séance, où Napoléon apportait devant les représentans de la nation une destinée que le ciel semblait répudier désormais !... Le 15, le sénat avait mis trois cent mille conscrits à sa disposition!.. et, pour rendre la séance d'ouverture plus auguste et plus imposante par son importance, un sénatus-consulte du même jour appelle à cette séance le sénat et le conseil d'État.' C'est le salut de l'empire qu'il faut assurer!... déjà, le 2 décembre, l'empereur avait fait notifier au comte de Metternich qu'il acceptait les conditions de Francfort'. Pour garantie de ses intentions, il donnait la liberté à · Ferdinand VII, et signait le 11 décembre le traité de Valancey. Ce traité aurait pu être signé et surtout exécuté plus tôt. M. de Norvins a raison de dire que c'est la faute du duc de Feltre... Ce n'est pas la seule chose à lui reprocher relavement à l'empereur!... M. le duc de Vicence, était alors ministre des affaires étrangères; ses intentions pour la paix étaient bien reconnues........ Conçoit-on que M. de Montgaillard trouve répréhensible que l'empereur appelle autour du trône et de la nation les deux corps les plus importans de l'Etat!... Il traite cette mesure d'arbitraire... Leur présence, dit-il, fascinera les reux... C'est bien absurde!... 2 Les conditions proposées par l'Autriche et les puissances coalisées étaient celles-ci : 1o La France avait pour limites le Rhin, les Alpes et les Pyrénées; 20 L'Espagne rendue à ses maîtres; 30 L'Italie, l'Allemagne, la Hollande, rétablies comme Etats indépendans, etc... On a prétendu que les alliés n'avaient fait ces propositions que pour masquer leur projet d'invasion. Je suis persuadée, et même convaincue du con traire... du reste le duc de Bassano était autant que lui porté à cette paix, et de plus il était habile... Il a supplié Napoléon de la faire !... Que pouvait-il faire de plus que de l'implorer à genoux ?... Il était l'un des hommes entourant l'empereur, le plus dévoué tout à la fois à sa cause et à celle du pays... il aurait fallu à Napoléon un ministère composé d'hommes comme lui!... Le 19 décembre, le corps-législatif sut ouvert par l'empereur comme je l'ai dit plus haut... Quoique le discours de Napoléon soit dans tous les journaux de cette époque, je veux le mettre dans ces pages, uniquement consacrées à sa mémoire... C'est monumental comme beauté de sentiment... il n'y a pas seulement des paroles dans ces phrases si riches de pensées... il y a tout une grande âme révélée à son siècle... « SÉNATEURS, CONSEILLERS D'ÉTAT... DÉPUTÉS » DES DÉPARTEMENS AU CORPS-LÉGISLATIF, >> D'éclatantes victoires ont illustré les armes » françaises dans cette campagne ; des défections »sans exemple ont rendu les victoires inutiles: » tout a tourné contre nous; la France même >> serait en danger, sans l'énergie et l'union des >> Français. Dans ces grandes circonstances, ma première pensée a été de vous appeler près |