fait du mal. Il est vrai que de penser à ces deux (1) Mademoiselle de Fontanges. TOME V. II ป cela fit un peu d'embarras, on dit que cette action. d'une imbenecida fut extrêmement agréable : il y auroit mille bagatelles à conter sur tout cela. Votre frère est fort triste à sa garnison; je pense que la rencontre de vos esprits animaux, quoique de même sang, ne déterminera point les siens à penser comme vous. Votre période ma paru trèsbelle, je doute que j'y réponde; mais il n'importe, vous voyez fort bien ce que je veux dire. Vous me paroissez si contente de la fortune de vos beauxfrères, que vous ne comptez plus sur la vôtre, vous vous retirez derrière le rideau : je vous ai mandé comme cela me blesse le cœur, et me paroît injuste. N'admirez-vous point que Dieu m'a ôté encore cet amusement de parler de vos intérêts avec M. de la Rochefoucauld qui s'en occupoit fort obligeamment? De sorte qu'ayant aussi perdu M. de Pompone, je n'ai pas le plaisir de croire que je puisse jamais vous être bonne à rien du tout. Je n'ai jamais vu tant de choses extraordinaires qu'il s'en est passé, depuis que vous êtes partie. J'apprends que le jeune Evêque d'Evreux est le favori du vieux, et que ce dernier a écrit au Roi pour le remercier de lùi avoir donné un tel successeur. LETTRE 611. A la même. à Paris, vendredi 22 Mars 1680. Vous avez, enfin, porté votre délicatesse à Marseille, et M. de Grignan l'a voulu. Je suis persuadée qu'il vous aura menée à Toulon, et à toutes les stations qu'il faut faire voir à Mesdemoiselles de Grignan; il ne veut point se séparer d'une si bonne compagnie; il a raison, je serois bien de son avis. Je suis fort aise qu'on ne vous ait point porté mes lettres à Marseille: eh, bon Dieu! qu'en vouliez-vous faire? C'est même un embarras que de les lire; et pour y répondre; ah! je vous le défends. J'aurois grand regret à la peine que vous prendriez de discourir sur des bagatelles dont je ne me souviens plus. Je suis fâchée de vous y avoir laissé répondre, même dans votre santé : il n'est pas possible que cette effroyable quantité de volumes, n'ait contribué à vous emmaigrir, et vous savez que je ne pense qu'à la conservation de votre santé et de votre vie. Je connois celle de Marseille ; Mesdemoiselles de Grignan ont dû trouver cette ville agréable: elle ne ressemble point aux autres villes; et ce coup-d'œil en approchant du côté de cette hauteur, n'en ont elles pas été charmées ? Vous me parlez d'un M. de Vivonne bien différent Ha de l'autre (1). N'admirez- vous point comme on change, et de quelle manière les choses entrent différemment dans la tête? Il a donc été empressé de vous faire les honneurs de sa mer; je ne sais si l'autre humeur moins bonne pour lui, n'eût point été plus saine pour vous. Je voudrois bien que vous eussiez la même santé qu'en ce tems-là, on lui la même folie. Vous aurez été vous promener sur la mer; je souhaite que tant de complaisance ne vous ait point fait de mal. Vous étiez bien étonnée de sa mémoire, et de tous ces noms du tems passé, qui vous rappeloient votre première jeunesse et vos premiers ballets. M. de Pompone fut hier ici une partie du jour; il regarda votre portrait avec attention, et se souvint si tendrement de votre beauté, de votre esprit, et de ces beaux soirs de Frêne, qu'il pensa ne point finir sur cet article. Il me fit croire que les yeux me rougissoient d'un tel souvenir: mais, en vérité, ma belle, il étoit aussi touché que moi; et je pense même qu'un retour sur sa fortune présente troubla pour un moment la tranquillité de son âme. Il a été saluer le Roi à ce retour : et c'est une chose étrange pour lui, qui a toujours été, ou exilé, ou Ambassadeur, ou Ministre; il n'est point accoutumé à la presse des Courtisans, et il trouveroit quelque chose de plus doux à ne point (1) Il avoit été question, l'année d'auparavant, d'une brouiljerie entre Madame de Grignau et M. de Vivonne, Général des Galères. 7 revoir ce pays-là: mais une pension de vingt mille francs, et l'espérance de quelque Abbaye, l'attachent à ces sortes de devoirs. Je donnai ma place à Madame de Vins, dans le carrosse de Madame de Chaulnes ; cette Duchesse me vouloit; bien des raisons m'empêchèrent d'y aller. On dit de solides biens de Madame la Dauphine; c'est une personne enfin, c'est un bel et bon esprit, elle a des manières toutes charmantes et toutes françoises; elle est accoutumée à cette Cour, comme si elle Ꭹ étoit née; elle a des sentimens à elle toute seule, elle ne prend point ceux qu'on lui présente : Madame, ne voulez-vous point jouer? non, je n'aime pas le jeu. Mais vous irez à la chasse : point du tout, je ne comprends point ce plaisir. Que fera-t-elle donc.? Elle aime fort la conversation, la lecture des vers et de la prose, l'ouvrage et la promenade; sa plus grande application est de plaire au Roi; Sa Majesté passe plusieurs heures dans la chambre de cette Princesse, et plus du tout dans celle de Madame de Montespan. Cela fait une Cour fort retirée; car on ne voit point Madame la Dauphine, pendant qu'elle a si bonne compagnie. On y tient le cercle une heure du jour; on ne la verra, ni à sa toilette, ni à son coucher. La faveur de la personne enrhumée (Madame de Maintenon), c'est ainsi que vous la nommiez cet hiver, augmente tous les jours, ainsi que la haine entre elle et la sœur de celui qui vous a si bien reçue (Madame de Montespan); cela est au point de n'aller plus |