aux classiques sont également les paragraphes relatifs aux métaphores : De translacionibus secundum Tullium et Horatium; De translacionum visione; Quot modis et quibus fit translatio. y a sept espèces de dictamina prosaïques, à savoir: epistola, historia, invectiva, exposicio que glosa dicitur, doctrina rhetorica, oratio que causa dicitur, mutua collocucio. C'est de l'epistola principalement qu'il sera question (fol. 116). Celle-ci se compose de cinq parties, suivant Pierre de Blois, qui se conforme, sur ce point, à la théorie générale. On appelle salutacio la première partie de l'epistola. On sait que les noms propres dont se servent les dictatores, dans les exemples de suscription qu'ils joignent toujours à leur théorie de la salutacio, sont des indices très sûrs qui permettent de localiser approximativement dans le temps et dans l'espace la plupart des artes dictaminis. Les formules de suscription qui se lisent ici dans le manuscrit Dd. IX. 38 fixent, en effet, la rédaction du Libellus entre les années 1181 et 1185. Car, à l'époque où Pierre de Blois écrivait les règles de la politesse épistolaire, le roi d'Angleterre était Henri II (mort en 1189), le roi de France Philippe (roi depuis 1180); l'évêque de Paris s'appelait Maurice [de Sully] (1160-1196) et l'archevêque de Reims Guillaume de Champagne (1176-1202); Thibaud (mort en 1191) était sénéchal de France; Lucius III était pape (1181-1185). La chancellerie du pape, dit Pierre de Blois, n'emploie jamais la formule Dei gracia, ni le mot suus. Pourquoi? il n'en sait rien : ... Papa omnibus se preponit ut digniorem. Nec unquam in suis literis apponit Dei gracia, nec de sua nec de alia persona; nec unquam apponit suo. Ne[c] aliquam audivimus inde rationem, nisi quod sic est apud curiam in usu. Dicunt enim quod hoc pronomen suus curialem innuit relationem. (Fol. 116 v°.) Après la salutation, l'exorde; puis, suivant l'usage, la narracio, puis la peticio, dont Albéric distingue neuf espèces et Pierre de Blois sept seulement; enfin la conclusion. Chaque paragraphe du Libellus est enrichi de ces paradigmes qui s'appelaient, en termes techniques, des fleurs, flores dictaminum : « Alicui parentibus non deferenti; Cru FORMULAIRES DE LETTRES DU XII, DU XIIIe ET DU XIV SIÈCLE. FORMULAIRES deli obstinato; Negligenti pastori; - Felici superbo; Qualiter aliquid commodi adjungatur exordio. » L'auteur, en terminant, se pro DU XÌo, DU XÌo pose des thèmes à traiter suivant toutes les règles précédemment énu Pertractatis igitur .v. epistole partibus, exemplarem epistolam nudam et informem rudibus proponamus. Sit thema quod scolaris Parisius pauperrime vivens litteras matri sue dirigat ut in necessariis sibi provideat..... Le second thème est une lettre de l'archevêque de Sens au roi de France pour lui demander la délivrance d'un chanoine injustement emprisonné par le prévôt royal. Ici s'arrêtent les explications de Pierre de Blois sur le dictamen epistolare. Il revient ensuite aux six autres espèces de dictamina qu'il avait précédemment distinguées sans y insister. Il les définit cette fois; et, du folio 119 au folio 121, il en illustre la définition de préceptes et d'exemples. Au folio 121, l'ouvrage, l'ouvrage, probablement inachevé, finit sans explicit (1). Le Libellus de arte dictandi n'ajoute certes pas grand'chose à la réputation littéraire de Pierre de Blois; mais, à cause de sa date certaine, de son préambule et des renseignements nouveaux qu'il apporte sur le rythme romain (dont nous apprenons que les règles, sous Lucius III, passaient pour être encore tenues secrètes par les notaires de la Cour romaine), il méritait d'ètre mis en lumière. Il n'a pas eu de succès. Quoi qu'en ait pensé l'archidiacre de Bath, les summulæ tourangelles étaient plus commodes et mieux conçues que la compilation assez maladroite qu'il leur voulait substituer. Les (1) Cette seconde partie du Libellus étant étrangère à l'art épistolaire, nous n'avons pas à en parler. Très nourrie de citations d'auteurs anciens, elle est, d'ailleurs, sans intérêt. Notons cependant le paragraphe intitulé De locis consolacionis dictatoribus necessariis, où sont indiqués les sept lieux communs de consolation; quatre modèles d'éloges (éloges d'un grammairien, d'un théologien, d'un rhétoricien, d'un dialecticien): Quomodo notarii debeant quemlibet laudare de qualibet facul· tate; un modèle de paysage: Ameni loci descriptio. 3 clercs français et anglais du XIIIe siècle en ont, du moins, jugé ainsi. Tandis que nous ne connaissons qu'un exemplaire du Libellus, les exemplaires de la Summula classique, abrégé de la « Somme » de maître Bernard, sont nombreux dans toute l'Europe, en Angleterre comme ailleurs (1). FORMULAIRES DE LETTRES DU XII, DU XII ET DU XIV SIÈCLE. NOTICE SUR UN MANUSCRIT D'ORLÉANS CONTENANT D'ANCIENS MIRACLES DE LA VIERGE EN VERS FRANÇAIS, PAR M. PAUL MEYER. I Les récits de miracles opérés par l'intercession de la Vierge Marie tiennent une grande place dans la littérature latine du moyen âge, d'où ils ont pénétré dans la poésie vulgaire de tous les pays de l'Europe occidentale. Nulle part ces contes, aussi merveilleux qu'édifiants, n'ont obtenu autant de succès qu'en France, où du reste, pour la plupart, ils ont pris naissance. On en possède plusieurs recueils rédigés en vers français, entre lesquels le plus connu, et à divers égards le plus remarquable, est celui de Gautier de Coincy. En outre, beaucoup de ces pieux récits ont donné matière à des poèmes isolés ou sont entrés en des compilations diverses. Il s'en faut probablement de beaucoup que nous ayons conservé tous les écrits de ce genre qui ont été composés par nos anciens trouvères. Voici une liste, vraisemblablement bien incomplète, des recueils de miracles en vers français qui ont été signalés jusqu'à ce jour. Je les répartis entre deux séries, selon qu'ils ont été formés en France ou en Angleterre. |