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NOTICE

SUR

LE NUMÉRO 16409

DES MANUSCRITS LATINS DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE,

PAR

M. B. HAURÉAU.

Ce volume, donné par maitre Thomas de Cracovie, docteur en théologie, aux pauvres écoliers de la petite Sorbonne, est en partie copié sur notre n° 16408. Thomas de Cracovie figure avant l'année 1350 dans une des listes de sorbonnistes qu'a publiées M. Franklin (1); M. Delisle le fait vivre, par conjecture, au xve siècle (2). Le manuscrit est certainement plus ancien.

La feuille de garde est un fragment de comptes relatifs aux fortifications de Paris réparées en 1364. Les plus modernes des pièces que contient le volume nous semblent du même temps.

Ces pièces, que nous allons décrire, ont, pour la plupart, un grand intérêt. Nous ne possédons pas d'autres recueils qui nous fassent mieux connaître quelles étaient, vers la fin du xive siècle, les questions agitées entre les théologiens de Paris, comment ils les discutaient et s'efforçaient de les résoudre. Nous allons assister, en lisant ces pièces, à de très vifs débats où la logique des docteurs, s'exerçant en pleine liberté sur la matière théologique, se fera justement accuser de discréditer la religion qu'elle prétendait servir. Elle sera plus funeste

Franklin, La Sorbonne, p. 225. (2) Cabinet des man., t. II, p. 176.

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N° 16409

DES

MSS. LATINS

DE

LA BIBLIOTHÈQUE

NATIONALE.

encore à la philosophie, que l'on rendra, non sans raison, responsable de tous les soucis causés à la foi des simples par l'indiscrète curiosité de ces effrénés logiciens.

Le titre de la première pièce est De vesperiis aliqua collecta. On appelait vespéries le premier des exercices imposés aux licenciés qui prétendaient à la maîtrise. Ils choisissaient eux-mêmes et faisaient connaître à l'avance deux questions qu'ils se proposaient de résoudre, tel ou tel jour, après avoir victorieusement argumenté contre des adversaires désignés par un des maîtres (1). Mais nous n'avons pas ici le procès-verbal complet d'une vespérie. Le président ayant énoncé les questions, le licencié prend la parole, et, du moins sur la première de ces questions, personne ne se présente pour le contredire. Cependant un passage de la seconde est dialogué, et nous y voyons deux interlocuteurs, l'un nommé Richard, l'autre Jean.

Des deux questions posées par le licencié, la première est Utrum absque divina gratia vere quid nominetur; la seconde : Utrum absque divina gratia vel Deo juste quis dominetur. La seconde est claire; mais la première ne l'est pas, et les explications données par le licencié ne contribuent aucunement à l'éclaircir. Il ne s'agit, en effet, dans ces explications ni de la grâce ni des noms par lesquels les choses sont bien ou mal désignées; il s'agit surtout de montrer comment on prouve le mieux, en logique, l'existence de Dieu, et suivant quel mode la volonté divine détermine l'existence des choses. La seconde question est moins subtilement, mais non moins longuement, discutée. Oui, pour conclure, toute puissance vient de Dieu.

Il faut recueillir les noms des docteurs contemporains que le licencié

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Le premier est l'auteur du livre célèbre Causa Dei contra Pelagium, Thomas Bradwardin. On sait que ce livre vit le jour en 1344 et qu'il contient un certain nombre de propositions que beaucoup de théologiens ont jugées suspectes. Ces propositions, au nombre de trente-six,

(1) Ch. Thurot, Organis. de l'enseign., p. 154.

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