Images de page
PDF
ePub
[graphic]

MSS. COPTES

DE

NATIONALE.

avoir étudié spécialement non seulement le type de l'écriture, mais encore les questions si complexes de la vocalisation, de l'accentuation, LA BIBLIOTHÈQUE de la séparation des mots et de l'ornementation des manuscrits, s'en être rendu compte et s'être fait un système fondé sur la pratique des manuscrits. Ce système ne peut être que subjectif, cela se comprend facilement, tant qu'il n'a pas été le sujet d'un mémoire objectif; par conséquent je m'abstiendrai de mettre ici après chaque fragment la date exacte à laquelle je crois qu'il a été écrit.

Les fragments du texte grec qui accompagneront ces notices des divers fragments manuscrits qui nous ont conservé la version copte et grecque de l'Écriture, abstraction faite de leur age, sont importants pour la constitution du texte grec du Nouveau Testament: ils contiennent parfois des leçons ou variantes très heureuses et très compréhensibles de passages qui se sont manifestement corrompus; de même certaines omissions montrent que les passages controversés n'ont pas été reçus dans l'Église copte.

Ces remarques préliminaires suffiront, je l'espère, pour montrer l'importance qui s'attache à la collection copte de la Bibliothèque nationale, et justifieront la publication des fragments grecs qu'elle renferme. Geci dit, j'en viens à la description de chaque fragment en particulier, en suivant l'ordre dans lequel se trouve chaque feuille du manuscrit, sans faire attention à l'ordre des choses que cette feuille contient.

Le premier fragment de manuscrits comprend d'abord treize feuillets qui sont dispersés dans les deux volumes formés de l'Évangile selon saint Luc 1297 et 129: ils occupent respectivement les feuillets 14 et 72 du volume 1297, les feuillets 89, 90, 139, 147, 148, 149, 150, 151, 152, 153 et 154 du volume 129. Les feuillets 89 et go se suivent, ainsi que les feuillets 147-154. Le premier feuillet contient Luc, II, 19-30; le second, Luc, x, 21-30; les troisième et quatrième, Luc, XI, 24-42; le cinquième, Luc, XXII, 54-65; et les huit autres, Luc, XXIII, 4-XXIV, 26. Le premier feuillet est paginé TOZ-TOH; de la pagination du second, il ne reste au verso que la lettre è qui occupait le troisième les autres ont disparu au recto comme au verso;

rang,

les troisième et quatrième sont paginés уNO-ÿZ, YZɅ-уžв; le cinquième n'a pas conservé sa pagination, les huit derniers sont paginés de ožг à poн. En outre, en haut du recto du feuillet paginé pozþoн, on lit au-dessus de la première colonne XH, comme, au-dessus de la deuxième colonne de poe-po, on lit xz, ce qui montre que les cahiers étaient numérotés et que chaque cahier renfermait huit feuillets ou seize pages, et qu'au cours de l'ouvrage on avait paginé une fois deux feuillets différents, ou qu'on avait compris dans la pagination la couverture du volume, comme c'est l'habitude en un grand nombre de manuscrits. Ce nombre considérable de cahiers nous montre que le même volume renfermait au moins les trois évangiles dits synoptiques, et le quatrième évangile accompagnait les trois autres, car dans les volumes 1299 et 12910 nous trouvons encore neuf autres feuillets; ce sont le feuillet 87 du volume 1299 et dans le volume 12910 les feuillets 119, 120, 121, 122, 123, 124, 156 et 164. Ils sont paginés XKÏ-XKH, XNO-XO et IB-Iг, plus un dont la pagination a disparu. Ils contiennent : le premier, Jean, v, 22-31; les six suivants : Jean, VIII, 42-IX, 2; l'avant-dernier contient : Jean, XII, 46-xIII, 4, et le dernier : Jean, x1, 50-56. Ainsi ce premier manuscrit était très important si l'on ne regarde que son volume. Il était tout entier écrit de la même main. Cependant, peut-être n'a-t-il pas été paginé par le même copiste que celui qui l'a écrit: ce qu'il y a de certain, c'est que l'encre est plus pâle, et la forme des lettres semblerait indiquer une autre main; mais celui qui est au courant de la manière dont sont écrites les notes finales des manuscrits qui semblent les plus soignés ou les plus anciens par le type de l'écriture jugera que rien n'est moins certain que cette non-identité des deux scribes; il n'est pas rare de trouver en effet à la fin d'un manuscrit des notes écrites d'une encre plus pâle, d'une écriture plus courante, et qui nous apprennent que l'ouvrage a été écrit par tel scribe ou par tel autre. Pour ma part, je serais assez tenté de croire que les lettres de la pagination ont été tracées par le scribe qui a tracé aussi l'écriture onciale du corps du manuscrit. Cette pagination appelle aussi quelques réflexions. Dans le corps du volume, si le scribe

MISS. COPTES

DE

LA BIBLIOTHÈQUE
NATIONALE.

[graphic]

MSS. COPTES

DE

NATIONALE.

est obligé d'écrire quelque chiffre, il surmonte toujours d'un trait les lettres qui représentent le chiffre; dans la pagination, au contraire, on LA BIBLIOTHÈQUE écrit les lettres sans trait, ou on les entoure de quelques signes fantaisistes, ou on écrit entre deux de ces signes par-dessus et par-dessous. Ces particularités peuvent permettre de reconstituer un manuscrit dépareillé; mais elles ne sauraient aucunement offrir une certitude absolue en toutes circonstances. Ici en particulier, on trouve plusieurs manières de paginer, soit poz, soit >TḍH<, soit ~yž~, soit ir, etc., et cela d'une écriture si ferme, quoique plus petite et plus pâle, qu'il me paraît presque certain que le même scribe a écrit le corps du manuscrit et paginé les divers feuillets.

Le manuscrit est écrit sur deux colonnes; chaque colonne est composée de trente-cinq lignes. On trouve aux pages x, xxг, †1в et

ir des ornements dessinés d'une main légère, dessins qui ne se trouvent à ma connaissance que dans les manuscrits coptes. Les feuillets ont la réglure ordinaire, mais elle est très peu apparente et le scribe ne l'a pas toujours suivie, car, quoique les lignes ne soient pas d'un aspect inégal, elles sont cependant plus rapprochées en certains endroits l'une de l'autre qu'en certains autres, bien que le nombre n'en varie pas une seule fois.

Les abréviations sont celles qui sont d'ordinaire usitées dans les manuscrits grecs en onciales; elles ne sont pas toujours uniformément employées. Il n'y a aucun signe qui montre l'emploi des sections ou des divisions en chapitres, ce qui ne surprendra personne. Les accents sont assez souvent mis au-dessus des mots; et de même les esprits, ou des signes qu'on peut prendre pour des esprits, accompagnent les voyelles initiales d'un mot; mais il n'est pas certain que ce soit la main du scribe qui les ait placés sur les consonnes ou les voyelles qu'ils affectent dans le manuscrit, quoique je n'y voie rien d'impossible pour ma part. La ponctuation se marque par : ou par le point à mi-hauteur de la ligne, ou par =, employés sans beaucoup de discernement.

La forme des lettres est assez particulière pour quelques-unes; il y a une tendance à arrondir la forme des lettres, comme l'o, le c, l'e.

[ocr errors]

par

Le T est tantôt terminé par un trait droit et plein, tantôt par un coup
de calame qui amoindrit la lettre d'un seul côté, vers la gauche, tantôt
par une espèce de pointe située au milieu du jambage; le trait du haut
se termine
par deux gros points. Le м est uni la base u, comme
un п renversé. La forme de la lettre à est particulière; on fait cette
lettre par un petit trait fin à droite et un très gros trait à gauche, trait
qui va en s'amoindrissant à mesure qu'il s'approche de la ligne sur la-
quelle elle est élevée. Le к se compose de deux parties non unies
entre elles. Le r se termine à sa partie supérieure par un gros trait.
Le ž se fait d'une manière qui se rapproche fort de celle dont cette
lettre est faite dans les manuscrits que l'on regarde comme les plus
anciens; cependant on sent qu'il y a décadence, plus qu'on ne le voit.
Il est évident que le scribe qui a écrit notre manuscrit n'était pas très

habile dans son art.

L'emploi de l'iotacisme qui peut servir à dater un manuscrit est fréquent, et les fautes de langue sont assez nombreuses pour montrer que le scribe n'avait qu'une médiocre intelligence de son texte.

Pour toutes ces raisons, je crois assez probable que la date de notre manuscrit doit être portée quelque part vers le Ixe siècle.

Le second manuscrit est représenté par cinq feuillets épars dans le volume 1297, où le premier occupe le fol. 35, et dans le vol. 1298, où les quatre autres occupent les feuillets 121, 122, 140 et 157. Aucun de ces feuillets n'est paginé d'une manière certaine, mais au verso du feuillet 140 on distingue les restes d'une pagination où l'on peut peut voir un ñ qui pourrait à la rigueur être un м et qui occupe la seconde place; le manuscrit était réglé. Il est écrit d'une assez belle onciale ronde avec des majuscules d'un format un peu plus grand que celui des lettres ordinaires et empiétant sur la marge. Le a un peu trop séparés les deux traits unis par le trait transversal. L'y est un peu recourbé sur les côtés, ce qui sent la fantaisie; le κ a les deux branches tantôt séparées par un très petit intervalle, tantôt unies. Les lettres T et p sont tantôt terminées en pointe, tantôt en plein. Le c a les deux extrémités arrondies et empâtées par un tracé de plume appuyé. L'o

TOME XXXIV, 2° partie.

47

IMPRIMERIE NATIONALE.

MSS. COPTES

ᎠᎬ .
LA BIBLIOTHÈQUE

NATIONALE.

[graphic]

MSS. COPTES

DE

NATIONALE.

n'est pas toujours régulier dans sa rondeur. Tous ces traits montrent que le scribe n'appartenait pas à un siècle antérieur au xe, si même LA BIBLIOTHÈQUE il en était. Ce manuscrit contenait l'Évangile selon saint Luc, et les feuillets qui en ont été conservés contiennent: 1° Luc, VI, 17-27; 2° XVIII, 2-9; 3° XVIII, 42-XIX, 8; 4° xxI, 33-38; 5° xxiv, 25-31. La pagination du fol. 140 me semble avoir été ajoutée après coup. La ponctuation se borne au point, très rarement employé, et il n'y a pas trace d'accentuation.

Le troisième fragment contient un feuillet placé dans le volume 1293, fol. 162. Ce feuillet a été placé à l'envers par le relieur; le verso doit être au recto. Il était paginé; mais la lettre A est la seule qui apparaisse comme chiffre de la pagination : cependant cette lettre occupait le troisième rang, car on aperçoit encore la partie inférieure du jambage d'une lettre qui pouvait être P ou T, ou T, plutôt celle-ci que celle-là, et il y a entre les deux l'espace nécessaire pour le chiffre ou la lettre représentant les dizaines. Les traces de ce chiffre se voient à gauche du recto actuel du feuillet, recto qui devrait être le verso. Le parchemin est épais, sans réglure. Chaque page est écrite sur deux colonnes de 32 lignes chacune. Le verso véritable est orné d'une miniature réprésentant un évangéliste avec un livre : c'est saint Marc. En deux autres passages du même verso, les marges contiennent de petits ornements coloriés. Ce feuillet a conservé la fin de l'Évangile selon saint Marc, XVI, 6-18. Il contient donc un passage dont l'authenticité a été contestée; mais il ne le contient qu'après une longue remarque montrant que ce passage, qui va du verset 9 à la fin, n'était pas considéré comme absolument authentique par le copiste et celui qu'il copiait. Cette remarque se trouve en termes à peu près semblables en d'autres manuscrits; malheureusement, elle est complètement illisible en certains passages, par suite des préparations qu'il a fallu faire subir au parchemin avant de le faire entrer dans le volume dont il fait partie.

L'écriture est meilleure, je crois, que dans le manuscrit précédent, le scribe était plus exercé. Aussi les lettres ont bien la forme carrée ordinaire. Le м est fait cependant comme dans le premier manuscrit;

« PrécédentContinuer »