Images de page
PDF
ePub

ŒUVRES

COMPLETES

[blocks in formation]

DE L'HISTOIRE DU THÉATRE EN FRANCE
Depuis les origines jusqu'à nos jours

DE LA BIOGRAPHIE DE MOLIÈRE RECTIFIÉE
D'après les documents récemment découverts

Avec les Variantes, les pièces et Fragments de pièces
Retrouvés dans ces derniers temps

ACCOMPAGNÉE DE NOTICES HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES
SUR CHAQUE COMÉDIE DE MOLIÈRE

AINSI QUE DE NOTES HISTORIQUES, PHILOLOGIQUES ET LITTÉRAIRES
formant le résumé des travaux

DE VOLTAIRE, LA HARPE, CAILHAVA, AUGER, BAZIN, SAINTE-BEUVE, SAINT-MARC GIRARDIN,
GENIN, AIMÉ MARTIN, NISARD, TASCHEREAU, ETC., ETC

PAR CHARLES LOUANDRE.

TOME PREMIER.

PARIS
CHARPENTIER, LIBRAIRE - ÉDITEUR

28, quai de L'ÉCOLE.

Sibrary
F. R.

9.23 McCreery

3v.

AVIS SUR CETTE ÉDITION.

Le nom de Molière, les nombreuses éditions qui ont été faites des œuvres de cet immortel écrivain, les études dont il a été l'objet, nous imposaient, pour cette édition nouvelle, de grandes obligations, et pour les remplir voici ce que nous avons fait : 1o Nous nous sommes attaché à reproduire, d'après les éditions princeps, un texte irréprochable.

2o Ce texte une fois établi, nous avons restitué toutes les variantes et tous les jeux de scène qui avaient disparu dans la plupart des éditions modernes.

30 Nous avons ajouté deux pièces jusqu'ici peu connues, le Médecin volant, la Jalousie du Barbouillé, et quelques pages nouvelles de la cérémonie du Malade imaginaire, qui paraissent ici pour la première fois dans une édition complète de notre auteur.

4o Nous avons placé en tête de chaque comédie des notices offrant, à côté d'un travail d'appréciation, entièrement nouveau, la reproduction textuelle ou l'analyse des jugements les plus remarquables, soit dans le blâme, soit dans l'éloge, auxquels la pièce a donné lieu, soit au point de vue moral, soit au point de vue littéraire. Ces notices contiennent, de plus, des détails sur les mœurs du dix-septième siècle, dans leurs rapports avec le Théâtre de Molière; sur les circonstances qui ont donné lieu à la composition des diverses comédies; les premières représentations, les critiques des contemporains, l'accueil du public, les cabales, la mise en scène, etc.

50 Nous avons mis au bas des pages des notes contenant des remarques sur les situations dramatiques, la portée morale dè certaines scènes, les caractères de certains personnages, l'explication des faits ou des allusions historiques, des observations sur les formes de style particulières à l'auteur, les locutions qui lui sont propres, en un mot, ce qu'on appelle la langue de Molière; - des références entre les scènes des diverses pièces qui présentent de l'analogie entre elles; l'indication des écrivains grecs, latins, italiens, espagnols, français du moyen âge ou de la renaissance, qui ont fourni quelques sujets d'imitation; la traduction des morceaux limousins, provençaux, italiens, espagnols, etc., mêlés aux intermèdes et aux divertissements. Nous n'avons admis dans ces notes que les choses précises,

a

:

douzième siècle; elle règne, avec la foi, jusqu'au moment où la renaissance ouvre à l'esprit humain des voies entièrement nouvelles alors le génie gréco-romain se réveille, en s'alliant au génie chrétien et chevaleresque. Les compositions dramatiques sont tout à la fois religieuses, satiriques, classiques, romanesques. Enfin, Corneille et Molière, en élevant d'un seul coup notre Théâtre au plus haut degré de perfection, marquent l'avénement définitif de l'art moderne.

[ocr errors]

la

Les Romains. dont la passion pour les spectacles était si vive, portèrent jusqu'aux limites les plus reculées de l'Empire les jeux scéniques en faveur à Rome. Ils établirent dans nn grand nombre de villes de la Gaule des cirques pour les combats d'hommes et d'animaux, et quelques théâtres pour les représentations littéraires1; mais les cruautés et les jeux obscènes qui déshonoraient la scène antique, s'accordaient mal avec la morale austère du christianisme, et la réprobation des conciles éloigna peu å peu foule de ces amusements réprouvés. Vers 577, Chilpéric fit construire à Paris et à Soissons 2 des cirques où les gladiateurs et les bêtes féroces furent remplacés par des danseuses et des chiens savants, et dans lesquels se donnèrent encore, par exception, des combats d'ours et de taureaux, derniers vestiges des spectacles païens. Maudits par le clergé et désertés par le peuple, les théâtres et les cirques furent convertis en forteresses ou démolis pour

temnestre grecque du sixième siècle, forment le répertoire de ces temps reculés. Toutes ces pièces sont étrangères à la Fiance. Nous n'avons pas besoin de dire qu'il en est de même du théâtre latin de Hroswitha.

Les principaux théâtres ou amphithéâtres de la Gaule romaine étaient a Agen, à Besançon, à Autun, à Bordeaux, à Angers, à Limoges, à Lisieux, a Nismes, à Orange, à Soissons, a Doué, à Arles, à Narbonne, au Mans, à Saumur, à Bourges. Le nom d'arènes conservé dans un grand nombre de quartiers des villes d'origine romaine, et les ruines magnifiques de quelques théâtres et cirques, sont là pour attester que la passion des vainqueurs avait de bonne heure passé aux vaincus.

Grégoire de Tours, Hist., liv. V, ch. xvIII.

bâtir des remparts et des églises, et à la fin du sixième siècle les souvenirs de la scène antique avaient à peu près disparu.

Pendant les siècles suivants, on trouve vaguement indiquées des représentations d'un nouveau genre, les unes nomades et populaires, les autres religieuses.

Les représentations populaires étaient données par des acteurs ambulants, auxquels on conserva d'abord leur nom romain d'histrions, et qui furent ensuite appelés chanteurs, cantores, et plus tard encore jongleurs, joculatores. Ces acteurs, qui se montraient principalement dans les foires et jouaient en plein vent, se faisaient suivre par des bouffons et des mimes, qui accompagnaient leurs chants avec des gestes et des instruments de musique. Le sujet de ces chants, désignés sous le nom d'urbanæ cantilenæ, était d'ordinaire emprunté aux légendes des saints sous le patronage desquels étaient placées les foires. Le clergé, comprenant l'influence que pouvaient exercer les jongleurs, se réserva le privilége de composer leurs chants. Dès le neuvième siècle, un chanoine de Rouen, Thiébaut de Vernon, avait traduit pour leur usage, en langue vulgaire, la vie de plusieurs saints. Comme il s'agissait de légendes pieuses, les jongleurs, pour mieux entrer dans l'esprit de leur rôle, revêtirent souvent le costume ecclésiastique1, ce qui ne les empêcha point de se livrer à des désordres tels que Charlemagne, en 789, leur interdit l'exercice de leur profession, et on a lieu de croire qu'ils ne reparurent que sous le règne de Robert.

Les représentations religieuses avaient lieu dans les églises. Ce n'étaient point, comme on l'a dit, des drames hiératiques, mais tout simplement de la liturgie, parce qu'il fallait, pour instruire le peuple, des signes matériels qui frappassent ses yeux. Le clergé ne cherchait point à faire des pièces de théâtre il voulait seulement rendre sensibles et vivants les : principaux faits de l'histoire sainte ou de l'histoire hagiographique, soit en les dialoguant, soit en les exprimant par des actions figurées. Ainsi, le jour de la Purification une jeune

Voir Villemain, Littérature du Moyen Age, Paris, 1830, in-8°, t. II, p, 255. --- Magnin, Journal des Savants, 1846, p. 457.

a.

« PrécédentContinuer »