Images de page
PDF
ePub

Rép. de M. de Fonten. à M. de Voltaire. 179
Société fera diffoute,

Sans qu'on dife jufqu'au revoir.
Chacun de l'éternel dortoir
Enfilera bien-tôt la route

Sans tefter & fans laiffer d'hoir.
Et ce que bien plus je redoutes,
Chacun demandera l'abfoute,
Et ne croira plus rien valoir.

[blocks in formation]

STANCES

SUR LES POETES EPIQUES.

LEINS de beautés & de défauts, i

PLEINS

Le vieil Homere a mon eftime;

Il eft, comme tous fes Héros,
Babillard, outré, mais fublime.

Virgile orne mieux la Raifon,
A plus d'Art, autant d'Harmonie;
Mais il s'épuife avec Didon,
Et rate à la fin Lavinie.

[ocr errors]

De faux brillans, trop de Magie,
Mettent le Tale un cran plus bas :
Mais, que ne tolere-t-on pas
Pour Armide & pour Herminie?
Milton, plus fublime qu'eux tous,
A des beautés moins agréables;
Il femble chanter pour les Fous,
Pour les Anges & pour les Diables.
$380

Après

Après Milton, après le Taffe,

2

Parler de moi feroit trop fort;

Et j'attendrai que je fois mort, Pour apprendre quelle eft ma place.

[ocr errors]

Vous, en qui tant d'efprit abonde, Tant de grace & tant de douceur, Si ma place eft dans votre cœur Elle eft la premiere du monde,

[ocr errors][merged small]

AU CAMP DE PHILISBOURG,

Le 3. Juillet 1734.

'Est ici que l'on dort fans lit,

C'EST

Et qu'on prend fes repas par tèrre.
Je vois, & j'entends l'Atmosphere,
Qui s'embrafe, & qui retentit
De cent décharges de Tonnerre;
Et dans ces horreurs de la Guerre,
Le Français chante, boit & rit.
Bellone va réduire en cendres

Les Courtines de Philisbourg
Par cinquante mille Alexandres
Payés à quatre fols par jour;
Je les vois, prodiguant leur vie,
Chercher ces combats meurtriers,
Couverts de crotte & de Lauriers,
Et pleins d'Honneur & de Folie.

Je vois briller au milieu d'eux
Ce Fantôme, nommé la Gloire,
A l'oeil fuperbe, au front poudreux,
Portant au cou cravate noire,
Ayant fa trompette en fa main,
Sonnant la Charge & la Victoire,
Et chantant quelques airs à boire,
Dont ils répetent le refrein.
O Nation brillante & vaine!

Illuftres

Illuftres Fous, Peuple charmant !
Que la Gloire à fon char enchaine,
Il est beau d'affronter gaïment
Le trépas, & le Prince Eugene,

Mais hélas! quel fera le prix
De vos héroïques proueffes?
Vous ferez cocus dans Paris
Par vos Femmes & vos Maîtreffes.

MADRIGA L.

LES DEUX AMOURS.

ERTAIN Enfant, qu'avec crainte on careffe,

CERTAIN

Et qu'on connoît, à fon malin fouris,

Court en tous lieux, précédé par les Ris,
Mais trop fouvent fuivi de la Trifteffe;

Dans les cœurs des Humains il entre avec soupleffe,
Habite avec fierté, s'envole avec mépris.

Il est un autre Amour, fils craintif de l'Eftime,
Soûmis dans fes chagrins, conftant dans fes defirs;
Que la Vertu foûtient, que la Candeur anime ;
Qui réfifte aux rigueurs, & croît par les plaifirs:
De cet Amour le flambeau peut paraître
Moins éclatant; mais fes feux font plus doux ;
C'est là le Dieu que mon cœur veut pour maître,
Et je ne veux le fervir que pour vous.

[blocks in formation]
« PrécédentContinuer »