Rép. de M. de Fonten. à M. de Voltaire. 179 Société fera diffoute,
Sans qu'on dife jufqu'au revoir. Chacun de l'éternel dortoir Enfilera bien-tôt la route
Sans tefter & fans laiffer d'hoir. Et ce que bien plus je redoutes, Chacun demandera l'abfoute, Et ne croira plus rien valoir.
STANCES
SUR LES POETES EPIQUES.
LEINS de beautés & de défauts, i
Le vieil Homere a mon eftime;
Il eft, comme tous fes Héros, Babillard, outré, mais fublime.
Virgile orne mieux la Raifon, A plus d'Art, autant d'Harmonie; Mais il s'épuife avec Didon, Et rate à la fin Lavinie.
De faux brillans, trop de Magie, Mettent le Tale un cran plus bas : Mais, que ne tolere-t-on pas Pour Armide & pour Herminie? Milton, plus fublime qu'eux tous, A des beautés moins agréables; Il femble chanter pour les Fous, Pour les Anges & pour les Diables. $380
Après Milton, après le Taffe,
Parler de moi feroit trop fort;
Et j'attendrai que je fois mort, Pour apprendre quelle eft ma place.
Vous, en qui tant d'efprit abonde, Tant de grace & tant de douceur, Si ma place eft dans votre cœur Elle eft la premiere du monde,
'Est ici que l'on dort fans lit,
Et qu'on prend fes repas par tèrre. Je vois, & j'entends l'Atmosphere, Qui s'embrafe, & qui retentit De cent décharges de Tonnerre; Et dans ces horreurs de la Guerre, Le Français chante, boit & rit. Bellone va réduire en cendres
Les Courtines de Philisbourg Par cinquante mille Alexandres Payés à quatre fols par jour; Je les vois, prodiguant leur vie, Chercher ces combats meurtriers, Couverts de crotte & de Lauriers, Et pleins d'Honneur & de Folie.
Je vois briller au milieu d'eux Ce Fantôme, nommé la Gloire, A l'oeil fuperbe, au front poudreux, Portant au cou cravate noire, Ayant fa trompette en fa main, Sonnant la Charge & la Victoire, Et chantant quelques airs à boire, Dont ils répetent le refrein. O Nation brillante & vaine!
Illuftres Fous, Peuple charmant ! Que la Gloire à fon char enchaine, Il est beau d'affronter gaïment Le trépas, & le Prince Eugene,
Mais hélas! quel fera le prix De vos héroïques proueffes? Vous ferez cocus dans Paris Par vos Femmes & vos Maîtreffes.
ERTAIN Enfant, qu'avec crainte on careffe,
Et qu'on connoît, à fon malin fouris,
Court en tous lieux, précédé par les Ris, Mais trop fouvent fuivi de la Trifteffe;
Dans les cœurs des Humains il entre avec soupleffe, Habite avec fierté, s'envole avec mépris.
Il est un autre Amour, fils craintif de l'Eftime, Soûmis dans fes chagrins, conftant dans fes defirs; Que la Vertu foûtient, que la Candeur anime ; Qui réfifte aux rigueurs, & croît par les plaifirs: De cet Amour le flambeau peut paraître Moins éclatant; mais fes feux font plus doux ; C'est là le Dieu que mon cœur veut pour maître, Et je ne veux le fervir que pour vous.
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