Images de page
PDF
ePub

Tout hors de lui n'est que futilité;
Et tout en lui devient fublimité.

DESPREAUX a dit le vrai feul eft aimable; qui peut fouffrir qu'on allonge ainfi cette vieille penfée ?

Dans ton histoire eft un fublime effai,

Où tout eft beau, parce que tout est vrai,
Non d'un vrai fec & crûement historique.

C'eft infulter au Public que
d'ofer prodiguer
de l'encens à de fi mauvais Vers.

XXI.

Je tombe dans le moment fur le nombre 139. L'idée de M. de Mairan, dit-il, eft imitée du fiftéme de M. Newton fur la lumière. Il faut lui apprendre que jamais Newton n'a fait de Sistême fur la lumière, il a donné un recueil d'expériences & de démonstrations Mathématiques fans autre ordre que celui dans lequel il a fait les expériences: parler de ces découvertes comme d'un fyftême, c'eft comme fi on difoit, le fyftême d'Euclide.

XXII,

Dans le même nombre, après avoir fait fi mal le Phificien avec Newton, il fait le Muficien avec Ramau, & il accufe fon Livre d'être inutile, parce qu'il eft vrai: il voudroit que M. Ramau eût plus de goût & il l'infinuë fouvent; il devoit fe fouvenir de la Fable d'un certain Animal péfant & à longues oreilles, qui fe plaignoit du peu d'harmonie du Roffignol.

i

XXIII.

Il s'eft tranfporté, dit-il, Nombre 147, dans une maifon où il a vû agir une pompe qui éleve cent mille muids d'eau par jour à la hauteur, de 130. pieds, avec peu d'effort & de dépenfe; il eft bon qu'il fache que quand on voit ainsi, on eft très peu propre à faire voir aux autres. S'il avoit la moindre connoiffance des Méchaniques, il auroit fû que le produit de la force par la vitesse ou par l'efpace parcouru, eft toujours égal au produit de la réfiftance, par la viteffe ou l'efpace parcouru; que pour élever à 130. pieds cent mille muids d'eau par jour, il faudroit à chaque feconde élever le poids d'environ 648. livres; que la force d'un homme pour élever des fardeaux, n'eft eftimée que vingt-cinq livres & celle d'un cheval cent foixante quinze; que le chemin ou la vitelle de ces fardeaux eft de trois pieds par feconde dans la main des hommes ou avec le pas des chevaux; qu'enfin, fuivant ce calcul, en allouant encore très-peu de chofe pour les frottemens, il faudroit la valeur de la force de 1500. hommes ou de 200 chevaux par feconde pour faire réuffir cette machine. On ne peut que l'effort d'un bon Citoïen qui cherche à rendre fervice à l'Etat par des Machines nouvelles; mais on ne peut que rire d'un Journaliste qui fait le favant, & qui dit de telles fottifes,

XXIV.

louer

Au nombre 52. l'Auteur des Obfervations s'avife de parler de Guerre; il a l'infolence de dire que feu M. le Maréchal de Tallard gagna la Ba

taille de Spire, contre toutes les règles, par une méprife, & par ce qu'il avoit la vûë courte : Circonftance, dit-il, qu'il favoit il y a long-tems. II faut apprendre à cet homme, ci-devant Jésuite & Curé, ce que c'eft que la Bataille de Spire. Voici ce qu'en dit dans une de fes Lettres un des meilleurs Lieutenans- Généraux qu'ait eu la France.

M. le Maréchal de Tallard aiant affiégé Landau, M. le Prince de Heffe & M. de Nallau-Neubourg à la tête de l'Armée des Alliés, forcérent plufieurs marches pour fecourir la Ville: Je marchois cependant pour joindre l'Armée du Siége, & il étoit à craindre que les Alliés fe portant entre M. de Tallard & moi, ne lui coupaffent les vivres. La fituation étoit embaraffante, les ennemis n'avoient plus que deux marches à faire pour attaquer M. de Tallard; il prit fa résolution fur le champ: il m'envoïe dire de marcher en toute diligence avec ma Cavalerie, vers le Spireback, que les Ennemis paffoient; & il fait lui-même deux marches forcées pour aller attaquer ceux qui comptoient le furprendre un Efpion, auquel il donna mille écus, l'inftruifit de l'état de l'Armée ennemie ; je le joignis avec deux mille chevaux, mon Infanterie fuivoit. Nous arrivâmes au Spireback dans le tems que les Généraux Alliés étoient à table. Leur Armée fe rangea en Bataille avec beaucoup de confufion, & nous fondimes fur eux pendant qu'ils fe formoient, quoique toutes nos Troupes ne fuffent pas arrivées, Je n'ai jamais vu tant de célérité dans l'exécution: les Ennemis firent un grand feu & obligérent même M. de Puignon de reculer à la droite; mais M. le Maréchal fit charger la baionnette au bout du fufil, méthode excellente & qui

nous réuffit prefque toûjours; alors les Ennemis ne firent plus aucune réfiftance.

Eh bien, M. le Journaliste eft ce là gagner une Bataille par méprife: M. de Feuquiéres, ennnemi perfonnel de M. de Tallard, a pû le dire; il a fait, par envie, ce que vous faites par ignorance,

XXV.

L'Observateur, Nombre 69. parle de Vers comme de Guerre & de Philofophie; il critique ce Vers de M. Greffet.

Au fein des mers, dans une Ifle enchantée.

Le fein de la Mer, dit-il, ne peut s'entendre de fa furface. Il devroit au moins favoir qu'en Poëfie on dit au fein des Mers, au lieu d'au milieu des mers; au fein de la France, au lieu d'au milieu de la France; au fein des beaux Arts dont on médit; au sein de la baffeffe, de l'envie, de l'ignorance, de l'avarice, &c.

XX V I.

NOMBRE 8. On m'apporte dans le moment cette feuille, elle eft curieufe & mérite une attention fingulière ; voici comme il parle d'un Livre intitulé, Le petit Philofophe: J'en ai trop dit pour vous faire méprifer un Livre qui dégrade également l'efprit & la probité de l'Auteur; c'eft un tiffu de fophifmes libertins forgés à plaifir pour détruire les principes de la Morale, de la Politique & de la Religion, Comment pourroit-on être féduit par un Ecrivain qui franchit toutes fortes de bornes, & qui avoue d'un air cavalier, qu'il n'a étudié que dans les Caffés & dans les Cabarets,

Ne croiroit-on pas fur cet expofé, que cet Ouvrage intitulé, Le petit Philofophe, ou Alciphron, eft le produit de quelque Coquin enfermé dans un hôpital pour fes mauvaises mœurs? On fera bien furpris quand on faura que c'est un livre faint, rempli des plus forts argumens contre les Libertins, compofé par M. l'Evêque de Cloyne, ci-devant Miffionnaire en Amerique. Celui qui a fait cet infâme portrait de ce Saint Livre, fait bien voir par-là qu'il n'a lû aucun des Livres dont il a la hardieffe de parler.

XXVII,

Aïant lû dans ces Obfervations plufieurs traits contre M. de V*** & une Lettre qu'il fe vante que M. de V*** lui a écrite ; j'ai pris la liberté d'écrire moi-même à M. de V*** fans le connoître, voici ce qu'il m'a répondu.

Je ne connois l'Abbé Guiot des-Fontaines que parce que M. Tiriot l'amena chez-moi en 1724. comme un homme qui avoit été ci-devant Jefuite, & qui par conféquent étoit un homme d'étude ;je le reçus avec amitié, comme je reçois tous ceux qui cultivent les Lettres. Je fuis étonné au bout de quinze jours de recevoir une Lettre de lui, datée de Bifcétre où il venoit d'être renfermé. J'appris qu'il avoit été mis trois mois auparavant au Cha telet pour le même crime dont il étoit acccufe, & qu'on lui faifoit fon procès dans les formes. J'étois alors affez heureux pour avoir quelques amis trèspuiffans, que la mort m'a enlevés. Je courus à Fontainebleau tout malade que j'étois, me jetter à leurs pieds, je preffai, je follicitai de toutes parts enfin j'obtins & fon élargiffement, & la difconti

[ocr errors]
« PrécédentContinuer »