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les affligés, de réconcilier les ennemis, de ramener à Dieu les ames égarées, d'exercer l'hospitalité envers les étrangers, de vêtir ceux qui sont dépouillés, de porter des consolations et des secours aux captifs et aux malades. C'est en pratiquant ces œuvres de miséricorde, c'est en offrant à Dieu une partie du fruit de nos sueurs et de nos travaux, qne nous recevrons en récompense de nos sacrifices les biens infinis et éternels du royaume des cieux (a).

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Le mercredi de la dernière semaine de l'avent se célébroit autrefois avec beaucoup de pompe et de solennité. On vouloit par-là rendre grâces à Dieu, pour l'accomplissement des vœux des justes de l'ancien testament, et des promesses du Seigneur, dans le mystère de l'incarnation. Dans tous les monastères, l'abbé officioit, et dans les églises cathédrales et les collégiales, c'étoit le premier dignitaire. Cet office étoit appelé Missus, du premier mot de l'évangile du jour. On le célèbre encore avec solennité dans quelques églises. Saint Bernard, pendant plusieurs années, prêcha à l'occasion de cette fête des sermons pleins d'onction et d'éloquence, qui sont connus sous le nom de Missus. Dom Martène, dans sa

(a) Saint Léon nous apprend que l'observance des QuatreTemps est une des plus anciennes de l'église, puisqu'elle remonte jusqu'au temps des apôtres. Jejunium quod ex apostolica traditione subsequitur.

On lit à la messe du mercredi des Quatre-Temps deux épîtres, pour faire connoître, dit Alcuin, à ceux qui devoient être examinés ce jour-là, pour être ordonnés le samedi suivant, qu'ils devoient être versés dans la connoissance de l'écriture-sainte.

Le samedi, à la messe, on lit six leçons; ce jour s'appeloit autrefois le samedi des douze leçons, parce qu'on avoit coutume, à Rome, de lire en grec et en latin les six leçons qu'on ne lit plus aujourd'hui qu'en latin.

dissertation sur cet office (1), dit que si quelque fête, même de première classe, tomboit le mercredi, on ne la célébroit pas ce jour-là, et on la transféroit au lendemain. Îl ajoute que l'on attachoit tant d'importance à cette solennité, que les malades mêmes se levoient la nuit pour assister aux matines, et qu'ils restoient présens à l'office, autant que leurs forces le leur permettoient. On y lisoit autrefois l'homélie du vénérable Bède, qui fut ensuite remplacée par celles qui sont encore en usage aujourd'hui, et qui sont tirées des sermons de saint Bernard dont nous venons de parler.

Les grandes Antiennes O, ainsi appelées, parce qu'elles commencent toutes par l'interjection O, se chantent solennellement à vêpres, suivant le rit double, depuis le 17 Décembre jusqu'à la veille de la fête (a). Elles expriment les vœux ardens des fidèles qui soupirent après celui qui doit venir les arracher au joug du démon, les racheter de leurs péchés, les délivrer de la mort éternelle, les éclairer de ses lumières, leur enseigner la véritable sagesse et leur montrer la route qui conduit au ciel (b).

La veille de Noël, l'église redouble ses tendres invitations. « Demain, répète-t-elle souvent dans » son office, demain, le Sauveur du monde doit

(1) De antiquis monachorum ritibus.

(a) On a chanté long-temps une huitième antienne dès le 16, comme on peut le voir, dans les vieux bréviaires et les anciens livres liturgiques, ainsi que dans l'ouvrage d'Amalaire, intitulé: De Ordine Antiphon. c. 13.

(b) Autrefois, dans les monastères, on observoit un jeûne plus rigoureux, dans la dernière semaine de l'avent, comme avant la fête de Pâques, dans la semaine sainte. Voyez Holstein, Regula Magistri, Lanfranc et Dom Martène.

» paroître au milieu de nous, demain, les ini» quités, dont la terre est couverte, seront effa»cées: Venez donc, ames chrétiennes, accourez > au-devant de cet aimable rédempteur, venez » célébrer par de saints cantiques, le Dieu puissant, le Dieu fort, le Dieu de miséricorde et de paix, » qui descend pour vous sur la terre. »

Autrefois la veille de Noël étoit célébrée avec la plus grande pompe. Le prévôt de la collégiale ou l'abbé du monastère officioit lui-même, et les laudes étoient chantées en musique de la manière la plus solennelle. Mais à ces témoignages extérieurs de la joie que fait ressentir le prochain avènement du Sauveur, il faut joindre les dispositions intérieures, nécessaires pour en recueillir les fruits. Passons donc la veille de la fête de Noël dans un profond recueillement; ne nous occupons que de Jésus, de sa bonté, de ses miséricordes, de sa tendresse ; excitons notre ame par de pieuses pensées et de saintes aspirations à se donner toute entière à son Dieu, afin que nous nous présentions à la crêche du divin enfant, vides de nous-mêmes et pleins de son amour.

TROISIÈME TRAITÉ.

DE LA FÊTE DU SAINT NOM DE JÉSUS.

Le deuxième Dimanche après l'Épiphanie.

LORSQU'UNE ame fidelle commence à porter le joug du Seigneur, lorsque, se dégageant de toutes ses affections terrestres, elle se purifie des taches dont elle étoit souillée, et se crucifie au monde ; alors elle est capable de goûter les douceurs du divin amour; et, s'avançant à grands pas, dans la science des Saints, elle comprend que rien ne surpasse la gloire et le bonheur des amis de Dieu. Dans chaque mystère, dans chaque circonstance de la vie de Jésus, elle puise de nouveaux motifs pour adorer et pour aimer ce Dieu Sauveur. Pour elle, les fêtes établies en son honneur', sont des occasions qu'elle saisit avec autant d'empressement que de joie, pour lui témoigner d'une manière plus particulière et plus solennelle, sa piété tendre et son ardent amour.

Elle trouve, dans la fête de son très - saint Nom, un précis de toutes les merveilles qu'il a daigné opérer pour les hommes. Il n'est point en effet de titre d'honneur, de don de sa miséricorde, de grâce, de bienfait, de trait de son amour, que ce nom adorable ne nous rappelle. Il

présente à notre esprit toute la majesté et la gloire du Saint des Saints, et à notre cœur les charmes ineffables de sa divine humanité; le Nom sacré de Jésus a été donné par Dieu le Père à son Fils unique, comme la figure de sa souveraine puissance, de sa majesté, de sa domination suprême, de sa victoire sur le péché et sur l'enfer, et comme le garant des grâces, des bénédictions et des consolations, dont il est la source inépuisable.

C'est au jour de sa circoncision, que notre divin Sauveur reçut le Nom de Jésus (a).

Il voulut, en se soumettant à la loi ancienne nous apprendre que nous devons nous conformer avec la plus scrupuleuse exactitude aux saintes pratiques et aux coutumes salutaires de son église. Rien d'ailleurs ne s'accordoit mieux avec cette cérémonie que le Nom de Jésus, puisque, dès-lors, il offroit à son Père les prémices de son sang, qu'il devoit bientôt répandre avec abondance pour le prix de notre rédemption. Il ne faut pas penser que ce soit ou Joseph ou Marie qui aient eu la première idée de donner ce nom au divin enfant. Nous voyons dans les saintes écritures, que l'ange Gabriël, en annonçant à Marie qu'elle concevroit un fils, ajouta : « et vous l'appellerez du Nom de Jésus, et vocabis nomen ejus JE» SUM (1). Ce nom fut aussi révélé à saint Jo

»

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(a) C'étoit une pieuse coutume, parmi les Israélites, de donner un nom aux enfans mâles, lorsqu'on les soumettoit à la cérémonie légale de la circoncision. Cette coutume remontoit jusqu'au temps d'Abraham. Le nom de ce patriarche qui étoit Abram, (père élevé ) fut changé par Dieu en celui d'Abraham, (père de la multitude) lorsque le Seigneur établit la circoncision, comme un signe de l'alliance qu'il faisoit avec Abraham et ses descendans.

(1) Luc. 1. 31.

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