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çue dans l'ancienne synagogue des juifs, que les prières du peuple assemblé étoient toujours exaucées, et qu'on n'étoit jamais aussi assuré du. succès de celles que l'on faisoit en particulier. Lorsque Jésus-Christ daigna lui-même nous enseigner à bien prier, il plaça à la tête de l'oraison dominicale ces tendres, ces ravissantes paroles: Notre Père !.... Sublime leçon qui nous rappelle que nous sommes tous frères, et qui, en deux mots, nous fait produire et prononcer un acte de foi, d'espérance, d'amour de Dieu et du prochain. Elle nous apprend encore que nos prières doivent être faites en commun, et que lorsque nous prions seuls, nous devons nous unir à la société des fidèles et à l'église de Jésus-Christ, dont nous sommes les membres. Telle est la doctrine catholique, enseignée par notre divin rédempteur lui-même., et répétée par ses apôtres, les Pères, les Docteurs et les Saints de tous les âges. Je vous conjure, dit saint Paul, de >> faire, avant toutes choses, des prières, des » supplications, des demandes, des actions de » grâces pour tous les hommes, pour les rois, » et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, D afin que nous obtenions une vie calme et tran» quille, par la pratique constante de la piété et » de l'honnêteté qui convient à des disciples de » Jésus-Christ (1)

par

».

« Si deux d'entre nous, dit Origène, en se » réunissant, offrent à Dieu une prière agréable » (car le Seigneur voit d'un œil favorable l'union » de ses créatures, et condamne la discorde et » les divisions); que n'avons-nous pas lieu d'es

D

pérer de sa bonté, lorsque nous nous joignons » non pas seulement à un petit nombre de sup(1) I. Timot. II. 1. 2.

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»plians, mais à une nation toute entière, pour » solliciter les faveurs du ciel? Adressons-nous » tous ensemble à celui qui autrefois combattoit » pour les Hébreux, et nous obtiendrons de plus » grandes victoires que celles que Moïse rem>> porta sur les ennemis du Seigneur et de son » peuple (1). » Les vœux de toute une ville, de toute une nation', sont une espèce de violence au Tout-puissant, et il se plaît à les exaucer. Les prières offertes par les prêtres, qui sont les ambassadeurs de Jésus-Christ auprès des membres de son église, acquièrent une force et une vertu particulière par le caractère de ceux qui les adressent, et par la ferveur de ceux au nom des quels elles sont faites. Ce qu'il y a d'imparfait dans les dispositions des uns, se trouve com pensé par la piété des autres. Unis de cœur et d'intention, ils ne forment tous qu'une même voix et une seule prière, que Jésus-Christ notre grand médiateur et notre chef présente à son Père, avec les mérites infinis de ses souffrances et de son sang. De quel prix n'est pas une telle offrande! quel pouvoir n'a-t-elle pas auprès du Père des miséricordes! Aussi saint Paul exhorte souvent, et de la manière la plus pressante, les premiers Chrétiens à se rendre aux prières publiques avec la plus grande exactitude, et à ne jamais se séparer de l'assemblée des fidèles.

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Saint Pierre, à la parole duquel Dieu accordoit la guérison des malades, fut lui-même redevable aux prières des fidèles assemblés, de sa délivrance miraculeuse de la prison où le roi Hérode le détenoit pour le faire mourir (2). Saint Paul,

(1) L. 8. contrà Celsum.

(2) Act. XII. 8.

que Dieu avoit favorisé du don de commander à la nature et aux élémens, mettoit cependant sa confiance dans les supplications des fidèles. « Mes frères, écrivoit-il à ceux de Rome, je » vous conjure par Notre-Seigneur Jésus Christ » et par la charité du Saint-Esprit, secourez-moi > par vos prières auprès de Dieu, afin qu'il me dé» livre des incrédules qui sont dans la Judée (1). ) S'adressant à ceux d'Ephèse : « Réunissez, leur » dit-il, vos veilles, vos prières et vos supplica» tions pour tous les justes et pour moi, afin » que le Seigneur m'ouvre lui-même la bouche, » et m'accorde le don d'annoncer avec confiance » son saint évangile (2). D « Si nous sommes » trop foibles, dit saint Chrysostôme, quand » nous prions seuls, nous devenons forts quand . nous sommes réunis, et nous avons l'assurance » de fléchir le Seigneur. J'ose vous parler ainsi, » afin de vous déterminer à être assidus aux saintes assemblées. Ne me dites pas que vous » pouvez prier dans vos maisons : sans doute, » vous le pouvez; mais jamais avec autant de > fruit que lorsque vous priez en société, et que 2. les prêtres qui président l'assemblée, offrent à » Dieu les supplications de tous les membres

qui la composent. Pierre et Paul sont les co» lonnes de l'église; c'est cependant les prières » de cette église réunie, qui brisent les chaînes » du premier, et qui donnent à la bouche dụ a second une éloquence toute céleste. » « N'ayez, > dit saint Ignace d'Antioche, rien de plus à » cœur que de vous rassembler pour offrir à » Dieu vos, adorations et votre reconnoissance.

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» En vous réunissant souvent dans un même

» lieu, vous affoiblissez le pouvoir de Satan, » et vous combattez victorieusement les efforts qu'il fait pour perdre votre ame (1). »

>>

Dans les constitutions apostoliques, il est ordonné aux évêques d'exhorter les fidèles (a)

(1) S. Ign. Ep. ad Ephes. n. 13.

(a) On voit, par les écrits de saint Irénée, de Tertullien, de saint Clement d'Alexandrie, de saint Cyprien, que la coutume, dès l'origine de l'eglise, étoit de prier debout le dimanche, en mémoire de la résurrection. Certaines classes de pénitens publics ne se conformoient pas à cet usage et prioient toujours à genoux ou prosternés. Nous apprenons de Tertullien, que les fidèles, en priant, avoient les yeux fixés vers le ciel, tendoient les mains vers le ciel, ou les appliquoient en forme de croix sur la poitrine. ( Apol. c. 30, de oral. c. 11.)

L'usage a toujours été de ne pas jeûner le dimanche, pas même en carême, parce que c'est un jour de joie spirituelle. « Nous gardons le jour du Seigneur, dit saint Pierre d'Alexan» drie, comme une fête et un jour de joie, en mémoire de » celui dont il nous rappelle la résurrection. Les Marcionites, les Manichéens, les Priscillianistes jeûnoient le dimanche, parce que ces divers hérétiques nioient la résurrection de Jésus-Christ. Cette pratique, fondée sur l'erreur ou sur d'autres motifs superstitieux, fut défendue, sous peine d'excommunication, par plusieurs conciles. Les moines euxmêmes ne jeûnoient pas le dimanche. Cependant le contraire est arrivé quelquefois où il n'y avoit à craindre ni superstition, ni hérésie, ni scandale. Saint Jérôme observe que Paul et d'autres avec lui jeûnoient le dimanche. Célerin le Confesseur jeûna plusieurs dimanches, et pendant le temps pascal, après l'apostasie de ses sœurs. Ces exemples n'ont pas empêché que jusqu'ici les théologiens n'aient condamné ceux qui affectent de choisir le dimanche pour jeûner. Ils pensent seulement, avec saint Augustin, qu'un fidèle n'est point condamnable, lorsque, pour quelque raison extraordinaire, il continue, le dimanche, un jeune de plusieurs.jours.

La discipline de l'église a toujours aussi excepté du jeûne tout le temps pascal. Saint Epiphane ajoute que cette exception s'étend à la fête de la nativité de Jésus-Christ, jour privilégié, pendant lequel on ne fait pas abstinence, même lorsqu'il tombe un vendredi, et que l'exemption du jeûne a lieu pendant tout le temps consacré au mystère de la

« à se rendre dans les églises deux fois par jour, » le matin et le soir, et à ne pas s'absenter des > assemblées saintes, de peur de mutiler le corps › de Jésus-Christ, en luisoustrayant quelqu'un de » ses membres ».

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« Nous nous réunissons, dit Tertullien, et for» mons un corps formidable, qui semblable à un » bataillon serré, va faire une sainte et agréable violence à Dieu, et qui, par la force des prières » réunies, emporte le ciel comme d'assaut. Nous » prions le Seigneur, ajoute-t-il, pour les empe>> reurs, pour leurs ministres, pour les puis»sances de la terre, pour la prospérité des états, » pour la paix universelle. Nous le supplions de » retarder la destruction du monde et d'éloigner » de nous les calamités temporelles ».

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Apprenez des hommes mêmes, dit saint Chry» sostôme, prêchant à Antioche, ce que peuvent les » vœux unanimes de toute une nation. Il y a dix ans, » plusieurs coupables du crime de trahison, avoient » été condamnés à la peine capitale. Un magistrat » qui étoit de ce nombre, étoit arrivé au lieu du » supplice, et alloit recevoir le coup fatal, lorsque » toute la ville accourut sur la place, et obtint » par ses instances et ses supplications, la grâce » du coupable. Vous donc qui avec vos femmes » et vos enfans, avez couru vous jeter aux pieds » d'un roi de la terre, vous manqueriez de zèle » pour vous rendre à l'église, afin de fléchir en

votre faveur le roi du ciel. Quand l'heure vous naissance du Sauveur. Quelques autres grandes fêtes ont été exceptées du jeûne, dans quelques-uns des ordres religieux les plus austères. L'ascension est de ce nombre; mais cette dispense ne s'étend pas à toutes les fêtes; car la joie que ces jours doivent inspirer, étant toute spirituelle, est par conséquent compatible avec la pratique de la pénitence. Voyez D. de Lisle, Histoire dogmatique et morale du jeûne, l. 3. . 3. p. 233.

TOME XIII.

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