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CHAPITRE XVI.

Trois manières dont saint Augustin se reprend lui-mér
tions qu'il ne commence à trouver de l'erreur do
que dans le vingt-troisième chapitre du premier
qu'il ne s'est trompé que pour n'avoir pas assez
qu'il disoit mieux, lorsqu'il s'en expliquoit
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C'est lui-même qui nous apprend sances; et il faut soigneusement re l'erreur dont il a eu à se corrige erreur répandue dans tous les temps: « On trouvera, dit-il, mes ouvrages avant mon é en la plupart; à quoi il fa: vrages, où il marque de l' celui de l'exposition de o mains, qui est aussi le foiblement, comme o vant, où sans aucur de la foi, il ne r contraire il mon nuisoit point è tout ce qu'il mais seuler mains; en lui resto

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lez-lui-en l'intelligence et il vous sera donné de C'est ainsi qu'il falloit parler, quand après trente ans et vingt ans utilement employés à détruire la plus heresies, on sentoit, comme un second Paul, l'autoverité donnoit à un dispensateur irréprochable de la la parole de Jésus-Christ; et c'est ainsi, comme le rapseat Prosper dans sa Chronique, « que le saint évêque Au* joué, et lib, arb., cap. XXIV.

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tré deux choses : l'une qui ue directement toute l'Eglise. La permis, en répétant les vieux argu

de prendre avec eux, pour une raison mens de saint Augustin, les changemens eux dans sa doctrine. C'est une erreur qui ne que dans des esprits mal faits. Les changemens de ce rien qui ne donne lieu de l'estimer davantage, puisque st trompé, c'est avant que d'avoir étudié à fond la question: u'il s'est redressé de lui-même aussitôt après l'avoir bien examinée; et qu'encore qu'en écrivant ses premiers livres, il n'eût pas encore trouvé la solution de toutes les difficultés, et développé distinctement la vérité dans toutes ses suites, il en avoit néanmoins posé les principes; de sorte qu'en se corrigeant parfaitement au commencement de son épiscopat, il n'a fait que revenir aux premières impressions qu'il avoit reçues en entrant dans l'Eglise.

Voilà ce qui regardoit saint Augustin; et encore que l'Eglise y ait l'intérêt que tout le monde peut recueillir des faits qui ont été avancés, voici une seconde chose que nous avons établie, qui regarde directement son autorité : que ce n'est pas l'esprit de vérité, mais de contradiction et d'erreur, qui a fait dire à notre critique et à ses semblables que les sentimens rétractés par saint 1 Prosp., Chron.

l'examinant qu'à demi, on s'embrouille dans ses pensées. C'est là souvent un grand dénouement pour bien entendre les Pères, principalement Origène, où l'on trouve la tradition toute pure dans certaines choses qui lui sortent naturellement, et qu'il embrouille d'une terrible manière lorsqu'il les veut expliquer avec plus de subtilité; ce qui arrive assez ordinairement avant que les questions soient bien discutées, et que l'esprit s'y soit donné tout entier.

CHAPITRE XVII.

Quatrième et dernier état des connoissances de saint Augustin, lorsque nonseulement il fut parfaitement instruit de la doctrine de la grace, mais capable de la défendre l'autorité qu'il s'acquit alors. Conclusion contre l'imposture de ceux qui l'accusent de n'avoir changé que dans la chaleur de la dispute.

Quoi qu'il en soit, on ne peut plus dire sans une malice affectée que saint Augustin n'ait changé ses premiers sentimens sur la grace que dans l'ardeur de la dispute, puisqu'on le voit tomber naturellement et à mesure qu'il approfondissoit de plus en plus les matières, dans la doctrine qu'il a enseignée jusqu'à la mort: Dieu le conduisant par la main et le menant pas à pas à la parfaite connoissance d'une vérité, dont il vouloit l'établir le défenseur et le docteur.

C'est donc là le dernier état de saint Augustin, où déjà pleinement instruit sur cet important article, il en devint le défenseur contre l'hérésie de Pélage. Son autorité croissoit tous les jours; et dans ses derniers écrits, il étoit enfin parvenu jusqu'à pouvoir dire avec une force qui se faisoit respecter : « Lisez et relisez ce livre; et si vous l'entendez, rendez-en graces à Dieu; si vous ne l'entendez pas, demandez-lui-en l'intelligence et il vous sera donné de l'entendre 1. » C'est ainsi qu'il falloit parler, quand après trente ans d'épiscopat et vingt ans utilement employés à détruire la plus superbe des hérésies, on sentoit, comme un second Paul, l'autorité que la vérité donnoit à un dispensateur irréprochable de la grace et de la parole de Jésus-Christ; et c'est ainsi, comme le rapporte saint Prosper dans sa Chronique, « que le saint évêque Au1 De grat. et lib. arb., cap. XXIV.

gustin, excellent en toutes choses, mourut en répondant aux pélagiens au milieu des assauts que les Vandales livroient à sa ville, et persévéra glorieusement jusqu'à la fin dans la défense de la grace chrétienne 1. »

CHAPITRE XVIII.

Que les changemens de saint Augustin, loin d'affoiblir son autorité, l'augmentent; et qu'elle seroit préférable à celle des autres docteurs en cette matière, quand ce ne seroit que par l'application qu'il y a donnée.

Pour maintenant remettre en deux mots devant les yeux du lecteur ce que nous venons de dire sur le progrès des sentimens de saint Augustin, nous avons démontré deux choses : l'une qui regarde ce Père, l'autre qui regarde directement toute l'Eglise. La première est qu'il n'est pas permis, en répétant les vieux argumens des semi-pélagiens, de prendre avec eux, pour une raison de s'opposer aux sentimens de saint Augustin, les changemens qu'il a faits en mieux dans sa doctrine. C'est une erreur qui ne peut tomber que dans des esprits mal faits. Les changemens de ce Père n'ont rien qui ne donne lieu de l'estimer davantage, puisque s'il s'est trompé, c'est avant que d'avoir étudié à fond la question: qu'il s'est redressé de lui-même aussitôt après l'avoir bien examinée; et qu'encore qu'en écrivant ses premiers livres, il n'eût pas encore trouvé la solution de toutes les difficultés, et développé distinctement la vérité dans toutes ses suites, il en avoit néanmoins posé les principes; de sorte qu'en se corrigeant parfaitement au commencement de son épiscopat, il n'a fait que revenir aux premières impressions qu'il avoit reçues en entrant dans l'Eglise.

Voilà ce qui regardoit saint Augustin; et encore que l'Eglise y ait l'intérêt que tout le monde peut recueillir des faits qui ont été avancés, voici une seconde chose que nous avons établie, qui regarde directement son autorité : que ce n'est pas l'esprit de vérité, mais de contradiction et d'erreur, qui a fait dire à notre critique et à ses semblables que les sentimens rétractés par saint 1 Prosp., Chron.

Augustin étoient les plus naturels comme les plus anciens; car le contraire paroît maintenant par le progrès qu'on vient de voir de sa doctrine. Aussi faut-il remarquer, et c'est la dernière réflexion que nous avons à faire sur cette matière, que dans le temps où ce Père avoue qu'il se trompoit, il ne dit pas qu'il fùt tombé dans cette erreur en suivant les anciens docteurs. Il faut laisser un sentiment si pervers et si faux à Grotius et à ses disciples. Pour saint Augustin, il dit bien, ce qui est très-vrai, que les anciens n'ont pas eu d'occasion de traiter à fond cette matière et ne s'en sont expliqués que brièvement et en passant dans quelques-uns de leurs ouvrages, transeunter et breviter, comme il a déjà été remarqué; mais loin de dire par là qu'ils se fussent trompés ou qu'ils eussent d'autres sentimens que ceux qu'on a suivis depuis, il dit formellement le contraire; et non content de le dire, il le prouve par des passages exprès de saint Cyprien, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Ambroise et des autres, ajoutant qu'il en pourroit alléguer un bien plus grand nombre, si la chose n'étoit constante d'ailleurs par les prières de l'Eglise. Et il est vrai que cet esprit de prières, qui est dans l'Eglise, emporte une si précise et si haute reconnoissance de la prévention de la grace qui nous convertit, que c'est principalement sur ce fondement que l'Eglise en a fait un dogme de foi contre les semi-pélagiens, de sorte que revenir aux sentimens rétractés par saint Augustin, c'est non-seulement envier à ce saint docteur la grace que Dieu lui a faite de profiter tous les jours de la lecture des saints Livres, mais encore s'attaquer directement à l'autorité de l'Eglise catholique.

De tout cela il résulte que quand la doctrine de saint Augustin n'auroit pas reçu du Saint-Siége et de toute l'Eglise catholique les approbations qu'on a vues, et qu'il n'en auroit eu d'autres que celle d'avoir été regardé durant vingt ans comme le tenant de l'Eglise, sans avoir été repris que de ceux qu'on a réprimés par tant de censures réitérées, il n'en faudroit pas davantage pour le préférer aux autres docteurs en cette matière; et c'est aussi ce qu'ont fait tous les orthodoxes anciens et modernes, et entre autres les scholastiques, à l'exemple de saint Thomas qui en est le chef.

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