DIPLOMATIQUES ET COLONIALES FRANCE ET ALLEMAGNE Il semble certain aujourd'hui aux yeux des observateurs que la difficulté marocaine est une question de politique générale, celle des rapports entre la France et l'Allemagne. Il n'est pas sans intérêt d'indiquer comment on arrive à cette constatation. Au lendemain du discours de Tanger, la presse officieuse allemande formulait un reproche et un desideratum. Le reproche, c'était celui de n'avoir point notifié à l'Allemagne les accords anglo-français et hispano-français. Le desideratum, c'était celui de conserver à l'Allemagne, dans l'empire marocain, une situation économique égale à celle des autres puissances, et en particulier, de la France. On se complut d'abord très fort sur le reproche aussi, dans la séance de la Chambre française du 19 avril 1905, la plupart des orateurs insistèrent-ils surtout sur cette question de forme et lui donnèrent-ils une importance que nul n'aurait dû attacher à un mauvais prétexte. On sait, en effet, que la substance des accords a été communiquée à l'avance à la chancellerie allemande. Au reste, depuis lors, les accords ont été publiés et c'est un an seulement après leur publication que la Wilhelmstrasse s'aperçoit de notre prétendu manque de courtoisie. Nos honorables représentants, montrant leur ignorance des questions de politique étrangère, et dans leurs craintes énervées, prenant pour des réalités leurs désirs, s'imaginaient qu'il ne s'agissait en tout cela que d'une querelle de diplomates formalistes. Le conseil des ministres obligea notre chancellerie à modifier sa ligne de conduite première et à prendre l'initiative de négociations avec Berlin. C'était en quelque mesure admettre le principe d'une compensation à accorder à l'Allemagne. Bien vite, en effet, on s'aperçut des prétentions allemandes. Le Maroc est un débouché économique que l'Allemagne entendait QUEST. DIPL. ET COL. - T. XX, No 201. 1er JUILLET 1905. 1 |