le besoin Athène, Flandre, Londre, Mycène, Thèbe, Versaille, Naple, Géne. Pars, venge-moi d'Aglaure, Athène est son pays. Athènes où la paix, où les talents fleurissent. DESAINTANGE. Thèbes à cet arrêt n'a point voulu se rendre. Et l'on insulte au Dieu que Thèbe entière adore. DESAINTANGE. Il leur est également permis d'écrire grâces à ou grâce à, jusques à ou jusqu'à : Il ne vous verra plus, grâce à son injustice. VOLTAIRE, Mariamne, act. II, sc. 5. Mais graces à mes soins, quand leur chaîne est brisée. Le même, Zaïre, act. I, sc. 4. Oui, je rends grâce (1), Albin, à leur inimitié. DELAFOSSE, Manlius Capitolinus, sc. 1. Je rends grâces aux dieux, dont le soin salutaire Le même, act. IV, sc. 7. Sion, jusques au ciel élevée autrefois, Le remords ou le remord, en retranchant le s : Et le plus vil mortel, arbitre de son sort, RACINE. SAINT-VICTOR, le poème de l'Espérance. (1) Soit qu'on dise rendre grâces, ou rendre des actions de grâces, grâces 'est toujours au pluriel, pour le moins en prose; car, comme la poésie a des droits que n'a pas la prose, on pourrait dire en vers, rendons grâce au Seigarur. Nos meilleurs poètes disent l'un et l'autre, suivant le besoin qu'ils en Le P. BOUHOURS, Remarq. nouv. sur la langue franç., pag. 343. (1676.) 5 On permet encore aux poètes de retrancher cette lettre dans la première personne du présent de l'indicatif, je fais, je crois, je vois, je dois, j'aperçois, j'avertis, je vis, je dis, je viens, je prends, je rends, etc., et dans leurs composés, et d'écrire je fai, je croi, je voi, j'averti, je vi ( de vivre ), je di, je vien, je pren, je ren, etc. Ton systême historique est ma suprême loi. DULARD, les Merveilles de la nature, ch. I. Ma charité s'étend sur tous ceux que je voi. Je suis homme, tout homme est un ami pour moi. L. RACINE, la Religion, chant VI. Portez à votre père un cœur où j'entrevoi RACINE, Iphigénie. Je l'apporte en naissant, elle est écrite en moi L. RACINE, la Religion, ch. I. Visir, songez à vous, je vous en averti, Votre exemple est ma loi, vous vivez et je vi. RACINE. CORNEILLE. Quoiqu'on retranche le s de ces premières personnes du présent de l'indicatif, l'usage, ainsi que l'a observé Voltaire dans ses remarques sur l'Heraclius de Corneille, n'est pas d'y comprendre je suis du verbe être, je puis ou je peux; on ne doit pas dire je sui, je pui, je peu ; et, ajoute ce grand littérateur, toutes les fois que la terminaison est sans s, on ne peut en ajouter un. Il n'est pas permis de dire, je donnes, je soupires, je trembles. Le s ne doit jamais être retranché de la seconde personne; ainsi il n'est pas permis de dire à l'impératif fai, croi, di, conçoi, ren, ni à l'indicatif tu fai, tu croi, tu di, tu ren. Il paraît que les poètes sont en possession de retrancher le s à l'impératif des verbes viens, souviens, maintiens, et semblables, quand la rime les force à user de cette licence; c'est ainsi que Voltaire a dit : Vis, superbe ennemi, sois libre, et te souvien Quel fut et le devoir et la mort d'un chrétien. et Racine lui-même fait dire à Hippolyte : Fais donner le signal, cours, ordonne ; et revien Voyez au mot PERSONNE. Phèdre, act. II, sc. 4. Molière et Malherbe ont poussé la licence trop loin, lorsqu'ils ont dit au passé défini, le premier, je vi, et le second, je couvri, puisque la suppression du s n'est permise qu'à la première personne du présent de l'indicatif. Hélas! si vous saviez comme il était ravi, N'ai-je pas le cœur assez haut, MOLIÈRE.. On dit quelquefois en poésie il faut que je die, pour il faut que je dise; mais cette licence n'est permise aujourd'hui que dans les poésies légères, telles que les fables, les contes, etc. >> Il n'est rien de plus ignoré, >> Et puisqu'il faut que je le die, >> Rien où l'on soit moins préparé ». LA FONTAINE. CHAPSAL, Dictionnaire grammatical, tom. I, p. 336. Cependant Racine a dit : Ah! que vous auriez vu, sans que je vous le die, Iphigénie, act III, sc. 6. Le mot méme est adjectif ou adve: be; adverbe, il ajoute à la force d'expression d'un verbe ou d'un adjectif, alors il répond à notre vieux mot mémement, et est invariable. Je sais que quelques-uns de nos anciens poètes se sont permis d'ajouter uns à cet adverbe : Mais la naïveté Dont mêmes au berceau les enfants te confessent, MALHERBE, paraphrase du Psaume VIII. Ici dispensez-moi du récit des blasphèmes Qu'ils ont vomis tous deux contre Jupiter mêmes. CORNEILLE, Polyeucte, act. III, sc. 2. Le chagrin me paraît une incommode chose; Je n'en prends point, pour moi, sans bonne et juste cause; S'offrent le plus souvent, que je ne veux pas voir. MOLIÈRE, le Dépit amoureux, act. I, sc. I. ' Ménage accorde aux poètes la permission d'user indifféremment de méme ou de mémes, adverbe; mais, depuis Corneille et Molière, 5. je ne vois pas que nos poètes se soient permis cette licence, et j'ose avancer, contre le sentiment de Voltaire et de M. Perrier (1), qu'elle serait condamnable aujourd'hui. Le mot méme adjectif, ajoute à la force d'expression du nom auquel il est joint, et peut se tourner par lui-même, elle-meme, eux-mêmes, elles-memes, et doit s'accorder avec le nom auquel il se rapporte; cependant, comme le remarque M. Lebrun (lettre 73 à Palissot), depuis Racan et Malherbe jusqu'à Voltaire, j'ajouterai jusqu'à ce jour, nos poètes ont employé nous-mêmes,vous-mêmes, eux-mêmes avec un s ou sans s, comme cela convenait à leurs vers; les exemples en sont si fréquents, que c'est moins une licence qu'un usage: Les sceptres devant eux n'ont point de privilège, MALHERBE. Et Malherbe, ajoute M. Lebrun, a fait loi pour les libertés poétiques. Racan, Segrais, La Fontaine, Corneille, etc., ont tous imité cette licence nécessaire à la précision. Ces mortels endurcis, Indignes du beau nom, du sacré nom d'amis, Ou toujours remplis d'eux, ou toujours hors d'eux-même... VOLTAIRE. Tel est souvent le sort des plus justes des rois, En vain l'homme timide implore un Dicu suprême; Soyons vrais, de nos maux u'accusons que nous-même. LA HARPE. Quelques-uns, dans l'orgueil d'un désespoir extrême, O vous, sœurs d'Apollon, sur vos lyres sacrées LE GOUVÉ. LUCE DE LANCIVAL. (1) Voltaire, Remarques sur Polyeucte de Corneille, act. III, sc. 21 M. Perrier, Manuel des amateurs de la langue française, 2o année, no 10 pag. 506. Les rois même aux vertus s'instruisent par prudence. DEFONTANES. Les habitans des plaines du tonnerre, AIGNAN. Si les poètes sont en possession de retrancher le s de l'adjectif méme au pluriel, il ne leur est pas acco: dé de l'ajouter au singulier, et personne ne se permettrait aujourd'hui de dire avec S. Gelais: Que saurions-nous de nous vous donner, sire, ni avec Corneille, dans sa comédie du Menteur, act. V, sc. 6: En vers on écrit, selon le besoin, encore ou encor: J'ai des raisins ambrés que la pourpre colore; J'en ai que l'or jaunit; je te les garde encore. DESAINTANGE. Et ce qui me désole et me nuit plus encor, Le même. Le mot penser masculin s'emploie pour la pensée féminin: Ainsi dans mes pensers je refais Rome antique, DELILLE. Les poètes disent bien alorsque au lieu de lorsque : |