Impatient, hors du nid il s'élancé, CAMPENON. Syn. Aire, en parlant seulement de l'aigle et des oiseaux de proie; berceau. Nichée, couvée. Epit. Elevé, suspendu, creux, industrieux, commode, tendre, moilet, paternel (Delille). - Naissant, éclos, jeune -, tendre, criard, babillard, impatient, affamé. D'un habitant de l'air le berceau suspendu. J'ai vu dans la forêt les couples des oiseaux L'un au chène orgueilleux, l'autre à l'humble arbrisseau De ses jeunes enfants confia le berceau; Par un soin prévoyant d'autres placent leurs nids Le pere vole au loin, cherchant dans la campagne amour. RACINE, la Religion, chant I. NIÈCE. n. f. (nic-ce). La fille du frère ou de la sœur. Ce mot n'a pas assez de noblesse pour la haute poésie, et je crois que M. Baour-Lormian n'aurait pas dù s'en servir eu parlant de la belle Armide, qui était l'or nement de la cour du roi de Damas, son oncle : Une nièce charmante alors parait sa cour. Jérusalem délivrée, ch. IV. Il aurait dû, à l'exemple de Racine, employer une périphrase: Mais ce lien du sang qui nous joignait tous deux Ecartait Claudius d'un lit incestueux: Il n'osait épouser la fille de son frère. Britannicus, act. IV, sc. 2. NIELLE. n. f. (ni-¿-le). Maladie des grains, dont l'effet est que l'épi se convertit en poussière. Epit. Impure, funeste, contagieuse. Le blé germe et périt de nielle infecté. DESAINTANGE. Elle (l'envie) fane les fleurs, dessèche la verdure, NIER. v. tr. (ni-d devant une consonne). Syn. Démentir, désavouer, contredire, pe pas avouer, renier. Je ne vous nirai point, Seigneur, que ses soupirs Alors, alors il pleure et son cœur effrayé, Nier s'est dit anciennement pour refuser, dénier. La terre. Nia son vin, ses pommes et son blé. Et tâcher par des soins. MOLIÈRE, le Misanthrope, act. Hi, sc. 1. NIOBÉ. n. pr. f. Changée en marbre. V. MARBRE. NIVOSE. n. m. C'était le quatrième mois de l'année de la république française. Il commençait le 21 décembre et finissait le 19 janvier. La neige tombe et l'horizon Sur la nature et sur nivóse. NOCE. n. f. Il s'emploie tantôt au singulier et tantôt au pluriel. Il se dit du mariage ou da festin et des réjouissances qui accompagnent le mariage. Syn. Hymen, hyménée, mariage, pompe nuptiale, banquet nuptial. Les noces célèbres dans l'antiquité fabuleuse sont celles de Pirithous et d'Hippodamie, à cause du combat qui s'y éleva entre les Centaures et les Lapithes. V. CENTAURES; et celles de Thétis et de Pélée où la déesse de la Discorde jcta la fatale pomme que Paris edjugea à Vénus. V. DISCORDE. Voltaire reprend Corneille de s'être servi de ce mot dans Heraclius, act. III, sc, 2. Le mot noces, dit-il, est de la comédie, à moins qu'il ne soit relevé par quelqu'épithète terrible. Remarques sur Corneille. NOCHER. n. m. (no-ché devant une consonne). C'est un mot réservé à la langue poétique. Syn. Pilote, matelot, batelier, nautonnier. Epit. Habile, sage, prudent, expérimenté, hardi, téméraire, novice, timide. Ces nochers vieux babitants des ondes (Millevoye). Hardi nocher, vainqueur d'une onde innavigable. Le même, trad. de l'Eneide, ch. VII. Le nocher des enfers, le vieux nocher des morts, le nocher de la rive infernale, périphrases dont se servent les poètes pour désigrer Charon. Euripide fait dire à Alceste qui se meurt: Je vois déja la rame et la barque fatale; J'entends le vieux nocher sur la rive infernale; Impatient, il crie, on t'attend ici bas, Tout est prêt, descends, viens, ne me retarde pas. RACINE, Préface d'Iphigénie. Déja près de mon lit la mort inexorable Avait levé sur moi sa faux épouvantable: Le vieux nocher des morts à sa voix accourul, etc. VOLTAIRE, Epitre XXII à M. de Gervasi. NOEL. n. m. (no-ël). -Fête de la nativité du Christ. Noël se dit aussi d'un cantique spirituel fait en l'honneur de la nativité de Jésus-Christ, et des airs sur lesquels ces cantiques ont été faits. Anciennement on était dans l'habitude de faire presque tous les ans des couplets sur la naissance du Christ et sur les différentes circonstances qui l'ont accompagnée. On a donné à ces chansons le nom de noëls, parce que c'était aux fêtes de Noël qu'on les chantait On en a fait des recueils dans lesquels on trouve par fois des couplets fort gais et fort plaisants. Parmi ces recueils le plus précienx est celui des Noël, Bourguignons du célèbre de la Monnoye. Tous les noëls anciens et nouveaux. GRESSET, Ververt, ch. 11. NOEUD. n. m. (neu). Comme le d ne sonne jamais dans ce mot, il ne peut entrer, au singulier, dans un vers, devant un mot qui commence par une voyelle; un naud assorti présenterait un hiatus. On appila proprement noeud l'enlacement fait de quelque chose de pliant, et susceptible de serrer plus ou moins. Syn. Enlacement, lacs, lacet, lien, liaison, jointure. Epit. Fort, robuste, étroit, serré, ferme, entrelacé, simple, relâché, faible, léger, dénoué, double, indissoluble, étreint, coulant, rompu, magique, tortueux, flexible. Loin des regards, beautés mélancoliques, M:LLEVOYE, Charlemagne, ch. III. Cependant les épis, an soleil étalés, L'or, en flexibles nœuds, Le père account: tons deux (les deux serpen's) à son tour le saisissent, D'épouvantables nœuds tout entier l'investissent; Deux fois par le milieu leurs plis l'ont embrasse, Par deux fois sur son cou leur corps s'est enlace; Ils redoublent leurs nauds. de DELILLE, trad. de l'Eneide, liv. II. Noeud est beau au figuré pour signifier, lien, ce qui unit, ce qui rapproche. Les noeuds de l'amitié, les noeuds du mariage, de l'hymen, les nouds de la paix Phospitalité, les nœuds du sang, etc. Syn. Lien, union, engagement, liaison, chaine, attachement, parenté, mariage, amié. Epit. Saint, sacré, indissoluble, asserti, légitime, chaste, invincible, doux -, charmant, chéri, solennel, invisible, coupable, illégitime, indigne, fatal, funeste, infortuné, sanglant. Votre hymen est le nœud qui joindra les deux mondes. VOLTAIRE, Alzire. Par les nœuds du commerce unissez l'univers DELILLE Par le nœud des besoins les hommes sont unis. MILLEVOYE . Une ame généreuse Enchaine tous les cœurs par le nœud des bienfaits. LEBRUN. De la paix, de l'hymen j'ai rompa tous les nœuds En combattant les droits d'un peuple aimé des dieux. DELILLE, trad. de l'Enéide, liv. XII. Avant qu'un nænd fatal l'unit à votre frère, Thésée avait osé l'enlever à son père. RACINE, Iphigénie, act. IV, sc. 4. Et lui (le prêtre), levant les mains sur les jeunes έρους, Bénit au nom du ciel le saint nond qui les lie. Fuycz; je ne crains point votre impuissant cour Le noeud peut être dans l'action même, quand l'entreprise est de soi difficile, comme la descente d'Enée aux enfers; ou dans quelqu'obstacle du dehors, comme l'opposition de Turnus à l'établissement de ce héros en Italie. Plus il est serré, c'est-à-dire, difficile à dénouer, plus il est parfait. » Principes abrég, de la Litt., Ve part. § 6. La manière dont le noeud se développe s'appèle dénoúment. V. ce mot. NOIR, NOIRE. adj. (noar, noa-re). Syn. Obscur, sombre, ténébreux, funèbre, mor tuaire. Énorme, atroce, horrible, cruel, barbare, traître, méchant, perfide.-Triste, morne, taciturne, soucieux, mélancolique. Noire, au propre et dans le discours ordinaire, se met après le nom: habit noir, robe noire. En vers, et au figuré, même en prose, dans le style soutenu, il aime à marcher devant le noir limon, les noirs soucis, les noirs artifices. Offre une brebis noire aux noires déités. DELILLE, trad. de l'Eneide, liv. VI. Mais il le faut ici confesser à sa gloire, BOILEAU. Dans le style soutenu, et surtout en poésie, on peut donner à cet adjectif, pris au moral, un complément amené par la préposition de : Quand la Discorde encor toute noire de crimes Sortant des cordeliers pour aller aux minimes. BOILEAU. L'ébène étant d'un beau noir, les poètes prennent bien ce mot comme synonyme de noir; ils disent des cheveux, des sourcils d'ébène, c'est ainsi que l'ivoire signifie, chez eux, ce qui est d'une grande blancheur. Dans un ravin profond j'ai surpris avec peine Deux chevreaux dont la robe a des taches d'ébène. TISSOT, trad. des Bucoliques, Églogue II. L'Afrique, au teint d'ébène, a l'air un peu sauvage. CASTEL, les Plantes, ch. IV. Sa chevelure noire MALFILATRE, Narcisse, ch. IV. NOIRCEUR. n. f. Il se dit au propre et au figuré. Syn. Couleur noire, le noir. Atrocité, énormité, horreur, cruauté, barbarie, inhumanité, scélératesse, perfidie, méchanceté. Le corbeau délateur, puni par Apollon. D'un poil déja blanchi mélangeant sa noirceur, Ainsi, lorsque les vents, méditant le ravage, Compagne de mes jours trop orageux, trop sombres, Pent-on pousser plus loin la fourbe et la noirceur? NOISETIER. n. m. (noa-ze-tié devant une consonne). Syn. Coudrier. Epit. Souple, flexible, humble, agreste, sauvage, noueux. Le noisetier penché sur les ruisseaux. LEONARD. NOM. n. m. (non). Le terme dont on est convenu pour désigner une personne ou une chose. Le besoin, ce premier de tous les inventeurs, Vous me donnez des noms qui doivent me surprendre, Madanie, on ne m'a pas instruite à les entendre. Toujours humble, toujours le timide Neron RACINE, Britannicus, act. I, sc. a. Dans le style soutenu, en vers comme en prose, on dit appeler quelqu'un du nom de.... le saluer du nom de.... pour lui donner tel nom, telle qualité. Mais Pluton lui peut seul ravir l'espoir si doux Avoir nom... son nom est... V. NOMMER. Nom signifie l'éclat, la renommée que donne le mérite, la gloire ou la naissance. Syn. Renom, renommée, réputation, célébrité, estime, éclat. Naissance, famille, titre. Epit. Illustre, glorieux, fameux, immortel, ennobli, éclatant, flétri, odieux, abhorré. Périph. L'éclat d'un nom célèbre, le poids d'un grand nom. C'est un poids bien pesant qu'un nom trop tôt fameux. VOLTAIRE, la Henriade, Voudrais-je, de la terre inutile fardeau, On critique cette dernière expression dans Année littéraire. Celle de Gresset ne mérite pas moins de blame. » FERAUD, Dict. crit. de la Lang. franç. Je n'ose m'éblouir d'un peu de nom fameux. CORNEILLE, Sertorius. « Le mot de peu ne convient point à un nom. Un peu de gloire, un peu de renommée de réputation, de puissance se dit dans toutes les langues; et un peu de nom dans aucune. Il y a une grammaire commune à toutes les nations, qui ne permet pas que les adverbes de quantité se joignent à des choses qui n'ont pas de quantité. On peut avoir plus ou moins de gloire ou de puissance, mais non pas plus ou moins de nom. » VOLTAIRE, Remarques sur Corneille. à-dire qu'ils ne prennent point eo prose la Les noms propres sont invariables, c'estcaractéristique du pluriel, lorsqu'ils désignent plusieurs individus d'une même famille les deux Corneille se sont distingués dans les lettres. « C'est-là (à Port Royal) que Racine apprit la langue des Sophocle et des Euripide. » Geoffroy, vie de J. Racine. Cette règle n'est pas strictement observée par les poètes; gênés par la rimme ou par la mesure, ils se permettent d'ajouter le s; Voltaire seul en fournit plusieurs exemples: Opposant sans relâche, avec trop de prudence, Si les noms propres sont employés par similitude, c'est-à-dire, pour désigner des hommes qui ressemblent à ceux qu'on désigne par ces mêmes noms, ils deviennent communs ou appellatifs et prennent la caractéristique du pluriel. Les Corneilles sont rares sur notre Parnasse. Et que même aux Nérons on doit obeissance. « Les poètes, dit M. Chapsal, écrivent quelquefois les Solon, les Diderot, les Delille, etc., sans joindre un s à ces substantifs individuels (devenus noms communs). Les entraves de la versification semblent autoriser cette licence. » Dict. Grammatical, pag. 291. Les noms propres que la Fable ou l'IIistoire nous ont transmis, doivent être présentés sous la forme que l'usage leur a donnée. Nos anciens poètes n'étaient pas fort scrupuleux à cet égard, ils écrivaient selon le besoin Brutus ou Brute, Paphos ou Paphe, Livia ou Livie, etc.; on ne dit plus aujourd'hui que Brutus, Cassius, Paphos, Agrippa, Livie, Octavie, etc. Cette règle n'est pas sans exceptions; lorsqu'un nom propre est peu connu, qu'il manque d'ailleurs d'harmonie, ou qu'il peut réveiller une idée basse ou triviale, il est permis nou seulement de l'altérer, mais inème de le changer entièrement. C'est ainsi que M. Lefranc de Pompiguan a cru devoir, dans sa tragédie de Didon, substituer au nom d'Anne, Anna, en latin, celui d'Elise, non seulement parce que ce dernier est plus harmonieux, mais principalement parce que le premier aurait pu rappeler l'Ane, ma sœur Ane, des contes de Pérault; substitution qui a paru également indispensable aux deux poètes qui nous ont traduit Virgile. Ta viens dans Héraclée, où le meilleur des rois, Expulsumque domo patrid Trachinia tellus « Trachinie, contrée de Thessalie, ainsi appelée de la ville de Trachine, bâtie par Hercule, près du mont OEta. Elle fut surnommée Héraclée, du nom du héros qui l'avait fondée. Je me suis servi de cette dernière dénomination, comme moins désagréable à la prononciation et à l'oreille. D'un seul nom quelquefois le son dur et bizarre Lend un poème entier ou burlesque, ou barbare. BOILEAU,irt poétique, ch. III, On pourrait encore, pour éviter ce nom désagréable, dire en français Thracine. » Note de M. Desaintange sur le XI ch. de sa trad. des Métamorph., t. III, p. 433. Nom pris dans sa première acception, et non dans celle de renommée, s'unit à la rime avec renom. Des nymphes, l'are en main, la troupe virginale Tibérinus, issu de leur auguste race, De nos ans passagers le nombre est incertain. Mais sitôt que d'un trait de ses fatales mains Tu prétends m'enlever de ces mêmes rivages Après nombre de suivi d'un pluriel, les poètes sont libres de mettre le verbe au singulier ou au pluriel. Nombre de gens fameux en ce genre ont écrit. Et que la nuit passée un nombre de bandits Pour exprimer le nombre, les poètes emploient volontiers une périphrase: Pendant deux fois six jours une trève indulgente Suspend tous les combats. Là, DELILLE, trad. de l'Eneide, liv. XI. tandis que l'état fleurira sous ses lois, Le printemps aux frimas succedera trois fois. Assis, après sa mort, sur le trône d'Enée, Ascagne trente fois verra naitre l'année. Le même. V. Traité de la Versif., pag. 75. On se sert quelquefois en vers du nombre singulier au lieu du pluriel, et du pluriel pour le singulier. V. Traité de la Versification, pag. 72. Malherbe a dit dans les stances pour M. de Soissons : |