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Si l'on en excepte la faculté laissée aux poètes de faire accorder ou de ne pas faire accorder avec son régime simple ou complément direct, le participe passif suivi d'un nominatif ou d'un adjectif:

Jouissez des félicités

Qu'ont mérité pour vous mes bontés secourables.

J. B. ROUSSEAU.

Il faudrait en prose qu'ont méritées.

si l'on en excepte, dis-je, cette licence, les poètes se conforment à toutes les règles prescrites aux écrivains en prose sur la déclinabilité du participe.

Nous rentrons dans les droits qu'ont perdus nos ancêtres.

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VOLTAIRE, la Henriade, ch. IV.
Quels courages Vénus n'a-t-elle pas domptés.
RACINE, Phèdre, sc. 1.

Quelle guerre intestine avons-nous allumée ?
Le même, Esther, act. III, sc. 4.

Burrhus, avez-vous vu quels regards furieux
Néron, en me quittant, m'a laissés pour adieux ?
Le même, Britannicus, act. V, sc. 7.

Si je m'en étais crue, Vous ne jouiriez pas de ma funeste vue. CRÉBILLON, Xercès, act. IV, sc. 5. Sur qui sera d'abord sa vengeance exercée ? RACINE, Bajazet.

Nos anciens poètes se permettaient l'inversion du participe avec l'auxiliaire avoir.

J'ai beau solliciter la muse

Qui m'avait ses trésors ouverts.
MALLE VILLE.

Et quelquefois songeant aux aimables appas
Dont une autre bergère a son ame blessée.
RACAN, la Nymphe de la Seine, act. II, sc. 2.

« Cette inversion, dit d'Olivet, était d'une grande commodité pour la rime, parce qu'elle rend le participe declinable; au lieu qu'étant mis en avant son régime, il ne se décline jamais. Pourquoi nos poètes se privent-ils d'une douceur que l'usage leur accordait? car l'Academie, dans l'examen qu'elle fit des vers de Malherbe, ne censura nullement cette inversion. »

On se la permet encore dans le style marotique :

A son côté pendait la noble épée
Qui d'Holopherne a la tête coupée.
VOLTAIRE, la Pucelle, ch. XXI.

Mais une triste maladie,
Des affaires le poids fatal
Ont long-temps ma voix affaiblie.
Le même, Lettres en uers et en prose,
XXV (1733).

V. Traité de la Versif., pag. 78.

lettre

Voltaire a dit, dans Mariamne :

Et du moins à demi mon bras vous a vengé.

a C'est un solécisme. La grammaire exige qu'en parlant à une femme, on dise mon bras vous a vengée. C'est une règle sans exception, et ces sortes de fautes sont sans excuse, parce qu'il n'y a ici ni licence poétique, ni hardiesse de style, ni aucune des raisons qui autorisent quelquefois à sacrifier la grammaire à la poésie. »

LA HARPE, Cours de Litt., tom. IX, p. 96.

Voltaire, ainsi que l'a remarqué le même crique, a commis la même faute dans Tancrède :

Et l'eussé-je aimé moins, comment l'abandonner?
Il fallait aimée.

De cent ragoûts exquis la douce exhalaison
M'est par un soupirail venu rompre en visière.
PIRON, les Fils ingrats, comédie.

Il faut m'est venue rompre, etc.
Mais n'auriez-vous pas vue, en longs cheveux
épars,

Une esclave, à l'instant cachée à mes regards? DESAINTANGE, trad. des Métam., tom III, pag. 93.

Il y a dans le premier vers, dit M. Desaintange lui-même, une irrégularité grammaticale qu'on peut passer, à toute force, comme une licence poétique, mais qu'il vaut mieux ne pas se permettre. Lisez donc : Mais n'auriez-vous pas vu, seule, en cheveux épars, Une esclave, à l'instant cachée à mes regards?

Note correctionnelle à la fin du IIle tome. Ce que le traducteur traite d'irrégularité grammaticale est une véritable faute contre la langue, et le privilége de la poésie ne s'étend pas jusqu'à faire accorder le participe, quand il est indeclinable; et, quoique je n'aime pas en cheveux épars, la seconde manière est la seule permise, du moins quant à ce qui regarde l'exactitude grammaticale. Mais quand j'aurai vengé Rome des maux soufferts, Je saurai le braver jusque dans les enfers.

CORNEILLE, Cinna, act. II, sc. 2.

« L'esprit de notre langue ne permet guère ces participes. Nous ne pouvons dire des maux soufferts, comme on dit des maux passés, Soufferts suppose par quelqu'un, les maux qu'elle a soufferts: il serait à souhaiter que cet exemple de Corneille eût fait une règle; la langue y gagnerait une marche plus rapide. >>

VOLTAIRE, Rem. sur Corneille, au lieu cité'.

PARURE. n. m. Ce qui sert à parer. Syn. Ajustement, ornement, embellissement,

pom

ajustement, décoration, apparat, appareil, brillant, éclat, beauté. Epit. Riche-, précieuse, noble-, atrayante, séduisante, peuse, simple, naturelle, étrangère, recherchée, élégante, modeste, empruntée, grossière, efféminée, incommode, gênante. Périph. Les apprêts, les atours de la parure. D'une molle parure étaler les atours.

DESAINTANGE.

Cet éclat emprunté

Dont elle cut soin de peindre et d'orner son visage, Pour réparer des ans l'irréparable outrage.

RACINE, Athalie, act. II, sc. 5.

Voyez-vous, les cheveux aux vents abandonnés,
Sans contrainte, sans art, sans parure étrangère,
Marcher, courir, bondir la folâtre bergère?
Sa grâce est dans l'aisance et dans la liberté.
DELILLE, poème des Jardins.

Ces crins, du fier coursier ondoyante parure.

DELILLE.

On dit bien la parure des prés, des bois, des jardins, des bosquets, des parterres, etc., la parure de la nature, pour la verdure, les fleurs, les fruits, les arbres, etc., qui embellissent la nature et décorent les prairies, les bois, les jardins.

Ainsi vers cette zone où le ciel plus vermeil
Épanche en fleuves d'or les rayons du soleil,
Les fleurs ont plus d'éclat, la superbe nature
Revêt pompeusement sa plus riche parure.

Mais quel charme imposant m'attire

A l'ombre des parvis sacrés (le temple, l'é-, glise ) ?

L'orgue saint éclate, il soupire,

Et parle à mes sens enivrés.
Mad. DES ROCHES.

Les parvis celestes, les célestes parvis, se dit dans la langue des poètes pour le ciel, l'olympe.

Et vous, astres nombreux qui, sans cesse allumés, Aux célestes parvis sans ordre êtes sémés.

DENNE-BARON, Héro et Léandre, ch. III. Que ne puis-je aussi bien, dans les parvis célestes, Vainqueur de la vieillesse et du fleuve infernal, M'asseoir avec les dieux, et narcher leur égal. AIGNAN, trad. de l'Iliade, liv. VIII. PAS. n. m. (på devant une consonne, páz devant une voyelle). Au propre, le mouvement que fait un animal en mettant un pied devant l'autre pour marcher. Syn. Démarche, emjambée, marcher, allure. Vestige, trace, empreinte du pied, piste, ce dernier est familier. Degré, échelon, marche. -Seuil de porte. Défilé, détroit, gorge, passage étroit. Allées et venues, démarches, mouvements, peines, visites. Danger, difficulté, embarras. Epit. Ferme affermi, grave, mesuré, superbe, majestueux, incertain, irrésolu, furtif, clandestin, timide, tremblant, silencieux, craintif, vif, léger, agile, diligent, rapide, pressé, précipité, fugitif, égaré, lent, tardif, pesant,

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DELILLE, les trois Règnes de la Nature, ch. 1. lourd, pénible, chancelant, appesanti, affai

Les bois ont revêtu leur nouvelle parure. TISSOT.

Aux bosquets jaunissants, pour dernière parure
Le rouge cornouiller apporte ses tributs.
LUCE-DE-LANCIVAL.

Les fleurs, du doux printemps odorante parure.
LEGOUVÉ.

Et la terre sans fruits, sans fleurs et sans verdurc Pleure en habits de deuil sa riante parure.

DELILLE, l'Homme des champs, ch. III. PARVIS. n. m. (par-vi devant une consonne). Place devant la grande porte d'un temple, d'une église ; il est de tous les styles, et se prend aussi pour le vestibule et même pour l'enceinte de ces édifices. Syn. Place, vestibule, portique, entrée. Temple. Epit. Saint, sacré, vaste, long -, quenté, désert.

Un peuple immense inonde le parvis.
Le temple s'ouvre.

VOLTAIRE, le Temple de l' Amitié.

fré

Tous les initiés, de leurs prêtres suivis,
Les palmes dans les mains, inondent ces parvis.
Le même, Olympie, act. I, sc. 5.

bli, enchaîné, arrêté, retardé, respectueux, circonspect, audacieux, téméraire, obéissant, rétif, inégal, compté, tracé, empreint, infructueux. Dangereux, difficile, glissant, franchi. Périph. L'empreinte, la trace des pas.

Rentrons, et qu'un sang pur, par mes mains épanché,

Lave jusques au marbre où ses pas ont touché.
RACINE, Athalie, act. II, sc. 8.

Et de fleurs sous ses pas parfumant son chemin.
VOLTAIRE, la Henriade, chant V.
Des coursiers épouvantés comme eux
Les pas retentissants battent les champs poudreux.
DELILLE, trad. de l'Énéide, liv. XI.

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Le bruit des escadrons précipitant leurs pas.
Le même.
Dans un cercle inégal mesurant chaque mois,
La lune, autour de nous, marche et luit douze
fois,

Et son pas suit de près les pas de notre année.
CHÊNEDOLLÉ, le Génie de l'Homme,

Compagne de la nuit, étoile radieuse

Qui, sur l'azur du firmament,

Imprimes de les pas la trace lumineuse.

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Pas entre dans un grand nombre de locutions où il remplace dans le style noble, par des périphrases, des expressions trop familières. On dit, par exemple, arrêter, fixer ses pas, pour s'arrêter; conduire ses pas, porter ses pas, diriger ses pas, pour marcher, aller quelque part; précipiter, hater ses pas, pour aller vite, courir; égarer ses pas, pour s'égarer, se fourvoyer, et même se promener dans un lieu; trainer ses pas, pour marcher lentement et avec difficulté ; arrêter, retenir les pas de quelqu'un, suspendre, retarder ses pas, pour le retarder, le retenir; se précipiter, voler sur les pas de quelqu'un, pour courir après lui, le poursuivre; précéder, devancer les pas, pour marcher devant, précéder; marcher sur les pas, suivre les pas, s'attacher aux pas de quelqu'un, pour le suivre, l'accompagner, etc.

Sur les bords du Jourdain le ciel fixa nos pas.
VOLTAIRE, Zaire, act. 1, sc. 1.

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Il peut entrer. Pourquoi ne vient-il pas ?
CORASMIN.

Dans la première enceinte il arrête ses pas.
Le même, Zaire, act. I, sc. 3.

Pylade va bientôt conduire ici ses pas.

RACINE, Andromaque, act. II, sc. 1.

On emmène Lucile au temple de verdure,
Lucile triomphante, et qui ne prévoit pas
Quel est l'affreux spectacle où l'on conduit ses pas.
CASTEL, les Plantes, ch. II.

L'illustre Josabet porte vers nous ses pas.
RACINE, Athalie, act. I, sc. 1.

Elle porte au hasard ses pas précipités.

DELILLE.

Mais votre frère Attale adresse ici ses pas.
CORNEILLE, Nicomède, act. I, sc. 1.
Contre un fier ennemi précipitez vos pas.

RACINE, Alexandre, act. I, sc. 3. Loin de ces lieux cruels précipitez ses pas (emmenez-la promptement, faites-la fuir).

RACINE, Iphigénie, act. IV, sc. 10. Un fléau, précurseur du trépas, Vers la nuit du cercueil précipite tes pas. THÉVENEAU.

Oh! que, si moins pressé du sujet qui m'entraîne, Vers le but qui m'attend je ne hâtais mes pas.

DELILLE.

Les bergers éperdus, vers les prochains hameaux,
Hátent les pas trop lents des timides troupeaux.
ROSSET, l'Agriculture, ch. I.

Soit qu'aux bois de Délos il égare ses pas.
Le comte DE VALORI.

Le bouc suit avec peine et traîne un pas tardif.
ROSSET, l'Agriculture, ch. V.

Et ses pas incertains
Sans but erraient dans les pays lointains.
PARNY.

Et souhaitant surtout qu'il ne vous surprît pas,
Dans votre appartement j'ai retenu ses pas.
RACINE, Bajazet, act. III, sc. 8.
N'avez-vous pas souvent, aux lieux infréquentés,
Rencontré tout-à-coup ces aspects enchantes
Qui suspendent vos pas?.....

DELILLE, poème des Jardins.
Tandis que plein d'amour, d'horreur et de pitié,
Je vole sur les pas de ma chère moitié.
Le même, trad. de l'Énéïde, liv. II.

La haine et le courroux, répandant leur venin,
Marchent devant ses pas, un poignard à la main.
VOLTAIRE, la Henriade, ch. IX.

La victime bientôt marchera sur vos pas.
RACINE, Iphigenie, act. 1, sc. 5.

De votre auguste époux accompagnez les pas.
Le même, Athalie, act. 1, sc. 3.

Les bergers pleins d'effroi dans les bois se cachérent;

Et leurs tristes moitiés, compagnes de leurs pas, Emportent leurs enfants gémissants dans leurs bras.

VOLTAIRE, la Henriade, ch. VIII.

Pas se dit en parlant de la danse. Epit. Mesuré, cadencé, relevé, glissé, souple; dégagé, figuré, léger, grave, symétrique.

Ses pas sont dégagés, vifs et pleins de souplesse; Théon met dans les siens plus de force et d'adresse. Ceux-ci, plus soutenus, annoncent la vigueur, Et ceux-là, plus moelleux, peignent mieux la don

ceur.

Ils sont des deux côtés dessinés avec grâce.

Le Momon, poème héroï-comique, par M. D. T. Parmi des chœurs légers, la fille de Phylas Avec mollesse un jour cadençait quelques pas.

AIGNAN, trad. de l'Iliade, liv. XVI.

Pas se dit en tactique de diverses manières de marcher des troupes. Pas ordinaire, pas redouble, pas oblique, pas de charge, etcEn bataillons serrés ils mesurent leurs pas. VOLTAIRE, Alzire, act. III, sc. 6. Godefroi cependant des chefs et des soldats Aux instruments guerriers assujettit les pas. BAOUR-DORMIAN, Jérusalem délivrée, ch. III.

Ce tour poétique rend très-heureusement cette expression vulgaire : Faire marcher une troupe au pas.

PAS. Particule négative (på devant une consonne, páz devant une voyelle). Syn. Point. Le premier nie moins fortement que le second; mais les poètes ne s'assujettissent pas scrupuleusement à cette règle, et dans l'emploi de l'un ou de l'autre de ces mots ils

consultent plus souvent le rapport de l'oreille que l'exactitude grammaticale.

Quelqu'un voulant l'autre jour chez Damon,
Du mot point au mot pas savoir la différence,
Le grammairien Dorimon

Ainsi de ces deux mots expliqua la nuance.
Le premier est affirmatif,
Et défend jusqu'à l'espérance;
Et le second, moins négatif,
Annonce moins de résistance.

Pour exemple, apprenez ce point:
Si, lorsque vous pressez une aimable inhumaine,
Elle vous dit: laissez, monsieur, je ne veux point;
Toute entreprise serait vaine.

* Mais si, voulant s'échapper de vos bras, Elle vous dit : laissez, monsieur, je ne veux pas, Osez, la victoire est certaine.

Extrait de l'Improvisateur français. Rien ne peut de l'orgueil refermer les blessures: On pardonne les maux, mais non pas les injures.

DELILLE.

Ah contre la rigueur d'un pouvoir abhorré,
Pas un asile sûr, pas un antre ignore.

Le même, le Malheur et la Pitié, ch. II. Les poètes se permettent quelquefois de supprimer le ne dans les phrases interrogatives:

Vois-je pas de buveurs une troupe joyeuse?
GILBERT, le Printemps.

V.NE.

Voltaire a dit :

Amitié que les rois, ces illustres ingrats,
Sont assez malheureux pour ne connaître pas.
La Henriade, ch. VIII.

« On peut, dit M. Laveaux, supporter cette inversion; mais celle-ci, de Molière, est trop dure à l'oreille :

Aux menaces d'un fourbe on ne doit dormir point.»

Dans le style marotique, on place bien le mot pas ou point devant la particule ne : pas ne veut pour il ne veut pas.

Bien est donc vrai qu'aux hommes misérables, Aveugles, imprudents, inquiets, variables,

Pas n'appartient de faire des souhaits. Ch. PERRAULT, les Souhaits ridicules, conte. Si j'en connais pas un, je veux être étranglé.

RACINE, les Plaideurs, act. If, sc. 6.

Pas est de trop, dites: si j'en connais un.
Racine dit aussi dans les Plaideurs :

On ne veut pas rien faire ici qui vous déplaise.

C'est une faute, comme l'a remarqué M. Philipon-la-Madelaine; la négation pas ne peut se joindre avec ce mot rien. Les Femmes savantes de Molière auraient dit à notre poète :

De pas, mis avec rien, tu fais la récidive,
Et c'est, comme on t'a dit, trop d'une négative.

PASIPHAÉ. n. pr. f. Fille du Soleil et de Crète, elle épousa Minos, fils de Lycaste et petit-fils de Minos I, legislateur des Cré tois. De ce mariage naquit Phèdre, qui fut l'épouse de Thésée et la belle-mère du vertueux et infortuné Hippolyte. Pasiphaé, par un effet de la vengeance de Vénus, conçut. une passion désordonnée pour un taureau d'une blancheur éblouissante, et de ce commerce incestueux naquit le fameux Minotaure. V. ce mot.

Epit. Adultère, incestueuse, coupable. Périph. La fille du Soleil, l'épouse de Minos, la mère de Phedre.

Du vertueux Minos l'épouse infortunée.
FLINS.

PASSE-TEMPS. n. m. Syn. Amusement, divertissement, récréation, loisir, jeu, plaisir, déduit. V. ce mot. Epit. Doux -, agréable, charmant, délicieux, joyeux, tendre -,. permis, chéri.

Il faut des passe-temps de toutes les façons.

VOLTAIRE.

J'aurai fait un heureux, c'est passe-temps céleste. PIRON, la Metromanie.

Mille doux passe-temps abrègent la soirée.

DELILLE, l'Homme des Champs, ch. I. Ce terme est du style familier, cependant Racine l'a employé dans un de ses chefsd'œuvre.

Hé quoi! vous n'avez point de passe-temps plus doux ? Athalie, act. II, sc. 7.

Mais ici ce mot tient à l'ironie et exprime avec énergie le mépris qu'avait cette reine pour le culte et les cérémonies des juifs. On pourrait ajouter qu'il est employé dans un de ces moments d'abandon où le ton de la tragédie se rapproche de celui de la conver

sation.

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PASSION. n. f. (pa-ci-on). Mouvement: de l'ame excité par quelque objet, comme l'amour, la haine, le desir, etc. Syn. Inclination, penchant, goût, affection, ardeur flamme, amour, feu, désir ardent. Epit. Noble, belle-, tendre, séduisante, impérieuse, invincible, furieuse, fougueuse, orageuse, inquiète, rebelle, turbulente, tumultueuse, puissante, désordonnée, farouche, furieuse, factice, grossière, frivole, insensée, folle morne, cachée, sombre, taciturne, secrète, funeste, fatale, naissante, allumée, mûre, usée, éteinte, languissante, nourrie, déclarée, domptée, combattue, affaiblie, endormie réveillée, enracinée, excitée. Périph, Le

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« Nous appelons passions, dans un sens absolu et générique, les affections déréglées de l'ame, et quand nous voulons donner à ce mot une acception favorable, nous y joignons toujours une épithète qui le relève et le corrige, comme une passion noble, louable, légitime, etc. »

LA HARPE, Cours de Litt., t. III, p. 265. Je ne vous tiendrai plus mes passions secrètes.

CORNEILLE, Pompée, act. IV, sc. 3.

Voltaire remarque, sur ce passage, qu'on ne dit pas passions au pluriel pour signifier mon amour. Voltaire à raison; mais Corneille avait cru pouvoir suivre l'usage des poètes qui l'avaient précédé. Malherbe, RaDesportes disent indifféremment les passions ou la passion pour l'amour.

can,

Passion, dont la terminaison dissyllabique déplaît à l'oreille, est souvent remplacé, en vers, quand il est synonyme d'amour, par les mots ardeur, feux, flamme.

Je pris la vie en haine et ma flamme en horreur.,
RACINE, Phedre, act. I, sc. 3,

Si toujours Antigone, à l'amour opposée,
D'une pudique ardeur n'eût brûlé pour Thésée.
Le même,

La fureur de mes feux, l'horreur de mes remords. Le même.

CONFRÉRIE DE LA PASSION. Ce nom fut anciennement donné à une société qui succéda aux pélerins, et joua, comme eux, des comédies ou drames dont le sujet était la passion du Christ et les mystères de la religion catholique.

PASTEUR. n. m. Ce mot qui ne se dit ordinairement que de ceux qui gardent des troupeaux de moutons, se prend, en parlant des histoires anciennes, en vers et dans la prose poétique, comme berger, dans une acception générique. Syn. Berger, pâtre. Périph. Gardeur de moutons, conducteur de brebis, Epit. Actif, soigneux. V.

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Où la cruelle mort les prenant pour victimes, Frappe ces vils troupeaux dont elle est le pasteur.

Pasteur, dans le langage ordinaire, n'est guère d'usage qu'au figuré en parlant des évêques, des curés; et, par suite de cette métaphore, ceux qui sont confiés à leurs soins sont appelés leurs brebis, leurs ouailles. Syn. Evêque, curé, conducteur, directeur, guide. Epit. Soigneux, vigilant, zélé, vénérable, respectable.

Avec quel saint respect le pasteur du village,
Seul, et foulant les fleurs qui couvrent son passage,
Porte le roi des rois, et l'élève à nos yeux
Sous l'emblême immortel d'un pain mystérieux.
PHILIPPE DE LA RENAUDIÈRE.
Messire Jean aurait voulu tout faire;
S'entremettait en zélé directeur,
Allait partout, disaut qu'un bon pasteur
Ne peut trop bien ses ouailles connaître.
LA FONTAINE, la Jument du compère Pierre.

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