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Ce que tu trouveras d'officiers de l'armée,
Et les invite à dîner avec moi.

(bas, à part.)

Tandis que d'ici je le chasse,
Mercure y remplira sa place.

SCENE VII.

CLEANTHIS, SOSIE.

SOSIE.

Hé bien! tu vois, Cléanthis, ce ménage.
Veux-tu qu'à leur exemple ici

Nous fassions entre nous un peu de paix aussi,
Quelque petit rapatriage?
CLÉANTHIS.

C'est pour ton nez, vraiment! cela se fait ainsi !

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Non, morbleu! je n'en ferai rien,
Et je veux être, à mon tour, en colere.

CLEANTHIS.

Va, va, traître, laisse-moi faire;

On se lasse par fois d'être femme de bien.

FIN DU SECOND ACTE.

ACTE TROISIEME.

OUI,

SCENE I.

AMPHITRYON.

sans doute, le sort tout exprès me le cache; Et des tours que je fais, à la fin, je suis las.

Il n'est point de destin plus cruel, que je sache.
Je ne saurois trouver, portant par-tout mes pas,
Celui qu'à chercher je m'attache,

Et je trouve tous ceux que je ne cherche pas.
Mille fâcheux cruels, qui ne pensent pas l'être,
De nos faits avec moi, sans beaucoup me connoître,
Viennent se réjouir pour me faire enrager.
Dans l'embarras cruel du souci qui me blesse,
De leurs embrassements et de leur alégresse
Sur mon inquiétude ils viennent tous charger.
En vain à passer je m'apprête
Pour fuir leurs persécutions,

Leur tuante amitié de tous côtés m'arrête;
Et, tandis qu'à l'ardeur de leurs expressions
Je réponds d'un geste de tête,

Je leur donne tout bas cent malédictions.
Ah! qu'on est peu flatté de louange, d'honneur,
Et de tout ce que donne une grande victoire,
Lorsque dans l'ame on souffre une vive douleur !
Et
que l'on donneroit volontiers cette gloire

Pour avoir le repos du cœur!
Ma jalousie, à tout propos,
Me promene sur ma disgrace;
Et plus mon esprit y repasse,

Moins j'en puis débrouiller le funeste chaos.
Le vol des diamants n'est pas ce qui m'étonne;
On leve les cachets, qu'on ne l'apperçoit pas :
Mais le don qu'on veut qu'hier j'en vins faire en per-

sonne

Est ce qui fait ici mon cruel embarras.

La nature par fois produit des ressemblances
Dont quelques imposteurs ont pris droit d'abuser:
Mais il est hors de sens que, sous ces apparences,
Un homme pour époux se puisse supposer;
Et dans tous ces rapports sont mille différences
Dont se peut une femme aisément aviser.

Des charmes de la Thessalie

On vante de tout temps les merveilleux effets :
Mais les contes fameux qui par-tout en sont faits
Dans mon esprit toujours ont passé pour folie;
Et ce seroit du sort une étrange rigueur
Qu'au sortir d'une ample victoire

Je fusse contraint de les croire

Aux dépens de mon propre nonneur.
Je veux la retâter sur ce fâcheux raystere,
Et voir si ce n'est point une vaine chimere
Qui sur ses sens troublés ait su prendre crédit.
Ah! fasse le ciel équitable

Que ce penser soit véritable,

Et que, pour mon bonheur, elle ait perdu l'esprit !

SCENE I 1.

MERCURE, AMPHITRYON.

MERCURE, sur le balcon de la maison d'Amphitryon, sans étre vu ni entendu par Amphi tryon.

Comme l'amour ici ne m'offre aucun plaisir,

Je m'en veux faire au moins qui soient d'autre nature,

Et je vais égayer mon sérieux loisir

A mettre Amphitryon hors de toute mesure.
Cela n'est pas d'un dieu bien plein de charité :
Mais aussi n'est-ce pas ce dont je m'inquiete;
Et je me sens par ma planete

A la malice un peu porté.

AMPHITRYON.

D'où vient donc qu'à cette heure on ferme cette porte?

MERCURE.

Hola! tout doucement. Qui frappe?
AMPHITRYON, sans voir Mercure.

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Comment, ouvre ! Et qui donc es-tu, toi

Qui fais tant de vacarme et parles de la sorte?

AMPHITRYON.

Quoi! tu ne me connois pas ?

MERCURE.

Non,

Et n'en ai pas la moindre envie.
AMPHITRYON, à part.

Tout le monde perd-il aujourd'hui la raison ?
Est-ce un mal répandu? Sosie! holà, Sosie!

MERCURE.

Hé bien, Sosie! oui, c'est mon nom;
As-tu peur que je ne l'oublie ?

AMPHITRYON.

Me vois-tu bien?

MERCURE.

Fort bien. Qui peut pousser ton bras

A faire une rumeur si grande?

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Tout beau! Si pour heurter tu fais la moindre instance, Je t'enverrai d'ici des messagers fâcheux.

AMPHITRYON.

O ciel! vit-on jamais une telle insolence?

La peut-on concevoir d'un serviteur, d'un gueux?

MERCURE.

Hé bien! qu'est-ce? M'as-tu tout parcouru par ordre?
M'as-tu de tes gros yeux assez considéré ?
Comme il les écarquille, et paroît effaré!
Si des regards on pouvoit mordre,
Il m'auroit déja déchiré.

AMPHITRYON.

Moi-même je frémis de ce que tu t'apprêtes
Avec ces impudents propos.

Que tu grossis pour toi d'effroyables tempêtes!
Quels orages de coups vont fondre sur ton dos!

MERCURE.

L'ami, si de ces lieux tu ne veux disparoître,
Tu pourras y gagner quelque contusion.

AMPHITRYON.

Ah! tu sauras, maraud, à ta confusion,

Ce que c'est qu'un valet qui s'attaque à son maître.

MERCURE.

Toi, mon maître?

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