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POLIDORE.

Un tel événement rend tes esprits confus :
Mais en vain tu voudrais balancer là-dessus.

VALÈRE.

Non, non, je ne veux pas songer à m'en défendre ;
Et si cette aventure a lieu de me surprendre,

La surprise me flatte ; et je me sens saisir
De merveille à-la-fois, d'amour, et de plaisir :
Se peut-il que ces yeux?...

ALBERT.

Cet habit, cher Valère,

Souffre mal les discours que vous lui pourriez faire. Allons lui faire en prendre un autre ; et cependant Vous saurez le détail de tout cet incident.

VALÈRE.

Vous, Lucile, pardon si mon âme abusée......

LUCILE.

L'oubli de cette injure est une chose aisée.

ALBERT.

Allons, ce compliment se fera bien chez nous,
Et nous aurons loisir de nous en faire tous.

ÉRASTE.

Mais vous ne songez pas, en tenant ce langage,
Qu'il reste encore ici des sujets de carnage.
Voilà bien à tous deux notre amour couronné ;
Mais, de son Mascarille et de mon Gros-René,
Par qui doit Marinette être ici possédée,
Il faut que par le sang l'affaire soit vidée.

MASCARILLE.

Nenni, nenni; mon sang dans mon corps sied trop bien:
Qu'il l'épouse en repos, cela ne me fait rien.
De l'humeur que je sais la chère Marinette,
L'hymen ne ferme pas la porte à la fleurette.

MARINETTE.

Et tu crois que de toi je ferais mon galant?
Un mari, passe encor, tel qu'il est on le prend ;
On n'y va pas chercher tant de cérémonie :
Mais il faut qu'un galant soit fait à faire envie.
GROS-RENÉ.

Écoute: quand l'hymen aura joint nos deux peaux,
Je prétends qu'on soit sourde à tous les damoiseaux.

MASCARILLE.

Tu crois te marier pour toi tout seul, compère ?

GROS-RENÉ.

Bien entendu : je veux une femme sévère,

Ou je ferai beau bruit.

MASCARILLE.

Hé! mon Dieu ! tu feras

Comme les autres font, et tu t'adouciras.

Ces gens, avant l'hymen si fàcheux et critiques,
Dégénèrent souvent en maris pacifiques.

MARINETTE.

Va, va, petit mari, ne crains rien de ma foi ;

Les douceurs ne feront que blanchir contre moi,
Et je te dirai tout.

Un mari confident!

MASCARILLE.

O la fine pratique,

MARINETTE.

Taisez-vous, as de pique.

ALBERT.

Pour la troisième fois, allons-nous-en chez nous Poursuivre en liberté des entretiens si doux.

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FIN DU DÉPIT AMOUREUX.

LES PRÉCIEUSES

RIDICULES,

COMÉDIE EN UN ACTE.

1659.

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GORGIBUS, bon bourgeois.

MADELON, fille de Gorgibus, précieuse ridicule.
CATHOS, nièce de Gorgibus, précieuse ridicule.
MAROTTE, servante des précieuses ridicules.
ALMANZOR, laquais des précieuses ridicules.
Le marquis DE MASCARILLE, *valet de La
Grange.

Le vicomte DE JODELET, valet de Du Croisy.
LUCILE, voisine de Gorgibus.

⚫ CÉLIMÈNE, voisine de Gorgibus.

DEUX PORTEURS DE CHAISE.

VIOLONS.

La Scène est à Paris, dans la maison de

Gorgibus.

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