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Quoi !TM

LÉLIE.

MASCARILLE.

Tuez-vous donc vite. Ah! que de longs devis !
LÉLIE.

Tu voudrais bien, ma foi! pour avoir mes habits,
Que je fisse le sot, et que je me tuasse.

MASCARILLE.

Savais-je pas qu'enfin ce n'était que grimace;
Et, quoi que ces esprits jurent d'effectuer,
Qu'on n'est point aujourd'hui si prompt à se tuer !

SCENE VIII.

TRUFALDIN, LÉANDRE, LÉLIE,
MASCARILLE.

(Trufaldin parle bas à Léandre, dans le fond du théâtre.)

LÉLIE.

Que vois-je? Mon rival et Trufaldin ensemble!
Il achète Célie. Ah! de frayeur je tremble!

MASCARILLE.

Il ne faut point douter qu'il fera ce qu'il peut';
Et, s'il a de l'argent, qu'il pourra ce qu'il veut,
Pour moi, j'en suis ravi. Voilà la récompense
De vos brusques erreurs, de votre impatience.

LÉLIE.

Que dois-je faire ? dis: veuille me conseiller.

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MASCARILLE.

Allez, je vous fais grâce :

Je jette encore un œil pitoyable sur vous.
Laissez-moi l'observer: par des moyens plus doux
Je vais, comme je crois, savoir ce qu'il projette.
(Lélie sort. )

TRUFALDIN, à Léandre.

Quand on viendra tantôt, c'est une affaire faite. (Trufaldin sort.)

MASCARILLE, à part, en s'en allant.

Il faut que je l'attrape, et de
que ses desseins
Je sois le confident pour mieux les rendre vains.
LÉANDRE, seul.

Grâces au ciel, voilà mon bonheur hors d'atteinte,
J'ai su me l'assurer, et je n'ai plus de crainte.
Quoi que désormais puisse entreprendre un rival,
Il n'est plus en pouvoir de me faire du mal.

SCÈNE IX.

LÉANDRE, MASCARILLE.

MASCARILLE dit ces deux vers dans la maison, et entre sur le théâtre.

Aie! aie! à l'aide ! au meurtre! au secours! on m'assomme. Ah! ah! ah! ah! ah! ah! O traître! ô bourreau d'homme!

LÉANDRE.

D'où procède cela? Qu'est-ce ? que te fait-on ?

MASCARILLE.

On vient de me donner deux cents coups de bâton...

LÉANDRE.

Qui ?

MASCARILLE.

Lélie.

LÉANDRE.

Et pourquoi ?

MASCARILLE.

Pour une bagatelle

Il me chasse et me bat d'une façon cruelle.

LÉANDRE.

Ah! vraiment, il a tort!

MASCARILLE.

Mais, ou je ne pourrai,

Ou je jure bien fort que je m'en vengerai.

Oui, je te ferai voir, batteur que Dieu confonde !
Que ce n'est pas pour rien qu'il fant rouer le monde;

Que je suis un valet, mais fort homme d'honneur ;
Et qu'après m'avoir eu quatre ans pour serviteur,
Il ne me fallait pas payer en coups de gaules,
Et me faire un affront si sensible aux épaules.
Je te le dis encor, je saurai m'en venger.

Une esclave te plaît, tu voulais m'engager
A la mettre en tes mains ; et je veux faire en sorte
Qu'un autre te l'enlève, on le diable m'emporte!
LÉANDRE.

Écoute, Mascarille, et quitte ce transport.
Tu m'as plu de tout temps, et je souhaitais fort
Qu'un garçon comme toi, plein d'esprit et fidèle,
A mon service un jour pût attacher son zèle.
Enfin, si le parti te semble bon pour toi,
Si tu veux me servir, je t'arrête avec moi.

MASCARILLE.

Oui, monsieur, d'autant mieux le destin propice

que

M'offre à me bien venger en vous rendant service;

Et

que dans mes efforts pour vos contentemens

Je puis à mon brutal trouver des châtimens :

De Célie, en un mot, par mon adresse extrême...
LÉANDRE.

Mon amour s'est rendu cet office lui-même.
Enflammé d'un objet qui n'a point de défaut,
Je viens de l'acheter moins encor qu'il ne vaut.

MASCARILLE.

Quoi! Célie est à vous?

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