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tion, et qui vient combler une lacune connue. Elle sera un de nos fac-simile. Ce n'était pas, comme tant d'autres, une perte ignorée ; nous savions que la lettre avait existé, et nous la croyions détruite.

A la suite de cette lettre, nous donnons, selon la coutume, celles de la petite-fille de Mme de Sévigné, de sa bien-aimée Pauline, Mme de Simiane. C'est l'usage de clore par ce qui nous reste de sa pâle et modeste correspondance les lettres de son aieule. Si l'exemple n'eût été donné avant nous, je ne sais si nous aurions osé le donner les premiers. Dieu nous garde de nous associer à la brutale sentence que prononçait Mme du Deffand, au moment où elle achevait la lecture de la première édition des lettres de Mme de Simiane, publiée en 1773! << Il est ineffable, écrivait-elle à Horace Walpole, qu'on les ait gardées; elles devoient être jetées derrière le feu à mesure qu'on les recevoit1. » Walpole ne dit pas non, mais au moins il répond judicieusement: « Je trouve que Mme de Simiane, ayant eu quelque chose à dire, l'eût bien dit. » Et c'est bien là l'impression que nous laisse la lecture de ces lettres, où l'on trouve çà et là des expressions spirituelles et agréables, et partout un ton « qui rappelle, comme le dit M. Mesnard', qu'elle avait été à bonne école. » Malheureusement, il en faut convenir, dans la partie de sa correspondance qui nous a été conservée, elle a eu bien peu de chose à dire. Elle nous eût sans doute mieux rappelé sa grand'mère si nous avions les lettres qu'elle a dû écrire de Paris en province, pendant les années qu'elle passa à la cour comme dame de compagnie de la duchesse d'Orléans, ou encore celles qu'elle écrivait bien certainement de Provence à Paris, durant les trois années que son mari exerça, comme successeur du comte de Grignan, la charge de lieutenant général. Dans sa retraite, à la fin de sa vie (presque toutes ses lettres sont de ses six ou sept dernières années), elle n'a

1. Voyez au tome II (p. 362) de la Correspondance complète de Madame la marquise du Deffand, publiée par M. de Lescure, Paris, 1865, la lettre du 13 novembre 1773.

2. Voyez au tome I la Notice biographique sur Mme de Sévigné, p. 315.

vraiment plus rien à dire, ou, ce qui est pis, elle n'a plus à dire que des riens. Je sais bien ce que les riens deviennent sous la plume de Mme de Sévigné : ce n'est pas quand elle n'a rien à rapporter et qu'elle se raconte elle-même dans ses lettres, et qu'elle y met, à défaut de faits, son cœur, son esprit, son âme, qu'elle nous charme le moins; mais il faut pour cela des correspondants plus intimes, des liens plus étroits que ne paraissent être ceux de Mme de Simiane avec l'intendant d'Héricourt et avec le marquis de Caumont. En somme, cette place qu'elle occupe à la suite de l'inimitable épistolière, et qu'elle ne justifie que par sa qualité de membre de la famille, lui a fait sans doute une grande étendue de renommée; mais renom et gloire n'est pas même chose. Judicieuse comme elle nous paraît, auraitelle consenti à sauver de l'oubli le peu qui nous reste d'elle? Sûre de toute manière d'avoir sa petite part de l'immortalité assurée à toute sa maison, elle eût préféré, je le crois, de demeurer pour la postérité, sous des traits un peu vagues, l'aimable Pauline qu'elle est dans les lettres de son aïeule.

Quoi qu'il en soit, M. Monmerqué, pour se conformer à l'usage établi, a préparé une nouvelle édition de cette annexe en même temps que du corps même de la correspondance, et nous avons cru qu'il était de notre devoir, sans éprouver le même attrait à le remplir, de donner aussi à ce supplément nos soins très-attentifs 1. Si cette partie a été, comme le reste de la collection, très-notablement améliorée, c'est à M. Anatole de Gallier, de Tain, que nos lecteurs le doivent. C'est par son entremise et grâce à lui que M. Monmerqué a eu communication de cinquante-six lettres inédites, qui ôtent au moins à la correspondance de Mme de Simiane quelque peu de sa monotonie. A part quelques billets insignifiants, nous n'avions d'elle

1. Malgré ces soins attentifs, nous nous sommes rendus coupables, dans l'annotation des lettres de Mme de Simiane, d'un oubli, d'une erreur de mémoire que nous demandons la permission de réparer ici sans attendre l'Errata. Ausujet d'une certaine allusion que nous avons relevée à la page 208 de ce tome XI, nous avons cité un passage de la Bérénice de Racine; c'était au Menteur de Corneille qu'il fallait renvoyer les mots sur lesquels joue Mme de Simiane y reviennent jusqu'à trois fois, aux vers 702, 1130, 1170.

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que ses lettres à d'Héricourt, à qui le plus souvent elle ne parle qu'en solliciteuse. Les lettres nouvelles sont adressées à M. le marquis de Seytres-Caumont; elles ont été mises à la disposition de M. de Gallier, et par lui de M. Monmerqué, par Mme la comtesse de Laborde-Caumont, une des dernières descendantes de cette antique maison. M. de Gallier a fait luimême avec le plus grand soin la copie des autographes, et non content de cela, il a consenti de très-bonne grâce à devenir notre collaborateur. Il a rédigé un très-grand nombre de notes de ces lettres nouvelles et a pris la peine de revoir les notes des anciennes et de nous aider à les rectifier et compléter. Très-versé dans l'histoire du Dauphiné et de la Provence, il nous a fourni particulièrement la plupart des éclaircissements et informations empruntés à l'histoire locale, à l'histoire des familles. Enfin il a écrit une élégante et sobre notice sur Mme de Simiane, que nous sommes heureux de pouvoir placer en tête de ses lettres. Pendant qu'il s'associait fort obligeamment à notre travail, nous avons eu plus d'une fois l'occasion de lui témoigner notre gratitude et de lui promettre celle des lecteurs nous sommes assuré qu'ils ne nous démentiront pas.

D'autres additions, moins importantes, mais dont nous sommes aussi très-reconnaissant, sont celles de quatre lettres inédites à la marquise de Rousset, envoyées à M. Monmerqué dès 1834 par M. le comte Hector d'Agoult; de deux lettres à Champcartier, dont les originaux appartiennent à M. Hersart du Buron; d'une autre lettre au marquis de Caumont, que possède M. Cousin; et de deux lettres au marquis de Villeneuve, insérées par M. Roux-Alphéran dans le tome I de son ouvrage intitulé: les Rues d'Aix. Ces deux lettres sont aujourd'hui à la bibliothèque d'Aix, et le savant bibliothécaire M. Rouard, qui nous a donné d'autres preuves encore de son obligeance, a bien voulu nous en adresser une nouvelle copie, qu'il a faite de sa main. Enfin nous avons trouvé dans diverses collections les originaux de plusieurs des lettres publiées dès 1773, et partout on nous a autorisé avec beaucoup de bonté à faire une nouvelle collation du texte.

Les lettres de Mme de Simiane sont suivies dans ce volume d'un écrit de Mme de Grignan et d'un opuscule de Charles de

Sévigné. L'un et l'autre ont gagné, comme on le verra dans les notes, à la révision que nous en avons faite. L'original autographe du premier appartient à Mme la vicomtesse du Manoir, qui nous a permis, de la manière la plus bienveillante, d'y comparer, pour le corriger, le texte fautif de l'édition Klostermann. Nous disons plus loin (p. 339) pourquoi nous n'avons pas joint les opuscules de Mme de Simiane à ceux de sa mère et de son oncle.

La Table générale des sources manuscrites et imprimées, qui suit les opuscules, nous a paru, pour une édition de Mme de Sévigné conçue et exécutée comme celle-ci, un appendice indispensable, bien moins pour faire voir combien la tâche a été longue et pénible et les recherches nombreuses et diverses, que comme moyen de contrôle, et surtout pour montrer le degré de confiance que méritent les lettres selon les sources auxquelles elles sont puisées: originaux autographes, copies anciennes ou modernes, éditions anciennes antérieures à Perrin. Cette table a été faite sous ma constante direction, et avec l'attention scrupuleuse qu'elle demandait, par M. Desfeuilles et mon fils aîné, qui m'ont secondé dans tout le cours du travail de l'édition, et particulièrement, outre les services dont il est parlé dans l'Avertissement du tome I, pour la correction des épreuves, avec un infatigable bon vouloir.

La dernière partie de ce tome XI est la Notice bibliographique, pour laquelle je me suis servi d'un certain nombre de notes laissées par M. Monmerqué, et que je me félicite d'avoir renvoyée à la fin de l'ouvrage, parce qu'elle a beaucoup gagné à l'expérience acquise pendant plusieurs années de commerce journalier avec les matériaux de l'édition. Mon travail a été grandement allégé et ma sécurité fort accrue par la collaboration de M. Pauly, de la Bibliothèque impériale, qui a fait un relevé, aussi complet qu'il lui a été possible, des éditions de Mme de Sévigné, et a vérifié les titres sur les livres mêmes, toutes les fois qu'il les a eus à sa disposition. A mes remercîments pour ce travail exact et minutieux, je joins ici ceux que je dois à M. Pauly, pour l'obligeance avec laquelle il a bien voulu faire, à la Bibliothèque impériale, pendant l'impression de nos onze volumes, beaucoup

de recherches et de vérifications par moi indiquées et pour lesquelles le temps m'eût manqué.

Nous donnons après la Notice bibliographique, et pour la compléter, les Préfaces et Avertissements des diverses éditions originales des Lettres de Mme de Sévigné, y compris la Notice, rédigée par M, Monmerqué, qui sert de préface à l'édition de 1818. Ce sont des documents indispensables pour l'histoire de ces lettres. Ceux qui sont rédigés par Perrin, par la Harpe (pour l'édition de 1773), par M. Monmerqué, ont de l'intérêt par eux-mêmes; tous en ont pour la bibliographie et, nous venons de le dire, pour l'histoire de notre texte.]

Il nous reste à payer une dette dont maintenant nous pouvons nous acquitter aisément, non plus d'une façon vague et générale, mais d'une manière précise et en faisant la part de chacun. La Table des sources apprend au lecteur, dans la première colonne, à qui nous sommes redevables des nombreux secours et de toutes les précieuses communications qui ont permis à M. Monmerqué de préparer, comme il l'a fait, cette édition nouvelle, et à nous de le suppléer efficacement dans les derniers soins qu'elle demandait et de diriger la publication. Avant tout, comme on le verra dans cette table et dans la Notice bibliographique, notre reconnaissance est due à Mme la duchesse d'Harcourt, pour avoir mis si libéralement à notre disposition le manuscrit d'un prix incomparable qui est depuis plus d'un siècle dans sa famille paternelle, et qu'elle a fait venir de sa bibliothèque de Grosbois à Paris pour nous le confier pendant aussi longtemps qu'il nous a été utile; à M. le comte et à Mme la comtesse de Guitaut, pour nous avoir donné accès dans les riches archives d'Époisse, qui contiennent la plus grande collection aujourd'hui existante de lettres de Mme de Sévigné, collection qui se complète par deux lettres que possède Mme la comtesse Bresson, lesquelles nous ont été également communiquées avec beaucoup de bonté; à M, Hersart du Buron, qui nous a permis de prendre copie des lettres d'affaire que se sont transmises successivement les propriétaires de la terre du Buron; à M. Feuillet de Conches, qui possède, parmi tant d'autres richesses inappréciables, plusieurs autographes de Mme de Sévigné, et nous a généreusement autorisé à les copier, à les

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