6 MARITIMES ET COLONIALES, RECUEIL You DE LOIS ET ORDONNANCES ROYALES, RÉGLEMENS ET DÉCISIONS MINISTÉRIELLES, MÉMOIRES, CONTERANT TOUT CE QUI PEUT INTÉRESSER LA MARINE ET LES COLONIES, JUDICIAIRES, NAUTIQUES, CONSULAIRES ET COMMERCIAUX } PUBLIÉ AVEC L'APPROBATION DU MINISTRE DE LA MARINE ET DES COLONIES, PAR M. BAJOT, Commissaire de marine honoraire, Chef du bureau des lois au Ministère, 60 16 ANNÉE:- 2° SÉRIE. Ile PARTIE, TOME II. PARIS. DE L'IMPRIMERIE ROYALE M DCCC XXXI. mm ANNALES MARITIMES ET COLONIALES. [ N° 1"". ] RELATION d'un voyage fait à Demerary et à Surina:n, en décembre 1829, janvier et février 1830, d'après les ordres de M. JUBELIN, gouverneur de la Guiane française, par M. COUSINERY, ingénieur en chef de cette colonie, à bord de la goëlette du Roi la Mésange, commandée par M. FENOUx, lieutenant de vaisseau. PARTIS de Caïenne le 18 décembre 1829, sur la goëlette du roi la Mésange, commandée par M. Fenoux, lieutenant de vaisseau, nous sommes arrivés le 23 du même mois en vue de Demerary. Là se sont présentés à nous tous les indices d'une grande ville et d'un commerce florissant. Depuis quelque temps, les rivages que nous parcourions se montraient couverts de riches habitations; et à peine étions-nous en vue du port, que nous avons aperçu, au loin en mer, un bateau pilote portant n° 3, qui s'est dirigé sur nous; un de ses hommes est venu à bord, et, après nous avoir fait franchir la passe, nous a mouillés en face du fort et en tête de la rade: un grand navire hollandais entrait en même temps que nous. Nous avons trouvé le port rempli de navires de toute grandeur, parmi lesquels on remarquait au moins soixante forts trois-mâts, presque tous anglais ou hollandais. Une seule goëlette portait pavillon blanc (1); on nous a assuré que, (1) C'était la Desirée, goélette de Caïenne. depuis 1814, c'est la seule fois qu'on a vu dans ce port deux navires français. Un officier du bord s'est immédiatement rendu à terre pour traiter du salut et s'informer de l'heure où nous pourrions être reçus par le gouverneur. A son retour, il nous a rapporté que nous pourrions nous présenter le lendemain à midi. Après le salut, nous sommes descendus à terre. La ville est située sur la rive droite et à l'embouchure de la rivière presque toutes les maisons sont construites avec soin et même avec luxe et élégance. Il n'y a point de quais, mais on y supplée par de nombreux débarcadères : dans la rue marchande, qui longe la rivière, chaque maison située du côté de l'eau en est pourvue; les marchandises sont reçues au débarcadère, et débitées dans la boutique, dont la porte se trouve immédiatement en face. Le terrain de la ville est submersible; les chaussées des rues latérales servent de digues; des canaux d'écoulement, des écluses et des ponts se présentent à chaque pas; beaucoup de ponts sont en bois, quelquesuns sont construits en brique, et n'indiquent pas en général beaucoup de recherche dans les constructions publiques. II n'en est pas de même des temples et des maisons particulières; tous ces édifices sont peints avec soin, quelques-uns avec élégance, et présentent en général des formes inusitées : beaucoup de maisons n'ont pas de rez-de-chaussée; elles sont élevées sur pilotis formant chandelle, ou sur poteaux entés sur un grillage et couronnés d'un chapeau, ou enfin sur piliers isolés en brique; mais, d'après la nature du terrain, ces piliers doivent être également fondés sur pilotis ou grillages. Le n° 2, planche 1, des dessins, présente la vue perspective de l'une de ces maisons. Nous en avons remarqué quelques-unes construites entièrement en brique et nouvellement bâties; ces maisons avaient des portes et des fenêtres en fer, dont la destination est de les préserver de l'incendie; nous en avons trouvé une autre recouverte en lames de ferblanc peint, placées comme des bardeaux. Il y a aussi à De |