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mitivement; il n'exprime point l'attraction exercée par le succin frotté; il ne dérive pas de l'hébreu, mais du grec, et il exprime l'éclat lumineux. Un texte d'Euripide indique clairement que le succin n'a été appelé zrpov qu'à cause de sa ressemblance d'éclat et de couleur avec un corps nommé ainsi plus anciennement et auquel le poëte le compare. Quel est ce corps appelé zτpov par Homère? La plupart des auteurs anciens ont cru, peut-être avec raison, que c'était l'alliage d'or et d'argent. Cependant quelques textes anciens semblent indiquer que le mot szтpov a désigné d'abord une substance vitreuse; Hérodote, ayant à parler de l'alliage d'or et d'argent, le nomme or blanc et non po; au lieu d'être cet alliage, l'expo d'Homère, employé à des incrustations sur métal, pourrait être un émail d'un jaune clair. Quoi qu'il en soit, ce nom, donné à cet émail ou à un alliage de même couleur, a été appliqué plus tard au succin par assimilation. C'est sans aucune raison que quelques savants ont cru reconnaître dans l'λɛz-pov le platine. D'après des témoignages irrécusables, c'était bien le succin qu'on estimait plus que de l'or et qui servait à faire des statuettes. Ce même corps a reçu, en grec, en latin et dans les langues orientales, des noms très-divers, dont un paraît expliquer le nom moderne d'ambre jaune. Le mythe qui rattache le succin à la fable de Phaéthon et des Héliades est peu ancien en Grèce. La plupart des auteurs grecs, et surtout les plus anciens, rapportaient ce mythe à la Gaule cisalpine et à la Ligurie, royaume de Cycnus, ami de Phaéthon. Le succin venait surtout de la Baltique, mais par la navigation du Rhin et du Rhône, et, dans la Gaule Cisalpine, il était l'objet d'un grand commerce. Des auteurs romains ont très-bien constaté d'où venait cette substance alors si précieuse. Beaucoup d'auteurs, moins bien renseignés, la faisaient venir des contrées les plus diverses, et l'on émettait les hypothèses les plus fausses sur sa nature. Cependant, en empruntant à différents auteurs, on peut reconstituer avec des textes anciens, une notice passablement exacte sur cette résine fossile du pinites succinifer et sur ses variétés principales. Le Lyncurium des anciens, sur l'origine duquel on débitait des fables ridicules, était une de ces variétés, ou bien une hyacinthe zircon brun-orange, électrisable par le frottement de même que le succin,

plutôt qu'une tourmaline rubellite, comme l'ont cru quelques savants modernes.

M. Noël des Vergers fait la communication suivante :

Note sur une lessère gladiatoriale.

ANALYSE.

M. Noël des Vergers, correspondant de l'Académie, présente à la Compagnie un monument dont il vient de faire l'acquisition à Rome où il avait été récemment découvert. M. des Vergers en a expliqué, en quelques mots, la valeur historique. Il s'agit d'une de ces tessères accordées aux gladiateurs qui avaient été vainqueurs dans les jeux sanglants de l'amphithéâtre. Elles portent ordinairement le nom du gladiateur, celui de son maître et la date précise du combat, indiquée par le nom des consuls alors en charge. Ces monuments deviennent ainsi très-précieux pour la chronologie des fastes consulaires dont les lacunes sont si fréquentes et si difficiles à combler quand il s'agit de consuls substitués (consules suffecti dont les noms sont toujours portés sur ces tessères.

Le monument présenté à l'Académie est daté du troisième consulat de Titus (an de Rome 827, de J.-C. 74) et lui donne pour collègue Tiberius Plautius Silvanus Ælianus, personnage deux fois consulaire, dont la carrière se trouve retracée sur une ancienne inscription, encore encastrée dans le tombeau des Plautius près Tivoli, avec de précieux détails, trop rares dans les textes si sobres de l'épigraphie latine. Pontife, triumvir monétaire, questeur de Tibère, légat de la cinquième légion en Germanie, consul, proconsul d'Asie, préfet de Rome, Plautius Ælianus a surtout bien mérité de la patrie par les éminents services qu'il a rendus aux armées romaines pendant qu'il était propréteur en Mésie. Il y établit plus de cent mille habitants de la rive gauche du Danube avec leurs femmes, leurs enfants, leurs princes et leurs rois; il comprima la rébellion des Sarmates, bien qu'il eût envoyé en Arménie, au moment où elle éclata, la plus grande partie de son armée; il fit passer, sur la rive soumise du fleuve, des princes jusqu'alors ennemis de Rome. I

remit entre les mains des Bastarnes et des Roxolans les fils de leurs frères, les Daces, enlevés à l'ennemi, et, en ayant reçu des otages en échange, il consolida ainsi la paix de ces provinces, puis il délivra la ville de Cherson qui se trouvait alors attaquée par le roi des Scythes, et rendit encore un plus grand service à Rome, ayant été le premier qui y envoya les blés de la mer Noire. Aussi, ayant été nommé légat en Espagne, il en fut bientôt rappelé pour exercer la charge de préfet de la Ville. Ce fut alors que Vespasien lui accorda les ornements triomphaux et le nomma consul pour la seconde fois.

Le monument qui fixe la date de ce second consulat de Plautius Ælianus a donc le double intérêt, non-seulement de compléter les fastes de l'année de notre ère 74 (de Rome 827), mais encore de déterminer approximativement la date des événements importants dont ce consulat fut la récompense. Ces événements ne nous sont connus que par le Cursus honorum de Plautius Ælianus, et les documents relatifs à ces contrées, d'où devaient sortir plus tard les ennemis les plus terribles de l'empire romain, sont bien rares à cette époque.

M. Noël des Vergers dépose sur le bureau, de la part de M. Minervini, correspondant de l'Académie à Naples, les nos 152 à 162, VII année du Bollettino archeologico de Naples, avec sept planches d'inscriptions et de monuments de l'art.

Sont déposés également: le no 53, juillet 1859, du Journal de la Société asiatique, v série, tome XIV, renfermant le Rapport annuel de M. le secrétaire J. MOHL, membre de l'Académie, sur les travaux de la Société et le mouvement des études orientales en 1858-1859, in-8°;

La Revue orientale et américaine, no 11, août 1859, in-8°.

Séance du 14.

M. Peigné-Delacourt adresse à l'Académie son ouvrage intitulé: Supplément aux recherches sur l'emplacement de Noviodunum et de divers autres lieux du Soissonnais, Amiens, 1859, in-8°. Renvoyé, sur la demande de l'auteur, à la commission des antiquités de la France.

M. JOMARD lit un Rapport, au nom de la Commission chargée par l'Académie de préparer des instructions pour M. Mariette, préposé

par Son Altesse le vice-roi à la recherche et à la conservation des monuments de l'Égypte (4).

ANALYSE.

« L'Académie des inscriptions et belles-lettres (Institut impérial de France) a appris avec satisfaction de M. Mariette que S. A. le vice-roi d'Égypte, Mohamed-Saïd, avait résolu de prendre des mesures efficaces pour la conservation des monuments de l'antiquité et ordonné la construction d'un musée où seraient déposés les ouvrages antiques, encore exposés à la destruction et qui sont susceptibles d'être transportés dans le nouvel établissement; enfin, que Son Altesse avait donné des ordres au conservateur du musée égyptien pour le déblayement des temples, des palais et des édifices antiques jusqu'au sol. C'est pour la première fois peut-être qu'un souverain musulman prend soin de la conservation des ouvrages de l'antiquité et donne une preuve si éclatante de son zèle éclairé pour le progrès des sciences.

«En confiant à M. Mariette ces importants travaux, Son Altesse a fait le choix le plus heureux; l'Académie, en effet, a entendu avec l'intérêt le plus vif le récit de ses découvertes dans la Haute-Égypte, comme elle l'avait déjà fait quand il lui a rendu compte, il y a quelques années, de ses recherches à Memphis, au Sérapéum et aux Pyramides.

« Ce savant explorateur ayant fait connaître que Son Altesse désirait que l'Académie voulût bien lui donner des instructions, et l'Académie, souhaitant que la science archéologique tire le plus grand fruit possible des recherches qui restent à faire sur le sol de la Basse et de la Haute-Égypte, comme des dispositions libérales qui viennent d'être adoptées par le prince, une commission spéciale a été nommée pour dresser un tableau à peu près complet des lacunes qui restent à remplir dans la connaissance des monuments antiques.

« En conséquence, l'Académie, en félicitant et en remerciant Son

(4) La Commission était composée de MM. JOMARD, LENORMANT, Vicomte DE ROUGE, DE LONGPERIER, et Brunet de Presle.

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Altesse pour la protection éclairée qu'elle accorde aux sciences, a l'honneur de lui adresser, par M. Mariette, l'indication suivante des points qu'il importerait d'explorer. En protégeant ces nouvelles recherches, si importantes sous le rapport de l'histoire, Son Altesse acquerra un titre de plus à l'estime de l'Europe savante, et il en rejaillira certainement sur son nom une gloire nouvelle et durable. » 1° BASSE-ÉGYPTE et DELTA. Les vestiges de l'antiquité sont ici moins apparents que dans la Haute-Egypte, parce que la guerre a moins épargné ce pays aux différentes époques, et que le Nil, moins encaissé que dans la vallée supérieure, couvre de ses inondations une plaine immense. On y comptait autrefois plus de quarante villes, dont quelques-unes étaient métropoles de nomes. Et l'on ne trouve plus aujourd'hui un seul temple debout dans toute cette région. A peine à Bahbeyt, Isidis oppidum ou Anytis, et à Taposiris, à l'extrême occident, voit-on quelques ruines qui attestent du moins que, dans le premier de ces lieux, était un édifice de grande dimension en granit noir et rouge, et analogue au temple d'Athor à Tentyris. Les sculptures mériteraient d'être recueilles et étudiées.

L'antique Tanis, Sân, n'est pas moins digne d'attention. Quoique les monuments aient été détruits, on peut, dans leurs débris du moins, retrouver de précieuses indications historiques. On a pu lire sur l'un des obélisques le nom du roi Apapi (Apophis), l'un des souverains pasteurs, et l'on conjecture que Tanis a été l'emplacement d'Ha-Ouar (Avaris). M. DE ROUGE pense que le roi Apapi était établi à Ha-Ouar au moment où la guerre éclata entre les pasteurs et les rois de la dynastie thébaine. L'histoire égyptienne a donc peut-être quelque chose à gagner aux fouilles de Sân.

On a vu à Tamiathis (Damiette), des inscriptions grecques et latines dans une mosquée, et des fragments d'obélisque près d'une porte.

Tennys (Tounah) est aujourd'hui sous les eaux du lac Menzaleh, qui sera un jour desséché par suite d'un nouveau barrage. Il laissera sans doute à découvert des ruines maintenant submergées.

Mendès (Achmoun). La commission considère ce lieu comme un des plus intéressants à explorer, quoique les ruines n'en soient pas très-apparentes.

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