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cubes. Il a été convaincu que ces murs qu'il venait de trouver étaient bien ceux qui furent enfouis sous les ruines fumantes, il y a deux mille ans, par les ordres de Scipion Émilien, et qui avaient vu à leur pied les flottes des Hannon, des Hamilcar et des Hannibal. Mais ce qui lui a surtout paru remarquable, ce qui ne se trouve nulle part ailleurs, c'est le plan qui ne ressemble à aucun plan connu et justifie le témoignage des auteurs anciens ces murs ont 33 pieds d'épaisseur; passages et salles ménagés dans l'intérieur; face extérieure épaisse de 2 mètres; couloir : 1m,90 à hauteur d'homme, par conséquent l'épaisseur, au-dessus, était de 3,90; chambres de 3m,80. M. Beulé a donc pu se rendre compte de l'énorme épaisseur de ces murs sur le sommet desquels « quatre chars pouvaient passer de front ». Il a trouvé des rangées d'amphores enterrées dans le sol, qui, selon lui, révéleraient que ces salles servaient de magasin et non d'écuries pour les éléphants comme les murs de la ville.

Se rendant compte de l'ensemble topographique de Byrsa, M. Beulé remarque qu'on avait accès à la citadelle du côté de l'orient. Les temples avaient été orientés à l'est.

Commençant ensuite les fouilles vers le sommet de la citadelle, sur le sol français, M. Beulé ne tarda pas à découvrir le faîte d'un grand monument qui ne compte pas moins de cinq absides retrouvées et de sept en y ajoutant les deux qui n'ont pas été mises au jour mais qui sont clairement indiquées. Elles sont toutes voûtées et l'ensemble de ce vaste édifice présente une façade qui n'a pas moins de cinquante-un mètres. La coupole centrale était décorée de caissons en stuc. Il y a trouvé des fragments de marbre blanc dont l'ornementation indique l'époque d'Auguste. Il a dégagé jusqu'au sol l'abside principale et la voisine. Elle a trente pieds de haut. Un piédestal était au centre; mais malheureusement M. Beulé n'a trouvé aucune inscription, aucun vestige qui pût l'éclairer sur la destination de ce vaste édifice. Ce qui est certain, c'est qu'il est d'époque romaine. Il croit que c'est le palais civil du proconsul de la province d'Afrique et que plus tard ce fut le palais des rois vandales; il ne donne d'ailleurs cette appropriation que sous toute réserve et comme une simple conjecture.

M. Beulé conclut en disant que la France possède à Byrsa, sur un sol qui lui appartient, la plus belle ruine qu'il y ait à Carthage (1).

DISCUSSION.

UN MEMBRE rappelle à l'Académie, à l'occasion de cette lecture, qu'il existait, il y a trente ans, une Société dite de Carthage, société en quelque sorte cosmopolite, puisqu'elle se composait de vingt-cinq membres savants de tous pays: MM. LETRONNE et DUREAU DE LA MALLE en faisaient partie, M. JOMARD en était président. Le fonds social était de 25,000 fr. Elle envoya deux commissaires sur les lieux; on fit des fouilles qui produisirent un certain nombre de précieux morceaux d'antiquité. Mais on ne trouva rien de phénicien. M. Beulé seul y est parvenu. M. DUREAU de La MALLE avait compris la nécessité de diriger les fouilles vers Byrsa; mais les fonds de la Société étaient épuisés. Il a paru un fascicule du récit des découvertes de cette Société.

M. GUIGNIAUT affirme que M. Beulé a connu tout ce qui s'était fait ou tenté avant lui.

M. WALLON, président : M. Beulé n'avait pas à en parler, parce que, dans sa lettre, il ne fait pas l'historique de la question, mais seulement le récit de ses travaux.

M. NAUDET, secrétaire perpétuel La Société s'est arrêtée au pied de Byrsa. C'est par le haut de la citadelle que M. Beulé a attaqué son travail. C'est donc un chemin nouveau qu'il a trouvé et suivi; il est parvenu avec ses propres fonds à un résultat auquel personne n'est arrivé avant lui. Tout ce qu'il a fait lui appartient donc en propre, et l'honneur en revient à lui seul.

M. EGGER Continue la seconde lecture de son Mémoire sur les traités internationaux chez les Grecs et les Romains.

Ont été remis au secrétariat, pour être offerts en dons, les ouvrages suivants :

Iscrizioni etrusche e etrusco-latine in monumenti che si conservano nell'I. e R. galleria degli Uffizi di Firenze, edite a fac-simile, con tavole litografiche. Aggiunte due tavole in rame con rappresentanze figurate, per cura del conte Giancarlo Conestabile, 1 vol. in-4° avec atlas.

Abhandlungen der historischen Classe der königlich bayerischen Akademie der Wisenschaften. Achten Bandes zweite Abtheilung, in der Reihe der Denkschriften der XXXII Band, in-4°.

Abhandlungen der philosoph-philologischen Classe der königlich bayeris

(1) Il est juste d'ajouter que ces belles fouilles faites en si peu de temps avec tant de sagacité, de pénétration et de savoir par le jeune professeur d'archéologie et qui ont produit de si beaux résultats, sur une si vaste échelle, ont été accomplies entièrement aux frais de M. Beulé.

chen Akademie der Wisenschaften. Achten Bandes, dritte Abtheilung, in der Reihe der Denkschriften der XXXIII Band, in-4o.

Gelehrte Anzeigen, t. XLVI et XLVII, in-4o.

Ueber nenaufgefundene Dichtungen Francesco Petrarca's, von Prof. Dr Georg. Martin Thomas, br. in-4°.

Ueber die geschichtlichen Vorstufen der neueren Rechtsphilosophie, von Prof. Dr Carl Prantl, br. in-4°.

Bulletin de la Société impériale des antiquaires de France, 4o trimestre 1858, in-4°.

Recueil des travaux de la Société d'agriculture, sciences et arts d'Agen, t. IX, 4 partic in-8°, accompagnée d'une brochure in-8° intitulée Féte annuelle du comice agricole d'Agen, etc.

Annales de l'académie d'archéologie de Belgique, t. XV, 4 re et 2a livraisons in-8°.

Catalogue des médailles grecques et romaines, composant la collection de M. le comte de Palin, ancien ministre de Suède à Constantinople, br. in-8°. Catalogue des objets contenus dans le cabinet d'antiquités de feu M. le chevalier de Palin, ex-ministre de S. M. le roi de Suède près la Porte ottomane, br. in-8°.

M. LENORMANT présente, de la part de M. Vallet de Viriville, un vol. in-12, intitulé: Chronique de la Pucelle ou Chronique de Cousinot, suivie de la Chronique normande de P. Cochon (sic), etc., publication importante pour l'histoire du xv siècle et qui a toute l'authenticité de Mémoires contemporains. L'Académie avait admis dans son recueil des savants étrangers un extrait de la dissertation de M. Vallet de Viriville sur la chronique de Cousinot. On sait avec quel bonheur il a retrouvé, au moyen de la Geste des nobles françoys, le nom et l'histoire du véritable auteur de la Chronique de la Pucelle, restée jusqu'alors anonyme, et comment il a discerné l'œuvre originale de Cousinot le chancelier et la seconde rédaction de la main de Cousinot de Montreuil, son neveu. Cette chronique sert à rectifier en plusieurs circonstances quelques récits du même temps; elle est d'un grand intérêt; on regrettera seulement que l'éditeur ait préféré la seconde rédaction à la rédaction primitive. La chronique de P. Cochon est faite au point de vue bourguignon, mais sans malveillance et sans animosité.

A cet hommage est jointe une brochure du même auteur intitulée: Charles VII, roi de France, et ses conseillers, 1.403-1461, in-8°.

Séance du 8.

M. le PRÉSIDENT DE L'INSTITUT invite l'Académie à faire choix de trois commissaires pour concerter la réponse à faire aux propositions toucham le prix triennal.

L'élection est remise à la séance prochaine.

M. le Ministre de l'instruction publique transmet un volume intitulé : Histoire de saint Veran, anachorète à Vaucluse, évêque de Cavaillon, ambassadeur du roi Gontran, par l'abbé J.-F. André, pour le concours des antiquités de la France.

M. LENORMANT continue la seconde lecture de son Mémoire sur les Antiquités du Bosphore cimmérien.

M. RENAN continue sa communication sur le Monothéisme des races sémitiques.

M. DE LONGPERIER donne communication d'une lettre de M. de LA SAUSSAVE, dans laquelle le savant numismatiste annonce la découverte qu'on vient de faire, en draguant le Rhône, de fragments de bronze de grande dimension, fragments qui ont été facilement rajustés et déposés au musée de Lyon. On croit y reconnaître une statue de Jupiter, d'un style médiocre quant à l'expression de la face, mais d'un travail habile pour le torse. On espère trouver le piédestal qui doit porter l'inscription dédicatoire.

Ont été déposés au secrétariat, pour être offerts en dons, les ouvrages suivants :

Par M. Hennin, les Monuments de l'histoire de France, t. V, 1364-1422, in-8°.

Par M. A. Challe:

40 Valléry, br. in-8°;

2o Origines historiques attribuées à Auxerre, br. in-8°;

3° Auxerre il y a cent ans, hr. in-8°;

4o Le siége ďAvallon en 4433, br. in-8°;

5o Raoul-Glabert d'Auxerre, br. in-8°.

Par M. R. Chalon, les Seigneurs de Schöneck, à propos d'une monnaie, br. in-8°.

Bibliothèque de l'École des Chartes, quatrième série, t. V, troisième livraison, in-8°.

Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. III, deuxième livraison, in-8°.

Séance du 15.

Il est donné lecture d'une lettre de M. le Ministre d'État qui, en réponse à une demande itérative, annonce qu'il a fait rechercher et assembler les papiers de feu M. Vietty, égarés dans le transport des dossiers de la direction des Beaux-arts du ministère de l'intérieur au ministère d'État, et qu'il s'empressera de les mettre à la disposition de l'Académie dès qu'ils seront réunis.

M. DE ROUGE Commence la première lecture d'un Mémoire sur l'origine égyptienne de l'alphabet phénicien.

M. EGGER Continue la seconde lecture de son Mémoire sur les traités internationaux chez les Grecs et les Romains.

M. LENORMANT continue la seconde lecture de son Mémoire sur les antiquités du Bosphore cimmérien.

Sont offerts en dons les ouvrages suivants:

Le troisième volume de l'Histoire des religions de la Grèce antique depuis leur origine jusqu'à leur complète constitution, par M. ALFRED MAURY. Ce volume couronne et complète l'œuvre par une savante exposition de la morale des religions de la Grèce comparées avec celles des autres peuples, et de l'influence de la philosophie et des cultes étrangers sur le fond des idées religieuses de la Grèce. Ce troisième volume est terminé par une table très-utile pour les études particulières après la lecture d'ensemble.

Notice sur la vie et les ouvrages de M. DE PÉTIGNY, par M. L. DE LA SAUSSAYE, br. in-8°.

Considérations sur Alesia des Commentaires de César, par M. A. Deville, correspondant de l'Académie, br. in-8°.

M. EGGER présente, de la part de l'auteur, M. Ch. Jourdain, qui a déjà offert, il y a peu de temps, son ouvrage sur la Philosophie de saint Thomas d'Aquin (couronné par l'Académie des sciences morales et politiques), un livre intitulé: Histoire du budget des cultes, complément de son Histoire du budget de l'instruction publique. Quoique ces écrits semblent s'adresser aux administrateurs plutôt qu'aux savants, ils se recommandent cependant aux esprits curieux d'études historiques par la méthode de la composition, par l'emploi de documents tous authentiques et par des considérations de l'ordre moral et religieux qui éclairent l'exposition des faits. C'est un chapitre intéressant de l'histoire de notre temps et de notre pays.

M. GUIGNIAUT présente, de la part de M. Alfred Jacobs, une brochure

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