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récits, plus ou moins développés, plus ou moins importants pour notre histoire d'outre-mer, et qui vont de l'an 1184 à l'an 1277, ont été soigneusement comparés entre eux et avec les autres sources par les éditeurs, comme en témoignent, d'une part la préface où ils rendent compte du plan et des matériaux de leur travail, d'autre part la description des manuscrits, soit de la traduction, soit de la continuation de Guillaume de Tyr, qu'ils ont consultés, mais plus que que tout cela, les annotations historiques qu'ils ont placées au bas des pages et à la suite des variantes, destinées surtout par eux à éclairer l'histoire de notre langue pour des temps où elle était si loin encore d'être fixée. Le volume, qui forme xxx et 828 pages in-folio, se termine par trois appendices considérables, d'une égale et diverse utilité : 4o l'analyse chronologique de Guillaume de Tyr et de ses continuateurs; 20 un glossaire des mots propres à la langue dont se servent ces vieux historiens; 3° une table des matières aussi détaillée qu'étendue, et qui porte sur toutes les parties de ce grand travail, texte, notes et variantes.

>> Nous voudrions pouvoir annoncer que les trois séries dont se doivent composer les Historiens Orientaux des Croisades marchent du même pas que la série Occidentale. Pour celle-ci, nous devons ajouter à ce qui vient d'être dit, que la copie entière du tome III ayant été livrée à l'imprimerie ou soumise à la Commission des travaux littéraires, déjà les premiers cahiers sont en épreuves et prêts à être tirés. Quant aux auteurs orientaux, nous sommes heureux d'avoir à dire que la partie des Historiens arabes, confiée aux soins de notre confrère M. REINAUD, grâce à l'amélioration de sa santé et aux sages mesures qu'il a prises, se relève de plus en plus. Non pas que les feuilles tirées du Ir tome aient encore dépassé six cents pages, mais un assez grand nombre de cahiers sont en épreuves ou en placards, tant pour le texte que pour la traduction, et le retard du tirage n'est point imputable à l'éditeur. Il espère, de concert avec l'habile collaborateur qu'il s'est donné, être en mesure de compenser bientôt le temps perdu en profitant activement du retour des loisirs de l'Imprimerie impériale.

Une autre partie des Historiens arabes, provenant de l'héritage si vaste et nécessairement partagé de feu M. QUATREMERE, était passée dans les mains savantes et dévouées de notre confrère M. CAUSSIN DE PERCEVAL. II avait embrassé cette tâche avec ardeur, et, nous le disons à notre profond regret, avec une ardeur qui lui a été funeste. Sa vue, déjà fatiguée par de longs travaux, s'est tellement affaiblie qu'il a dû résigner l'engagement qu'il avait pris. L'Académie ne s'en console qu'en espérant que ce sacrifice, dont elle souffre pour notre confrère et pour elle-même, ne sera pas sans fruit pour le rétablissement de sa santé,

» En attendant qu'elle puisse réparer ce vide, presque aussitôt refait que comblé dans la préparation d'une de ses collections les plus importantes, l'Académie voit avec satisfactson qu'une autre lacune dont cette collection était menacée, par suite de la grande perte qu'elle a faite, sera sûrement et bientôt remplie. M. Dulaurier, qu'elle a chargé de reprendre la publication des Historiens arméniens des Croisades, et qui avait d'un seul coup livré la copie complète d'un volume, conduit maintenant l'impression avec plus de lenteur, il est vrai, mais sans interruption fâcheuse; pour peu que la correction des épreuves se mette en équilibre avec le tirage, nous n'aurons rien à désirer.

» Les Historiens grecs, appelés à prendre leur place dans ce vaste et multiple recueil et dans sa branche orientale, ne lui feront pas plus longtemps défaut, nous en avons l'assurance. Le savant helléniste, si profon

dément versé dans tout ce qui concerne l'histoire et la littérature byzantines, et dont la coopération pas plus que la direction ne saurait manquer à un tel travail, s'est prêté de la meilleure grâce à un arrangement qui, en lui laissant le loisir nécessaire pour terminer les prolégomènes étendus destinés à former la première partie du premier tome, permettra d'imprimer la seconde et de faire marcher parallèlement la publication du tome deuxième, dont le soin est confié au collaborateur si compétent que l'Académie lui a choisi dans son propre sein, et qui a rassemblé tous les matériaux de ce tome.

Le grand recueil dont celui des Historiens des Croisades n'est, en principe, qu'une dépendance, le Recueil des Historiens des Gaules et de la France, continue à servir de modèle à la plupart de nos autres collections, pour l'activité et la régularité du travail. M. DE WAILLY, qui suffit seul encore et suffit si complétement à la rédaction du tome XXII, a poussé l'impression jusqu'à la centième bonne feuille; dix feuilles sont en épreuves, huit en composition, et la copie est déposée pour soixante-dix feuilles nouvelles. Ici les chiffres en disent assez.

» La préparation du Recueil des chartes et diplômes antérieurs à l'an 1180, qui doit être un autre et précieux complément des Historiens de la France, avance aussi régulièrement que l'impression de ce dernier ouvrage. Si, pendant ce semestre, le nombre des pièces copiées ne s'est accru que de deux cents, c'est que toutes ont dû être rapportées d'Angleterre par l'archiviste paléographe que, sur la proposition de M. Léopold DELISLE, l'Académie avait chargé de compulser treize cartulaires d'abbayes françaises, conservés, soit au Musée britannique, soit dans la riche et hospitalière bibliothèque de Sir Thomas Philipps. Nous remercions hautement ici ce savant bibliophile, dont le nom est si cher à tous les amis des lettres, d'une libéralité digne d'être proposée en exemple à tous les possesseurs, à tous les conservateurs de cartulaires et de collections de chartes.

» La Table des Chartes et diplômes imprimés, annexe nécessaire des précédents recueils et continuation du travail de BREQUIGNY, dirigée par M. LABOULAYE, nous fait espérer que le tome VII ne tardera pas à paraitre. Cent vingt-huit feuilles sont imprimées, six en épreuves, six composées, et la presque totalité de la copie est livrée.

» L'Histoire littéraire de la France, cet autre héritage des Bénédictins que l'Académie a recueilli en même temps que la suite de nos Historiens, et qu'elle continue avec une supériorité non moins reconnue, n'a pas cessé d'être l'un des principaux modèles de nos travaux. Cependant, la Commission qui en est chargée n'est pas non plus à l'abri des accidents inséparables de la nature humaine. Le savant philologue qui la préside et en est le doyen, M. V. LE CLERC, atteint d'un mal d'yeux, dont il est heureusement délivré aujourd'hui, n'a pu, par cette seule cause, achever le Discours sur l'état des lettres en France au XIVe siècle, qui doit inaugurer le XXIVe volume de ce grand ouvrage. Le Discours sur l'état des arts pendant le même siècle, complément du précédent, a continué d'occuper plusieurs des séances de la Commission. L'auteur, M. Ernest RENAN, qui, l'année dernière, avait parcouru le Comtat-Venaissin, pour y chercher ce qui reste des monuments contemporains de la cour pontificale d'Avignon, a visité, cette année, d'autres parties de la France: le Vexin, l'ancien Valois, le Beauvoisis, la région de Noyon, de Soissons, de Laon, de Reims. Si le XIVe siècle a laissé dans ces provinces moins de restes que dans d'autres contrées, il est un problème pour lequel la partie septentrionale de l'Ile

de-France paraît offrir des indices précieux; ce problème est celui de la transition du style roman au style ogival. Cette question, bien que se rapportant à une époque fort antérieure à celle où l'ouvrage est parvenu, devra nécessairement être reprise dans le second discours du tome XXIV. Notre confrère espère démontrer que c'est dans la région dont nous venous de parler, que le grand changement dont il s'agit s'est préparé ou accompli. Ajoutons que les autres travaux préparatoires que réclame encore ce volume ont été repris avec une nouvelle activité.

>> Nous passons à d'autres travaux qui ont aussi leur importance parmi ceux dont s'occupe l'Académie depuis longues années. Ses Mémoires sont et doivent rester en première ligne, quoiqu'ils n'y puissent figurer dans ce second semestre; c'est là, elle ne l'oubliera pas, son plus ancien titre de gloire, la part contributive, en quelque sorte, de chacun de ses membres dans le contingent annuel de la philologie, de l'archéologie, de la critique historique en Europe et ailleurs, et ce qui marque son originalité propre dans ce mouvement général des recherches où participent, avec une émulation qu'elle a suscitée par ses exemples, tant d'autres sociétés savantes auxquelles elle a servi de type. Tout ce qu'a pu faire, en l'absence, qui va bientôt finir, de notre SECRÉTAIRE PERPETUEL, celui que l'Académie a bien voulu agréer pour son représentant, ç'a été de préparer les matériaux d'un nouveau volume, la première partie du tome XXIV de cette précieuse collection, qu'il importe tant de voir se perpétuer, comme la tradition même de l'esprit français en érudition. En même temps a été continué le lome XX, première partie, renfermant l'histoire de la Compagnie durant la période quadriennale de 1853 à 1856, et qui s'est accru de cinq feuilles tirées et cinq bonnes à tirer ou en épreuves; la copie de la fin du volume s'achève en ce moment.

» Une dépendance de ces Mémoires, dont la Commission des travaux littéraires est spécialement tenue de promouvoir et de surveiller la continuation, c'est le Recueil des Notices et Extraits des Manuscrits. La deuxième partie du tome XVIII, confiée à notre savant confrère M. BRUNET DE PRESLE, comme une part considérable d'une illustre succession, celle de feu LETRONNE, avance lentement, mais elle avance. Dix-neuf feuilles sont aujourd'hui tirécs; un grand nombre de placards sont composés et en épreuves chez l'éditeur, pour être bientôt mis en pages; la fin de la copie cst annoncée : voilà pour le texte des Papyrus grecs de l'Égypte. Quant aux planches de fac-simile, elles ont atteint le nombre de quarante-neuf tirées, et la cinquantième est en épreuve.

» Pour ce qui concerne le complément, depuis longtemps altendu, des tomes XVI, XVII et XVIII de la première partie du même Recueil ou de la partie orientale, l'Académie sait que c'est encore une part d'un grand et divers héritage, celui de M. QUATREMERE, et qu'il s'agit de la traduction des Prolégomènes d'Ebn Khaldoun, dont le texte a été publié depuis la mort de ce savant. L'Académie ne pouvait mieux faire, comme elle l'a fait, qu'en chargeant M. de Slane, premier interprète de l'armée française en Afrique, de ce travail épineux. L'habile orientaliste s'est mis à l'œuvre avec toute l'activité désirable, surtout depuis que notre intervention auprès de M. le ministre de l'Algérie et des colonies, l'a fait appeler à Paris et mis ainsi à la portée des manuscrits de la Bibliothèque impériale, dont la confrontation était indispensable à son travail. 11 a pu ainsi conduire sa traduction au tiers de l'ouvrage original, et s'il ne s'était prescrit, sage précaution, de ne mettre sous presse qu'au moment où il aura la certitude de pouvoir mener l'impression sans interruption aucune, déjà nous aurions des

feuilles qui viendront plus tard d'autant plus nombreuses et mieux étudiées.

>> Des Tables bien faites sont un instrument essentiel pour des Recueils tels que ceux que vous publiez. Vous avez confié celle de la seconde décade de la deuxième série de vos Mémoires, et celle des XIV premiers tomes des Notices et Extraits, à deux personnes compétentes, dont les travaux marchent d'un pas beaucoup trop inégal. La Table des Notices, qui doit former le tome XV de la collection, est depuis longtemps terminée, pour la partie occidentale, et les cinquante-huit feuilles imprimées, dont cette partie se compose, attendent en magasin, au risque de se détériorer, que la partie orientale, dont le texte est également tiré depuis plusieurs années, ait reçu le complément d'une traduction française, sans cesse demandée et sans cesse promise, qui seule peut donner à ce texte toute son utilité, et permettre de publier enfin la totalité de la Table. Après plusieurs sommations, malheureusement demeurées sans effet, par M. le SECRÉTAIRE PERPÉTUEL, un engagement formel et décisif a été réclamé par son délégué, et il y a lieu de compter que cet engagement sera tenu; s'il ne l'était pas, des mesures seraient prises en conséquence.

» La personne qui a conduit à si bonne fin la partie occidentale de la Table des Notices, et dont l'exemple n'a malheureusement pas été suivi, est aussi celle qui se trouve chargée de la Table des Mémoires; nous pouvons, nous devous même la nommer, c'est M. Longueville, fils de l'estimable savant qui nous a rendu jadis d'excellents services en ce genre. Il vient de terminer la rédaction des bulletins résultant du dépouillement des Mémoires renfermés dans le tome XXI, première et deuxième parties. C'est précisément ce tome qui clot la seconde décade, et après lequel doit se placer celui même qui formera la Table et sera le XXII. Ainsi, cet utile travail s'achemine à son but.

» Il ne nous reste plus qu'à vous entretenir de la tâche que vous avez ajoutée, depuis quelques années, à vos occupations déjà si considérables, en instituant, sous la double surveillance de la Commission des travaux littéraires et de la Commission des antiquités de la France, le double recueil des Mémoires des Savants étrangers. Cette tâche a porté des fruits dont le volume qui est sous presse, pour chacune des deux séries, donnera bientôt une preuve nouvelle. Le tome VI de la première série, Sujets divers d'érudition, première partie, touche à sa fin; le tome IV de la seconde série, réservé pour un choix de Mémoires distingués au concours des Antiquités de la France, voit sa première partie dépasser la limite ordinaire. Des deux parts, c'est une émulation croissante, soit pour mériter cette consécration des distinctions obtenues, soit pour justifier l'honneur d'être admis à lire dans vos séances sur l'autorisation du Bureau.

» Ainsi, Messieurs, tandis que vos efforts redoublent pour tenir vos travaux à la hauteur de vos devoirs, et pour satisfaire aux obligations que vous imposent votre institution même, la gloire de vos traditions, la confiance du Gouvernement, vous créez encore autour de vous, par votre initiative et par les récompenses que vous décernez sous diverses formes, par les auxiliaires que vous choisissez, et qui sont heureux de recevoir vos directions, par les publications étrangères que vous admettez si libéralement à se produire sous vos auspices, un mouvement fécond et varié d'études qui concourt puissamment au progrès des sciences que vous représentez. Votre Commission des travaux littéraires, avec l'autorité qu'elle tient de vous, est à la fois une force et une lumière pour celui qui est particulièrement chargé de veiller à l'accomplissement de la tâche commune.

Qu'elle reçoive ici cet hommage de gratitude et de justice que lui doit surtout le membre qui a eu l'honneur de suppléer votre digne SECRÉTAIRE PERPETUEL pendant une grande partie de ce second semestre.

» Par délégation :

» J.-D. GUIGNÍAUT.

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