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Dans un séjour faux et pervers;
Voilà les héros véritables

Et de mon ame et de mes vers.

E ben sa Roma che l' onor primiero
Di nostre muse è lo splendor del vero.

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ÉPÎTRE

SUR UN MARIAGE.

SUR un rivage solitaire

Où, malgré tout l'ennui du temps,
Les frimas, la neige, les vents,
Le faible jour qui nous éclaire,
La tranquille raison préfère
Un foyer champêtre écarté,
Et le ciel de la liberté,

A l'étroite et lourde atmosphère
Des paravents de la cité,

Au milieu du sombre silence

De la triste uniformité,

Et de toute la violence

D'un hiver qui sera cité,
Et qui, soit dit sans vanité,

Prête à nos champs de Picardie

L'austère et sauvage

beauté

Des montagnes de Laponie;

Un bon hermite, confiné
Dans sa cabane rembrunie,
Et par cette bise ennemie,
A son grand regret, détourné

Du charme d'occuper sa vie
Dès la renaissante clarté,

Et de l'habitude chérie

D'aller voir avec volupté

Ses arbres, son champ, sa prairie,

Parcourait par oisiveté

Une multitude infinie

D'écrits nouveaux sans nouveauté,

De phrases sans nécessité,

Et de rimes sans poésie;

Et, dans la belle quantité

Des œuvres dont nous gratifie

La féconde inutilité,

Et je ne sais quelle manie
D'une pauvre célébrité,
Il admirait l'éternité

Des almanachs que le génie,
Qui nous gagne de tout côté,
Fabrique, réchauffe, amplifie,
Pour éclairer l'humanité,
Et réjouir la compagnie.
Glacé, privé de tout rayon
De cette lumière féconde
Qui colore, embellit, seconde
L'heureuse imagination;
Au lieu de fleurs et de gazon,
Ne découvrant de son pupitre
Que les glaces de ce vallon,

Ces bois courbés sous l'aquilon,

Ces tapis d'albâtre et de nitre
Étendus jusqu'à l'horizon;
Loin d'avoir la prétention

Et le moindre goût d'en décrire
La sombre décoration,

Se trouvant digne au plus de lire,
Il n'aurait guère imaginé
Qu'il allait oublier l'empire
De l'hiver le plus obstiné,

Et se donner les airs d'écrire.

Dans ce morne et pesant repos,

Une lettre charmante arrive

Des bords toujours chers et nouveaux
Que baigne et pare de ses eaux
La Seine à regret fugitive.

O traits enchanteurs et puissants!
O prompte et céleste magie
D'un souvenir vainqueur des ans !
Aux accents d'une voix chérie
Qui peut tout sur ses sentiments,
Et qui sait parer tous les temps
Des roses d'un heureux génie,
L'habitant désœuvré des champs
A cru voir, pour quelques instants,
Sa solitude refleurie

Briller des couleurs du printemps,
Et le rappeler à la vie,

A l'air pur des bois renaissants.
Loin de la triste compagnie
Des brochures et des écrans,
Affranchi de sa léthargie,
Dans une heureuse rêverie,
A Crosne il s'est cru transporté;
Crosne, ce pays enchanté
De la belle et simple nature,
De l'esprit sans méchanceté,
Du sentiment sans imposture,
Et de cette franche gaîté,
Toujours nouvelle, toujours pure,
Et si bonne pour la santé.
L'éclat du plus beau jour de fête
Y faisait briller ce bonheur,
Cette éloquente voix du cœur,
Ce plaisir que nul art n'apprête;
Un nouvel époux radieux
Venait d'amener en ces lieux
Sa jeune et brillante conquête;
Les vœux, les applaudissements

Précédaient et suivaient leurs traces;
A leurs chiffres resplendissants
La Gloire unissait ceux des Graces,
Et du Génie et des Talents;
Et, sous ses auspices fidèles
Garantissant leur sort heureux,
L'Amitié couronnait leurs noeuds

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