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religieuses qui s'y trouvaient autrefois. Rien ne gagne à cela, si ce n'est l'enfer.

Ces maisons de mainmorte, comme on dit, ruinent le fisc, avez-vous ajouté encore, et empêchent d'importantes transactions.

Ces maisons de maiumorte ruinent le fisc!... dites-vous. Touchante sollicitude que vous avez là! C'est peut-être la première fois qu'elle vous vient: ce qui me ferait croire qu'elle n'est guère de bonne foi,

Est-ce que vous le trouvez ruiné le fisc? Ne voyez-vous pas, au contraire, qu'il va toujours croissant? Ce qu'il perd d'un côté, il le retrouve de l'autre, et même avec aug. mentation. Vous me direz peut-être que c'est cette diminution d'un côté qui occasionne l'augmentation de l'autre; mais, de bonne foi, quand une ou deux maisons par commune rapporteraient au fisc un peu plus qu'elles ne font, y paraîtrait-il beaucoup? Je vous l'ai dit, d'ailleurs, il faut absolu

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ment dans une société des maisons de mainmorte; cela tient aux besoins de l'humanité, au maintien de l'ordre, de la tranquillité, de la sûreté, toutes choses, non-seulement importantes, mais nécessaires; de telle sorte que ce qu'on ôte d'un côté on est obligé de le reporter de l'autre, comme je viens de vous le prouver par ce qui se passe tous les jours sous nos yeux.

Quant aux transactions dont vous parlez également, est-ce que vous ne trouvez pas qu'il y en a assez aujourd'hui, et même que trop? De là cet oubli du toit paternel, de la famille, des ancêtres; de là ces dépenses excessives, le goût du luxe, la ruine de tant de ménages... Qu'il y ait donc au moins quelques exemples d'immobilité au milieu de cet universel changement. Si les intérêts matériels en souffrent un peu, ce que je n'admets pas du tout pour les raisons que je viens de dire, nos intérêts moraux y gagneront, et c'est toujours l'essentiel.

ÉGLISE CATHOLIQUE.

Objections. Quelle est donc la véritable Eglise catholique? Est-ce l'Eglise anglicane, l'Eglise russe ou l'Eglise romaine? Du reste, votre Eglise catholique a fait son temps. A quoi sert-elle aujourd'hui ? Il faut bien qu'elle passe comme ont passé toutes les religions qui l'ont précédée, et qu'elle fasse place à une religion nouvelle.

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Réponse. Ainsi parlent aujourd'hui un grand nombre d'incrédules, qui cachent ou s'efforcent de cacher du moins sous ce calme apparent la haine qu'ils ont au fond du cœur contre tout frein religieux. Reprenons tour à tour ces trompeuses paroles par lesquelles ils cherchent à faire illusion aux autres, et peut être aussi à se faire illusion à euxmêmes, et montrons ce que chacune d'elles a de faux et même d'absurde.

Quelle est donc la véritable Eglise catho lique? demandent quelques-uns. Est-ce l'Eglise anglicane, l'Eglise russe ou l'Eglise romaine?

Que l'erreur cherche à se cacher sous le voile de la vérité, cela se conçoit; c'est son intérêt, sans cela, elle ne pourrait faire illusion aux hommes. Mais que les hommes 'aillent au-devant de cette illusion, qu'ils s'y prêtent, qu'ils confondent on feignent de confondre l'erreur avec la vérité, quand il est facile de distinguer l'une de l'autre, voilà ce qui ne se conçoit plus. Ainsi, que l'Eglise anglicane et l'Eglise russe se donnent pour l'Eglise catholique, rien de plus naturel; si elles ne le faisaient, ce serait avouer qu'elles ne sont pas la véritable Eglise de JésusChrist. Mais que ceux qui connaissent tout ce qui leur manque pour avoir ce divin caractère, que ceux qui ont été élevés dans l'Eglise romaine, qui sont encore dans son sein, peut-être, que ceux-là demandent quelle est la véritable Eglise catholique, si c'est l'Eglise anglicane, l'Eglise russe ou l'Eglise romaine, c'est ce qu'on ne peut expli

quer: autant vaudrait-il demander d'où nous vient la lumière, si c'est du soleil ou du nuage à travers lequel elle passe aussi quelquefois, mais qui ne sert en définitive qu'à la voiler à nos yeux et à l'empêcher d'arriver toute pure jusqu'à hous.

Quelle est donc la véritable Eglise catholique? avez-vous demandé... Mais il est facile de le voir. La véritable Eglise catholique, comme son nom même le dit, est celle qui s'étend réellement à tous les temps et à tous les lieux. Cela doit être de l'Eglise de Jésus-Christ. Elle doit s'étendre à tous les temps, c'est-à-dire remonter sans interruption jusqu'à lui; autrement, ce ne serait point l'Eglise de Jésus-Christ; autrement, il y eût eu un temps où elle aurait manqué aux besoins des hommes; autrement, JésusChrist aurait faussé la parole si formellement donnée à ses apôtres d'empêcher les puissances de l'enfer de prévaloir contre le fondement de son Eglise, et de rester toujours au milieu d'eux jusqu'à la consommation des siècles: Tu es Peirus, et super hanc petram ædificabo ecclesiam, meam, et porta inferi non prævalebunt adversus eam. (Matth. XVI, 18.) Euntes ergo docete omnes gentes... Et ecce ego vobiscum sum omnibus diebus, usque ad consummationem sæculi. (Matth. xxvIII, 19, 20.) Elle doit donc s'étendre à tous les temps. Elle ne doit pas moins s'étendre à tous les lieux, c'est-à-dire être prêchée par toute la terre; autrement, elle ne serait point cette montagne élevée à laquelle doivent affluer toutes les nations, suivant le prophète Isaïe: Et erit in diebus novissimis præparatus mons domus Domini in vertice montium, et elevabitur super colles, et fluent ad eum omnes gentes. (Isa. XI, 2.) Cette Jérusalem qui doit se lever toute radieuse, suivant le même prophète, parce que sa lumière est arrivée, et que la gloire du Seigneur a paru sur elle: Surge, illumi nare Jerusalem, quia venit lumen tuum; et

gloria Domini super te orta est. (Isa. LX, 1.) Autrement, les apôtres n'auraient point exécuté l'ordre si positivement donné par leur Maître d'aller prêcher son Evangile à tous les peuples: Docete omnes gentes. (Matth. xxvi, 19); autrement, la mission pour laquelle Jésus est venu sur la terre n'aurait point été remplie toutes choses inadmissibles. L'Eglise catholique doit donc s'étendre à tous les lieux comme à tous les temps. Cela admis, et tout Chrétien est bien obligé de l'admettre, il est facile de voir quelle est la véritable Eglise catholique.

Est-ce l'Eglise anglicane, l'Eglise russe ou l'Eglise romaine? demandiez-vous. Cette question ne paraît guère sérieuse, surtout après ce que nous venons de reconnaître. Quoi!l'Eglise anglicane serait l'Eglise catholique! Mais qui en avait entendu parler il y a environ trois siècles? Qui la reconnaît en dehors de l'empire britannique? Et, dans cet empire même combien la méconnaissent, la repoussent, la maudissent? Que dis-je! Mais n'est-elle pas tournée elle-même contre elle-même, hâtant ainsi sa ruine, suivant la prédiction de Notre-Seigneur : Domus supra domum cadet. (Luc. xi, 17.) Et sur quoi donc repose son unité, si ce n'est sur le sable mouvant de la volonté individuelle, à la quelle viennent prêter appui, de temps en temps, les décisions du Parlement, décisions formulées en ce moment, comme chacun sait, par la papesse Victoria, malgré la défense si formelle du grand Apôtre: Mulieres in ecclesiis taceant... Turpe est enim mulieri loqui in ecclesia. (I Cor. xiv, 34, 35.) Quant à l'Eglise russe, elle peut faire un peu plus d'illusion, paraissant avoir une unité compacte et se vantant de remonter jusqu'aux apôtres par l'Eglise grecque. Mais ou vous parlez de l'Eglise grecque, ou bien de l'Eglise russe. Si vous parlez de l'Eglise grecque, qu'était-elle avant que la puissance du czar soit venue la relever, qu'est-elle aujourd'hui en dehors de la Russie? Hélas! un corps qui commence à entrer en dissolution et qui n'a pius que quelques instants de vie, si même on peut appeler vie l'état dans lequel elle se trouve. Si vous parlez de l'Eglise russe, qui en avait entendu parler avant Pierre le Grand? Qui la reconnaît en dehors de la Russie? Et même, dans cet empire, combien la méconnaissent, la repoussent, la maudissent? Par quoi se maintient-elle elle-même d'ailleurs, si ce n'est par le sabre du czar, qui peut à chaque instant se briser. Reste donc l'Eglise romaine, ainsi appelée parce que son chef est à Rome, quoiqu'elle-même soit répandue par toute la terre. D'elle aussi on peut dire, par une métaphore souvent employée mais toujours frappante : C'est un cercle dont le centre est à Rome et la circonférence nulle part. Quelques peuples sortent de temps en temps de ce cercle, ou plutôt sa divine pureté les repousse; mais d'autres y entrent pour les remplacer, et quelquefois ils y reviennent eux-mêmes. C'est l'effet naturel et divin tout à la fois de ces paroles pressantes de Jésus, qui ne cesDICTIONN. DES OBJECT. POPUL. *

sent de frapper les oreilles de Pierre et de ses coopérateurs dans la prédication de l'Evangile : « Allez donc! enseignez toutes les nations... (oui, toules sans exception, et celles qui l'ont été déjà, et celles qui ne l'ont point encore été, et celles qui ne sont point connues, qui n'ont pas même de nom); et voilà que je suis avec vous, tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles. » Aussi l'Eglise romaine n'est-elle pas moins étendue à tous les temps qu'à tous les lieux. De Pie IX, qui gouverne aujourd'hui cette Eglise avec autant de prudence que de zèle, au milieu des difficultés sans nombre dont elle est environnée, vous pouvez remonter jusqu'à saint Pierre par une chaîne de pontifes, qui ne souffre en aucun temps la moindre interruption. Les Eglises qui s'en séparent finissent tôt ou tard par périr, quelque florissantes qu'elles aient été précédemment; mais elle, rien ne peut la détruire, quels que soient le nombre et les efforts de ses ennemis. Et non-seulement elle se maintient elle-même, mais elle maintient également tout ce qui lui reste fidèlement altaché. Nous l'avons dit, c'est le roc inébranlable, c'est la pierre fondamentale sur laquelle Jésus-Christ a bâti son Eglise, et contre laquelle il a promis que les puissances de l'enfer ne prévaudraient jamais: Tu es Petrus, et super hanc petram ædificabo ecclesiam meam, et porta inferi non prævalebunt adversus eam. (Matth. xvi, 18.)

Ecoutons, à ce sujet, l'illustre auteur des Etudes philosophiques sur le christianisme :

« Si Jésus-Christ nous apparaît comme un Dieu, » dit-il, « c'est surtout en ce qu'il est venu sauver le monde. Enlevez-lui cette qualité de Sauveur, et vous lui enlevez le caractère distinctif de sa divinité. Aussi luimême, répondant à ceux qui venaient de la part de Jean lui demander s'il était le Messie promis, disait Rapportez-lui que les pauvres sont évangélisés (Matth. x1, 5), c'està-dire la généralité et le commun des hommes, et particulièrement les pauvres, les simples et les ignorants, ceux qui ne savent pas lire, aussi bien que les scribes et les

savants.

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« Or, pour évangéliser ainsi la généralité et le commun des hommes de tous les lieux et de tous les temps, et comme il le dit luimême encore, toutes les nations... jusqu'à la consommation des siècles (Matth. xxviii, 19, 20), il a fallu qu'il se mit en rapport universel, perpétuel et vulgaire avec tout le monde, et qu'il pourvût tous les hommes d'un moyen visible et sûr d'arriver à la connaissance de la même vérité. Et maintenan', pour cela, lui-même n'ayant fait que passer comme homme, il a dû nécessairement Jaisser après lui, quelque part, un dépôt de son pouvoir, de sa parole et de ses grâces, un organe et un interprète visible et authentique de sa volonté, qui fût un comme lui, comme la vérité, et universel, perpétuel et vulgaire comme les générations des hommes qui devaient se succéder; qui fit chaine et continuation de lui à nous tous, et que tout

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le monde pût facilement reconnaître et consulter comme la suite, et, si j'ose ainsi dire, comme la continuation et le prolongement de sa personne. Autrement, je le répète, Jésus-Christ est sans communication avec le monde; son passage sur la terre n'est qu'un accident historique sans suite et sans relations avec nous; il n'est pas le Sauveur du monde, il n'est pas Dieu. Il faut renoncer à la qualité de Chrétiens et passer dans les rangs des purs déistes, ou reconnaître cela.

« Cela posé, je le demande, et ici la question devient pressante, y a-t-il, autre part que dans l'Eglise catholique, rien au monde qui, en partant immédiatement de la personne de Jésus-Christ, soit arrivé sans interruption et sans variation jusqu'à nous, et présente des garanties d'avenir pour les générations futures, portant en soi ces grands caractères d'unité, d'universalité, de perpétuité, se détachant de tout le reste et se distinguant aux yeux de tous comme un centre de ralliement universel, comme une chaîne non interrompue de tradition, comme un oracle et un interprète commun de la parole de Jésus-Christ?

« La réponse ne peut être douteuse il n'y a rien au monde, que l'Eglise catholique, qui présente ces caractères. Et cela même est remarquable, que, si en dehors du christianisme il y a eu de tout temps des religions fausses qui ont voulu se faire passer pour vraies, dans le christianisme il n'y a pas eu plusieurs Eglises qui, parlant de Jésus-Christ, aient fait confusion avec la véritable. Le moindre embarras ne peut donc exister à cet égard; il n'y a qu'une seule Eglise depuis Jésus-Christ: c'est l'Eglise catholique, la grande Eglise, comme l'appelaient les païens, ou plutôt c'est tout uniment l'Eglise qui est véritable, ou bien il n'y en a pas; ce qui faisait dire à Luther Nul ne pourra ôter à nos adversaires ce titre d'Eglise, duquel étant armés ils nous condanneront et ils nous perdront. » (In Gen. VI.)

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Ainsi, ne demandez donc point quelle est la véritable Eglise catholique. Il n'est pas possible de vous tromper là-dessus, pourvu que vous soyez de bonne foi. C'est l'Eglise romaine, comme vous avez dit et comme nous disons tous, en effet, parce que son chef est à Rome, mais qui ne s'en manifeste pas moins en tout temps et en tout lieu, comme Dieu, sur la parole de qui elle repose. C'est l'Eglise par excellence, et, mieux encore, c'est l'Eglise, celle que tout bon Chrétien reconnaît comme un enfant reconnaît sa mère.

Du reste, nous dit-on encore, votre Eglise catholique a fait son temps.

Au lieu de dire votre Eglise, dites plutôt l'Eglise de Jésus-Christ, et vous aurez répondu vous-même à votre objection; car l'Eglise venant de Jésus-Christ et lui appartenant, elle est impérissable comme sa parole.

Au lieu de dire votre Egiise, dites encore notre Eglise, car elle est l'Eglise de tous,

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comme cela se prouve non-seulement par la foi, mais par l'expérience. Or, puisqu'elle est l'Eglise de tous, elle l'est de ceux qui existent actuellement et de ceux qui existeront à l'avenir. Donc, elle n'a pas fait son temps. Son temps à elle, c'est le temps de l'humanité; et aucune partie ne saurait lui en être retranchée. Pourquoi n'en serait-il donc pas ainsi? N'est-elle pas ce qu'elle a toujours été, et les hommes ne sont-ils pas toujours les mêmes? Ils ont et auront donc toujours besoin d'elle, comme ils en out eu besoin jusqu'à ce jour.

L'Eglise catholique a fait son temps.... Est-ce bien sûr? « Il y a dix-neuf cents ans bientôt qu'elle existe, » dit à ce sujet l'abbé de Ségur (Réponses), « et en voilà à peu près autant qu'on dit cela d'elle.

«Chaque siècle, chaque impie, chaque inventeur de secte ou d'hérésie se croit enfin arrivé à ce jour fameux de l'enterrement de l'Eglise catholique: chacun d'eux se croit destiné à entonner le De profundis de la Papauté, du Sacerdoce catholique, de la Messe et de toutes les autres croyances de l'Eglise... et néanmoins cela ne vient pas.

« Ainsi, dans le premier siècle du christianisme, un proconsul de l'empereur Trajan lui écrivait: Avant peu de temps, grâce à la persécution, cette secte sera étouffée, et on n'entendra plus parler de ce Dieu crucifié...

« Et Trajan est mort, et le Dieu crucifié règne toujours dans le monde.

« Ainsi, trois siècles plus tard, Julien l'Apostat se vantait de préparer le cercueil du Galiléen, c'est-à-dire d'anéantir la religion et son Eglise...

« Et Julien est mort, et le Galiléen et son Eglise vivent encore.

«Ainsi, au xvIe siècle, Luther, ce moine révolutionnaire qui fit de l'orgueil et de la révolte une révolution, parlait de la Papauté comme d'une vieillesse qui allait finir. O Pape, disait-il, 6 Pape! j'étais une peste pour toi pendant ma vie; après ma mort, je serai ta destruction !...

<< Et Luther est mort, et son protestan tisme se dissout de toutes parts! et la Papauté demeure toujours plus vivante, plus florissante, plus vénérée que jamais!

« C'est encore ainsi que Voltaire, l'ennemi personnel de Jésus-Christ, Voltaire qui signait ses lettres: Voltaire, Christe-moque, ou Ecrasons l'infame, c'est-à-dire JésusChrist et son Eglise; c'est ainsi, dis-je, que Voltaire écrivait à un de ses amis: Je suis las d'entendre dire qu'il a suffi de douze hom mes pour fonder la religion catholique; je veux faire voir qu'il suffit d'un seul pour la détruire. Dans vingt ans, écrivait-il à un autre, le Galiléen aura beau jeu !

« Et vingt ans après, jour pour jour, Vol taire mourait dans un désespoir de damné, appelant un prêtre que ses amis les philosophes empêchaient de parvenir jusqu'à lui...

« Et l'Eglise vit toujours, traversant les âges, brisant sur son faible passage tous ceux qui la veulent briser.

Il en sera de même de nos grands systèmes modernes philosophiques et sociaux, qui se posent modestement en réformateurs de la religion de Jésus-Christ, en remplaçants de l'Eglise catholique.

<< Moins redoutables encore que leurs devanciers, ces pauvres gens ne se doutent seulement pas de leur faiblesse. Ils croient faire du nouveau, tandis qu'ils ne font que réchauffer le vieux thème des Voltaire, des Calvin, des Luther, des Arius, etc., etc.

Ont-ils donc oublié la parole du Sauveur au premier Pape et au premier évêque: Allez, enseignez tous les peuples; moi-même, je suis avec vous, tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles? (Matth. xxviii, 18

20.)

& Ont-ils oublié ce qu'il a dit au Prince des apôtres Tu es Pierre, et sur toi, pierre, je bâtirai mon Eglise, et les puissances de l'enfer ne prévaudront point contre elle? (Matth. xvi, 18.)

« Ce que Dieu a fondé, croient-ils pouvoir le détruire?

« Non, l'Eglise catholique n'a pas fait son temps; elle n'aura fait son temps que lorsque le monde aura fait le sien.

« L'Eglise ne craint rien: elle sait quel est le principe divin de sa force, de sa vie ; et elle enterrera ses adversaires présents, plus aisément, plus paisiblement encore qu'elle n'a enterré leurs prédécesseurs. >>

Elle serait beaucoup plus heureuse assurément de les convertir avant leur mort, et de les ramener repentants dans son sein. Et pourquoi done n'y reviendraient-ils pas? c'est à elle qu'ils sont redevables de leurs plus grands biens. Ces idées qu'ils ont sur Dieu, sur l'âme, sur les devoirs qui unissent les hommes entre eux et les rattachent à Dieu, sur la vie future... cette liberté de leurs actions dont ils sont en possession, c'est à l'Eglise catholique, et à elle seule, qu'ils doivent tout cela, puisque c'est elle qui a éclairé et émancipé le monde, généralement plongé avant elle dans les ténèbres de la superstition et dans l'esclavage. Pourquoi donc s'en séparent-ils actuellement, et s'efforcent-ils d'en séparer les autres? Ne voient-ils pas que ces épreuves par lesquelles l'Eglise de Jésus-Christ passe de temps en temps font ressortir davantage encore sa divinité, en montrant la toute-puissance de la main qui vient la tirer miraculeusement de l'abîme au moment où on la croyait définitivement perdue. « La faiblesse apparente de l'Eglise trompera toujours les impies et exercera toujours la foi des croyants,» nous dit le judicieux Nicolas. «Ceux-là, confiants dans le succès et le bruit passager de leurs persécutions, se flatteront toujours de l'emporter; ceux-ci, se voyant réduits aux dernières extrémités, seront toujours tentés de désespoir. Jésus-Christ dort souvent dans la barque de Pierre, et alors les tourbillons fondent sur elle, et les apotres s'écrient: Maitre, nous périssons. (Maith. VIII, 25.) Mais Jésus, se levant, parle bientôt aux tempêtes, et il se fait un grand calme.

L'illusion produite par ces vicissitudes de l'Eglise n'a jamais cessé, et ne cessera jamais. A l'origine, on se fondait sur sa jeunesse, et Julien l'Apostat disait : Elle n'a que trois cents ans! (CHATEAUBRIAND, Deuxième étude histor.) De nos jours, on se fonde sur sa vieillesse, et un autre philosophe nous dit Elle n'en a plus que pour trois cents ans / Cependant, elle continue sa carrière sans s'inquiéter de ces obscures prédictions, funestes seulement à leurs auteurs, confiante dans cette seule prédiction qui lui a promis les siècles pour durée, et qui lui tient si bien parole depuis dix-huit cents ans. »

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A quoi sert-elle aujourd'hui? nous demandent quelques-uns.

A quoi elle sert? enfants ingrats! Mais, quand bien même elle aurait fait son temps, comme vous dites, et ne servirait plus de rien aujourd'hui, vous devriez lui conserver encore tout votre dévouement, ne fût-ce que par reconnaissance. Est-ce que vous abandonnez jamais les vieux parents de qui vous avez reçu l'existence, qui l'ont conservée et développée en vous jusqu'à ce jour? Il s'en faut bien toutefois que ce soit là la position de l'Eglise. Toujours ancienne et toujours nouvelle comme celui qui l'a établie, et du sein duquel elle émane, elle est encore et sera toujours pour les hommes ce qu'elle a été jusqu'ici, je veux dire leur bienfaitrice universelle. Voyez le soleil, cette autre image de la Divinité. Versant toujours, sans s'épuiser jamais, ses torrents de lumière du haut du firmament où il a été placé au moment de la création, il continue, et continuera jusqu'à la fin, d'éclairer et de féconder la terre, comme il l'a fait depuis bientôt six mille ans. A quoi sert le soleil aujourd'hui ? dira peut-être l'insensé. Nous sommes en possession de la lumière et de la chaleur. Oui, sans doute, nous sommes en possession de la lumière; mais c'est à cet astre bienfaisant que nous en sommes redevables; car, si malheureusement il venait à s'éteindre, les ténèbres qu'il éloigne difficilement de la terre l'environneraient immédiatement de toutes parts, et les glaces qu'il a tant de peine à fondre l'envahiraient bientôt complétement et l'empêcheraient de produire aucun fruit. Mais, ajoutera-t-il, en croyant le voir se coucher derrière quelque montagne ou s'éteindre même dans les eaux, il a fini sa carrière. Non, car s'il se couche pour nous, il se lève pour d'autres peuples. Ou plutôt, il reste toujours le même. C'est nous seulement qui nous éloignons ou nous rapprochons de lui. Mais, pourvu que rien n'empêche ses rayons d'arriver jusqu'à nous, nous ressentons toujours son influence salutaire.

Ce que le soleil est au monde physique, l'Eglise catholique l'est au monde moral. Versant toujours, sans s'épuiser jamais, ses torrents de lumière du haut du Siége apostolique où son centre fut établi par l'immuable parole du Verbe incarné, elle continue encore et continuera jusqu'à la fin d'éclairer et de féconder la terre, comme elle l'a

fait depuis bientôt deux mille ans, ou plutôt six mille ans car l'Eglise catholique a toujours existé en réalité, ainsi que nous le montrerons plus tard. A quoi sert-elle aujourd'hui? dira aussi l'insensé, comme par rapport au soleil; nous sommes en possession de la lumière. Oui, sans doute, pouvons-nous lui répondre encore, oui, nous sommes en possession de la lumière; mais c'est à ce flambeau divin que nous en sommes redevables; car, s'il pouvait s'éteindre un instant, les ténèbres de l'ignorance qu'il éloigne difficilement de la terre l'environneraient immédiatement de toutes parts, et les glaces de l'égoïsme qu'il a tant de peine à fondre l'envahiraient bientôt complétement, et au lieu de fruits salutaires, ne lui feraient plus produire que des fruits de mort. - Mais, ajoutera-t-il, en voyant ou en s'imaginant voir l'influence de la religion baisser en quelque contrée: elle finit sa carrière. Non, car si elle se couche pour certains peuples, elle se lève pour d'autres. Ou plutôt, elle reste toujours la même. C'est nous qui nous en éloignons et nous en rapprochons; mais pourvu que rien n'empêche ses divins rayons d'arriver jusqu'à nous, nous ne cessons jamais de ressentir sou influence bienfaisante.

C'est là un fait connu de tous, un fait incontestable, qui doit frapper les yeux de l'ignorant, du petit enfant lui-même, et que l'insensé, comme nous le disions tout à l'heure, ou l'homme aveuglé par les passions peut seul révoquer en doute.

Nous trouvons, à ce sujet, dans la presse quotidienne, où la polémique religieuse est obligée de s'établir aussi aujourd'hui pour répondre aux attaques journalières des ennemis de l'Eglise, des réflexions pleines de justesse et de force, qu'on nous permettra de citer ici.

«Supposons,» dit le Bien public, «un homme ayant du cœur et du bon sens, mais qui, étranger à l'Europe, et ignorant de l'histoire. n'eût jamais entendu parler de la religion chrétienne. Nous lui dirions: Il existe une société dont les membres ont pour premier principe de s'entre-aimer comme des frères, et, pour mobile de leurs actions, l'obligation de se donner mutuellement des preuves de cette affection qu'ils appellent charité. Dans leur conviction, des récompenses au-dessus de tout ce que l'imagination peut se représenter seront le prix de l'accomplissement de cette douce obligation; des peines éternelles et effroyables seront le châtiment des méchants qui se seront soustraits à cette loi d'amour. Cette société s'appelle l'Eglise, c'est-à-dire la réunion de tous les hommes qui ont les mêmes sentiments, la même pratique, la même persuasion; et le lien qui les rassemble s'appelle la religion, car elle les lie tous ensemble et avec le Créateur de l'univers, leur Père et l'objet de leur suprême prédilection. Le Créateur, celui qui a disposé l'admirable harmonie du monde avec tant de sagesse, de prévoyance et de mesure, est l'ordre essentiel. Par amour pour cet or

dre essentiel, les enfants de l'Eglise s'appliquent à régler toutes leurs tendances et à discipliner toutes leurs passions : ils sont sobres, tempérants, continents; ils usent des biens terrestres sans s'y attacher, également éloignés de l'avarice et de la prodigalité, repoussant l'envie, dominant la colère, fuyant la paresse.

Pour se maintenir dans cet équilibre moral, dans cette égalité d'âme, ils recourent à la prière, qui est une élévation de l'âme vers Dieu, et l'humble demande d'une assistance venant d'en haut. Ils appellent la bénédiction divine sur toutes leurs actions. Des actes religieux consacrent leur naissance, leurs chastes et indissolubles unions, les derniers moments de leur vie. S'ils tombent dans une fante, ils l'avouent, s'en repentent, et se relèvent vaillamment de leur chute pour l'expier par quelque bonne action réellement expiatoire. Quelques-uns d'entre eux, poussés par la charité au degré de l'héroïsme, renoncent aux saintes joies de la famille pour se livrer aux joies plus saintes encore d'un dévouement absolu à l'humanité tout entière. Ils se font les pères des orphelins, les consolateurs des affligés, les soutiens des pauvres, les ministres de Dieu et de l'huma

ité dans la répartition des bienfaits et des bons conseils. Ils exercent ainsi sur les esprits et plus encore sur les cœurs un doux empire béni par ceux qui s'y soumettent; car cette soumission est toute volontaire, comme cet empire est tout désintéressé.

« Que répondrait cet homme de bon sens? Les membres de cette société, dirait-il, doivent être bien heureux; car, grâce à leur union en l'Eglise, grâce aux ministres de cette religion d'amour, ils doivent posséder la santé garantie par la fuite des excès, le calme de la conscience assuré par la répres sion des mauvaises passions, la paix dans le sage tempérament de tous leurs désirs terrestres, l'allégresse dans l'ardeur de leurs vives espérances en un avenir rémumérateur.

« Oui! voilà la réponse du simple bon

sens.

« Or, nous le demandons, ont-ils l'esprit sain, ne sont-ils pas plutôt dans ce délire où jettent de pernicieux abus de nos facultés, ces hommes qui se ruent sur la religion, sur l'Eglise, sur ses préceptes, sur ses institutions, sur ses ministres, et qui poussent, dans leur rage frénétique contre le Christ, le cri des Juifs aveuglés: Tolle ! tolle! Ecrasons l'infâme !

<< Jamais ils n'en viendront à bout; car l'Eglise catholique, c'est réellement cette pierre sainte tombée du haut de la montagne, que la parole du Sauveur des hommes a affermie, et au pied de laquelle sont venus mourir lous ses ennemis. Or, comme on l'a dit encore, car nous avons beau chercher dans la nature et dans les livres, dans les ouvrages sortis de la main de Dieu et dans ceux qui sont sortis de la main des hommes, nous ne trouvons jamais assez de comparaisons pour faire bien comprendre l'inaltérable perpé

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