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DE

FRANCE.

BRANCHE DES VALOIS,

Rameau d'Orléans.

LOUIS XII,

Agé de trente-six ans.

1498. Louis XII,

59. roi de

Descendance

Louis XII.

LOUIS XII, fils de Charles, duc d'Orléans, et de Marie de Clèves, étoit petit-fils de Louis, duc d'Orléans, frère de Charles VI, assassiné par le duc France. de Bourgogne, et de Valentine Vis- de conti, reconnue par son contrat de Sa clémence, mariage héritière du duché de Milan dans le cas où ses deux frères ne laisseroient pas de postérité mâle. Louis avoit trente-six ans quand il monta sur le trône. Son sacre, célébré à Reims, Tom. VI.

A

1498.

Son équité,

n'eut pas un grand éclat. On a vu qu'il avoit eu de grands torts sous le précédent règne. Il les fit oublier, en oubliant lui-même ceux qu'on pouvoit avoir eus à son égard, ou plutôt en les pardonnant généreusement. Ce n'est pas, dit-il, au roi de France à venger les injures faites au duc d'Orléans. Les ennemis de la Trémouille qui avoit usé de tant de rigueur après la bataille de Saint-Aubin, crurent qu'il leur seroit aisé de le perdre, en rappelant au nouveau roi le supplice de ses malheureux complices; il répondit: Si la Trémouille a bien servi son maître contre moi, il me servira de même contre ceux qui seroient tentés de troubler l'état.

Louis ne se montra, ni trop triste, ni trop content de la mort d'un prince, son ami, mais qui lui laissoit une couronne. Il lui fit faire à ses dépens des obsèques magnifiques, récompensa noblement ses officiers, et confirma dans leurs places les magistrats qui lui avoient été contraires de bonne-foi et pour le bien du service. Le prince d'Orange autrefois son ami, et le duc de Lorraine, jadis son partisan, étoient actuellement mal avec lui pour des démêlés d'intérêt. Persuadés cependant

de son équité, ils n'hésitèrent pas à le prendre pour arbitre dans leurs prétentions contre le domaine même, s'en rapportant absolument à son jugement. M. et Madame de Beaujeu eurent aussi à se louer des soins qu'il prit pour l'établissement de la fameuse Suzanne de Bourbon, leur fille unique, dont la mort précipitée de Charles VIII les avoit empêchés de s'occuper. Louis fit aussi des gratifications aux seigneurs attachés précédemment à sa fortune, mais avec mesure sa réserve dans cette circonstance et dans d'autres, où il ne se montra pas libéral au desir des courtisans, l'a fait soupçonner de parcimonie.

1498.

Un de ses premiers soins fut de com- Ses ministres. poser son conseil. Ceux qu'il y appela étoient tous d'un mérite reconnu, et d'une capacité qui avoit été éprouvée en quelques-uns par la mauvaise fortune. Tel étoit Louis Mallet, seigneur de Graville, amiral de France, que sa franchise à l'égard de la guerre d'Italie qu'il blâmoit, avoit fait négliger sous le règne précédent. Il confirma dans la charge de chancelier Gui-deRochefort, magistrat d'une rare intelligence, et frère du fameux Guillaume, qui avoit rempli avec tant de

1498.

Georges d'Amboise.

Sa conduite à l'égard

distinction le même emploi; il confia les finances à Florimont Robertet, très-habile en cette partie, et se servit pour la politique d'Etienne Poncher, évêque de Paris, bon canoniste et adroit négociateur. Au-dessus de ces hommes recommandables, et de quelques autres moins connus, mais tous doués d'un mérite particulier, il établit le célèbre Georges d'Amboise.

Ce prélat étoit l'avant - dernier de neaf garçons, fils de Berri d'Amboise et d'Anne de Beuil ; ils se distinguèrent tous dans les armes, l'administration et l'église. Georges s'attacha, étant évêque de Montauban, au duc d'Orléans, partagea ses malheurs, subit pour sa cause une longue prison, et continua à lui rendre de grands services après sa délivrance. Le roi montant sur le trône, lui procura le chapeau de cardinal, et le fit premier ministre. Il avoit une telle confiance en lui que, dans les circonstances embarrassantes, sa solution ordinaire aux difficultés qu'on lui présentoit, étoit, laissez faire à Georges et il se tranquillisoit sur l'évènement. Cette sécurité a été souvent funeste.

Louis XII eut pour la jeune veuve d'Anne de de Charles VIII les égards les Bretagne. plus délicats. Il lui fit porter les pre

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mières consolations par les deux seigneurs qui avoient eu l'attachement le 1498. plus affectueux pour le dernier roi. Ils s'attendrirent avec elle, pleurèrent ensemble, et quand la première douleur fut appaisée, Louis parut. Ses douces insinuations écartèrent insensiblement les ombres funèbres dont elle étoit environnée, et firent briller à ses yeux les espérances d'un bonheur selon son cœur, que le prince et elle avoient autrefois sacrifié au besoin des circonstances. Anne retourna en Bretagne, mais en partant, elle donna au roi sa parole de l'épouser, s'il réussissoit à faire rompre légalement les liens qui l'unissoient à Jeanne de France, fille de Louis XI.

Procédures

ce avec Jeanne

Les qualités del'esprit et du cœur compensoient en cette princesse la beauté pour le divorqui lui manquoit. Elle aimoit unique- de France. ment son mari, et quoique négligée, quelquefois même dédaignée et traitée peu convenablement, elle n'avoit cessé d'être épouse soumise, et souvent secourable, dans les dangers où la révolte avoit engagé Louis.On espéroit qu'elle se prêteroit de bonne grâce aux desirs du roi, et qu'elle n'opposeroit dans la procédure que ce qu'il faudroit de raisons

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