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<< l'exécution ». Tous le jurèrent avec empressement, et recurent des formules pour faire prêter à leur retour le même serment, aux villes et aux communautés dont ils étoient mandataires. De la salle des Etats, les futurs époux furent conduits au pied de l'autel, où le cardinal légat les attendoit. La princesse avoit sept ans, et le comte d'Angoulême, qui prit le titre de duc de Valois, en avoit douze.

Le roi fit dresser un procès-verbal de ce qui s'étoit passé dans les Etats de Tours, et l'envoya dans toutes les cours de l'Europe. On juge que l'empereur Maximilien, grand-père du duc de Luxembourg, et l'archiduc d'Autriche, fils du premier, et père du second, ne furent pas contens d'une décision qui privoit leur héritier d'une alliance si avantageuse; mais l'Archiduc n'eut pas le temps d'en montrer son chagrin. Il mourut à l'âge de vingthuit ans, d'une maladie causée par des exercices violens en plus d'un genre. La folie de Jeanne, passionnée pour cet époux infidèle, en augmenta. Les Flamands, qui n'aimoient pas Maximilien, lui laissèrent à la vérité la garde et la tutelle de Charles, leur jeune duc; mais ils créèrent un conseil de Tom. VI.

F

1506.

Troubles de d'Espagne.

Flandre et

1506. régence pour le gouvernement. Les Castillans, tombés sous la domination de Jeanne-la-Folle, par la mort de son mari, se disputèrent entre eux pour établir aussi des régens, sans demander l'aveu de Ferdinand, qui étoit alors dans son nouveau royaume où des affaires importantes le retenoient.

Embarras de

Ferdinand

Peu s'en fallut qu'il ne lui fût enlevé par les mêmes mains qui le lui avoient conquis. Gonzalve s'y étoit fait un parti puissant, en distribuant à ses capitaines, non-seulement les dépouilles de la faction angevine, mais encore des domaines de la couronne. Les seigneurs napolitains, enchantés des qualités brillantes du Grand Capitaine, le desiroient pour roi. Le pape l'auroit mieux aimé qu'un roi comme Ferdinand, puissant de ses propres forces, et qui n'avoit pas besoin de lui pour se soutenir. Ces raisons réunies firent appréhender à l'Arragonais que ce royaume ne lui échappât. Cette crainte le détermina à aller visiter ses nouveaux sujets, et à leur montrer Germaine leur jeune souveraine. Elle contribua, par ses manières affables, à faire supporter aux Napolitains la domination de son époux, naturellement sombre et froid. Ger

maine obtint aussi de Louis XII,
son oncle, qu'il ne se mêlat pas de
ces brouilleries, auxquelles les mé-
contens vouloient le faire participer
et qui pouvoient lui rouvrir le chemin
à ce trône regretté ; mais il
y renonça
pour toujours.

1506.

Génois.

1507.

Que nerenonça-t-il de même à toute Révolte des l'Italie ? Ce fatal duché de Milan, le patrimoine de sa famille, fixoit toujours son attention, et les moyens de le retenir en sa puissance étoient l'objet de tous ses soins. Les Italiens, au contraire, princes, chefs aventuriers, républicains, ne voyoient qu'avec peine au milieu d'eux une puissance capable de leur imposer la loi. Le pape Jules II, que le roi de France avoit aidé à conquérir Pérouse et Bologne sur ses propres alliés, favorisoit cette malveillance, et l'empereur l'encourageoit. Ce n'étoit pas encore une ligue, mais un desir commun, assez ouvertement manifesté dans ce qui se passa a Gênes.

Cette ville présentoit à Louis XII le meilleur passage pour aller au secours du Milanès, s'il étoit attaqué. Elle s'étoit donnée aux Français; mais les factions qui l'agitoient sans cesse, offroient perpétuellement aux princes

1507. jaloux de la France, les moyens d'ébranler la fidélité de ces républicains pour elle. Une querelle survenue entre la noblesse et le peuple, détermina le roi à envoyer des commissaires chargés de les réconcilier. Le pape l'en avoit sollicité pour le bien de la paix, et lui dépêcha même un cardinal à cette fin. C'étoit lui cependant qui souffloit le feu de la révolte, en promettant des secours au parti populaire. A sa sollicitation, les commissaires donnèrent une sentence modérée, mais qui parut encore au peuple trop favorable à la noblesse. La populace se souleva, jeta un masque hypocrite de dépendance qu'elle avoit conservé jusqu'alors, et poursuivit les Français dans tous les lieux. A la prise d'un petit fort qui, faute de munitions, se rendit sans défense, moyennant la messe des honneurs de la guerre, elle se porta à des excès après lesquels il ne pouvoit plus y avoir de retour à la soumission, et dont une chronique du temps termine le tableau par ces traits. Ils encroisoient (mettoient en croix) les Français, leur arrachoient le cœur et les entrailles, se lavoient les mains dans leur sang,

pro

les tailloient en pièces, sans pitié, avec les femmes qui là étoient, lesquelles faisoient mourir de tant cruelle et étrange mort, que l'horreur du fait me défend d'en parler.

tiée.

1507.

Ces atrocités déterminèrent le roi à Elle est châaller les punir lui-même. Il leva une forte arinée, mena avec lui un grand nombre des principaux seigneurs, et, ce qui étonna, huit cardinaux et une trentaine de prélats, tant évêques qu'archevêques. L'avant-garde de cette armée commandée par Chaumont et la Palice, suffit pour repousser dans leur ville les Gênois qui s'étoient créé des chefs, et qui tentèrent d'en défendre les approches; mais battus deux fois, et forcés à demander grâce, ils ouvrirent leurs portes. Le roi entra avec l'appareil d'un monarque irrité, l'épée nue à la main, entouré de seigneurs en habits de combat et d'une troupe de gentilshommes, et des archers de sa garde, la lance en arrêt, et l'arc bandé. Trente sénateurs, la tête rase et couverts de longs habits de deuil, prononcèrent un discours touchant dans lequel ils attribuèrent toute la faute au délire d'une populace frénétique. Louis les écouta, passa outre

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