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précipitamment du voisinage de Bo- 1507. logne, quand il sut que le roi en approchoit.

Louis XII se promena avec com- Fêtes dans plaisance dans le duché de Milan. le Milanès. Par-tout il recevoit des fêtes plus somptueuses les unes que les autres. On parle d'une de ces fêtes que lui donna Jean-Jacques Trivulce, seigneur Milanais, attaché à la France, où il parvint à la dignité de maréchal; elle surpassa toutes les autres en magnificence, et étonneroit même dans notre siècle de faste et de luxe. Douze cents dames y assistèrent avec toute la cour du roi, et un nombre prodigieux de seigneurs italiens. Cent soixante maîtres d'hôtel, répartis dans les salles, régloient l'ordre du service; douze cents officiers de bouche, revêtus d'uniformes de velours ou de satin, recevoient et disposoient les plats, découpoient les viandes, et servoient au buffet. Le roi ouvrit le bal avec la marquise de Mantoue; et ce qui semble plus extraordinaire dans nos mœurs actuelles, des cardinaux et des prélats y dansèrent.

Ces Fêtes se terminèrent par l'entre- Entrevue de vue de Savone, où Louis reçut Fer-Savone. dinand, qui retournoit en Espagne

1507.

Ligue de Camo i

1508.

avec Germaine de Foix son épouse.
Il combla sa nièce de caresses et de
présens. On a lieu de soupçonner par
les suites
, que son amitié pour la
jeune princesse lai cansa des épanche-
mens de confiance dont le vieil époux
sut profiter du moins est-il comme
certain que dans cette entrevue furent
jetés, sous la direction de l'Arrago-
nais, les fondemens d'une ligne qui
mit peu après l'Italie en feu. Le roi
de Naples emmenoit avec lui Gonzalve,
à qui le roi de France prodigua les
honneurs et les distinctions. Le grand
capitaine, qui devoit bien connoître
la mauvaise foi de son maître, s'é-
toit laissé déterminer par lui à quitter
ses beaux établissemens et ses espérances
de Naples, pour des promesses à réa-
liser en Espagne. Quand Ferdinand
le tint dans son Arragon, il oublia
tous ses engagemens, et relégna le
conquérant du royaume de Naples dans
les terres qu'il possédoit en Espagne.
Il y mourut de chagrin.

A force de traités de paix, l'Europe étoit sans cesse menacée de la guerre, parce qu'il n'y avoit aucune de ces conventions qui ne créat ou ne laissât subsister des prétentions, que chaque

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puissance se promettoit de réaliser tôt ou tard. Le roi d'Arragon, Ferdinand, expert dans cet art d'une diplomatique tortueuse, est soupçonné d'avoir proposé dans l'entrevue de Savone un plan de confédération entre les principaux souverains de l'Italie, pour régler leurs limites respectives. Le détail en est ignoré; mais on peut présumer que c'étoit à peu près le même que Marguerite d'Autriche mit à exécution.

Cette princesse, successivement veuve de Jean de Castille, fils de Ferdinand et de Philibert, duc de Savoie, étoit fille de Maximilien, sœur de l'archiduc Philippe, tante du jeune Charles, alors duc de Luxembourg, depuis empereur sous le nom de CharlesQuint, et, enfin, gouvernante des Pays-Bas pour son neveu. On ne peut douter qu'elle ne conservât du ressentiment de l'affront qui lui avoit été fait en France, lorsque Charles VIII, qu'elle devoit épouser, la renvoya pour donner la main à Anne de Bretagne; mais ce ressentiment étoit balancé par le desir de l'agrandissement de sa maison, sa passion dominante. Il la détermina à sacrifier quelques avantages à la France, pourvu qu'elle en procurât de plus grands à sa famille ;

1508.

1508.

au

or, ces avantages, dans l'état actuel de l'Europe, ne pouvoient se prendre que sur les Vénitiens, dont il sembloit que la domination ne dût pas s'étendre hors de leurs lagunes. Maximilien, qu'on ne doit pas présumer ignorant des démarches de sa fille, prétendoit, comme empereur, au Padouan, et à plusieurs villes adjacentes; et comme chef de la maison d'Autriche, Frioul et à l'Istrie, sans doute avec l'intention secrète, entre lui et Marguerite, quand il seroit maître de ces provinces, de se servir des forces qu'il en tireroit pour s'emparer du Milanès. Mais afin que le roi de France ne fût pas trop allarmé de la puissance que son père alloit acquérir en Italie elle proposoit de l'aider à conquérir le Bressan et plusieurs villes autrefois dépendantes du duché de Milan, et à se venger des Vénitiens, dont les tergiversations avoient été si fatales à lui et à Charles VIII son prédécesseur. Des avantages de convenance étoient assurés au pape, auquel on faciliteroit l'acquisition des villes qui seroient à sa bienséance; et à Ferdinand, qui prétendoit recouvrer Trani, Brindes, Otrante et Gallipoli, villes du royaume de Naples, qui étoient engagées aux

Vénitiens, depuis dix ou douze ans. Les confédérés, se regardant comme bien supérieurs par leur antique noblesse et la splendeur de leur dignité, à ces orgueilleux marchands, prirent entre eux l'engagement de réunir leurs efforts, et de persévérer dans leur réunion, jusqu'à ce qu'ils eussent,

ou

détruit, ou fait rentrer du moins dans
des bornes plus étroites, cette trop
fière république. Le traité fut conclu
à Cambrai, entre Marguerite, au nom
de Maximilien, son père, et de Fer-
dinand, son beau-père; et le cardinal
d'Amboise agissant pour le pape et le
roi de France. La princesse eut l'a-
dresse de mettre les Etats de son ne-
veu en Flandre, dont elle étoit gou-
vernante, hors de tout engagement
avec la ligue. La discussion entre les
négociateurs ne fut pas toujours paci-
fique, et plusieurs articles ne passèrent
point sans des contradictions, même
très-animées; Nous nous sommes
écrivoit Marguerite, monsieur le légat
et moi, cuidés prendre au poil.
Quoique les Vénitiens ne
point positivement ce qui se passoit
contre eux, ils en avoient cependant
des soupçons, et entretenoient auprès

sussent

1508.

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