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15.0. ecclésiastiques. Matthieu Long, évêque de Gurk, et premier ministre de l'empereur qui l'avoit envoyé à cette assemblée, en souscrivit toutes les résolutions; et demanda, au nom de son maître, un recueil exact des libertés de l'Eglise Gallicane, pour les faire adopter en Germanie. Mais au lieu d'y devenir, comme en France, un simple préservatif contre les entreprises de la cour de Rome, elles produisirent dans les écoles de théologie, dans lesquelles pour intimider le pape, les dissémina Fimprudent Maximilien, et où étu dioit alors le fameux Martin Luther, une fermentation funeste, qui devoit être presque aussi fatale à l'autorité de l'empereur, qu'à celle du pape.

Hostilités.

Pendant ces arrangemens la guerre se faisoit à outrance en Italie, par petites actions, souvent plus meurtrières que les grandes batailles. Les Français étoient accourus de Milan au secours du duc de Ferrare, sous le commandement du maréchal de Chaumont, général expérimenté, mais trop temporiseur; par des marches Savantes il enferma le pape dans Bologne : le pontife, qu'il pouvoit forcer sur-le-champ, offrit de faire un accomodement sincère avec la France

et demanda du temps. Chaumont l'accorda mais pendant le délai arriva -un général vénitien, conduisant un corps de Turcs à la solde de la république. Jules, protégé d'ailleurs par l'ambassadeur du roi d'Angleterre, et même par celui de l'empereur fut sauvé, et Chaumont qui, même en réussissant, craignoit d'être désavoué, reprit la route de Ferrare, et mourut à peu de temps de-là. On remarque qu'il fit demander au pape la levée des censures qu'il pouvoit avoir encourues, pour lui avoir fait la guerre.

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d'être surpris

Le maréchal de Trivulce lui suc- Le pape est céda. Sous lui combattoient Fon-sur le point trailles, la Palice et Bayard, les par Bayard, derniers héros de la chevalerie fran- 1511. çaise. Toujours en action ils désoloient le pontife guerrier par des courses perpétuelles. Peu s'en fallut que Bayard ne le surprît dans une embuscade habilement dressée et dont une tempête de neige, survenue à propos pour le pape, empêcha l'effet. Jules se rendant saus escorte au siège de la Mirandole, fut obligé par l'effet de l'ouragan, de revenir sur ses pas; il rentroit dans le château d'où il étoit parti, lorsque Bayard à la poursuite des fuyards parut à l'extrémité du pont.

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Le pontife n'eut que le temps de sauter à bas de sa litière et d'aider même à hausser le pont-levis.

Obstacles au Rien ne pouvoit mieux seconder . concile de Pi-les armes françaises qu'un concile contre Jules. général, qui auroit tenu Jules dans

se, dirigé

une perplexité embarrassante. Louis XII fit ses efforts pour l'assembler. De tous les princes qui avoient promis de seconder son projet, il trouva les uns froids et indifférens, les autres répugnans et même contraires. Le roi d'Angleterre tenoit à gloire de se déclarer protecteur du pape ; le roi d'Écosse prioit qu'on ne l'engageât pas dans cette affaire, de peur qu'elle ne servît de prétexte à son voisin pour lui declarer la guerre ; le roi de Portugal craignoit de désobliger Ferdinand-le-Catholique, roi d'Arragon, qu'on savoit secrètement attaché au pape, qui lui prodiguoit tous les privilèges qu'il desiroit pour ses royaumes de Naples et de Sicile; et les princes même d'Italie qui joignoient leurs enseignes aux drapeaux français, tout en combattant le pape, hésitoient à se brouiller irrévocablement avec lui; et craignoient pour leurs états les troubles inséparables du schisme. Le seul

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Maximilien se montroit décidé à suivre le plan concerté avec Louis pour le concile, et il promit d'y envoyer les évêques d'Allemagne et des Pays-Bas, en même temps que le roi grossiroit cette assemblée de tous les prélats de France. Cependant Maximilien se prêta à quelques conférences de paix avec le souverain pontife, qui tenoit sa cour à Bologne. Il lui envoya l'évêque de Gurk, son confident: mais comme si ce ministre ne fût venu que pour faire au souverain pontife un refus de parade, il rejeta avec hauteur des propositions très-acceptables, dans lesquelles le pape, il est vrai, s'obstinoit à ne vouloir pas comprendre Louis XII. Le résultat de ces conférences inutiles fut la convocation du concile de Pise qu'autorisèrent les ministres de l'empereur et du roi de France.

Dans ces entrefaites le duc d'Urbin, général du pape, perdit une bataille; son armée fut complettement défaite et presque détruite. La prise de Bologne devint le prix de cette victoire remportée par Trivulce. Avant l'action, Jules, en prévoyant l'issue, s'étoit retiré à Ravenne, d'où il fit faire des offres à Trivulce. Celui-ci,

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qui craignoit en poursuivant ses succès, d'ailer au-delà de ses instructions les envoya au roi; et en attendant sa réponse, le souverain pontife gagna Rome dont l'armée victorieuse auroit pu lui fermer le chemin. Par déférence pour Maximilien, qui s'étoit montré constant dans leurs communes résolutions, Louis XII rejeta aussi les propositions du pape, quoiqu'elles lui fussent très-avantageuses.

La ligue de la Uu si bel accord entre des princes sainte Union. d'intérêts si opposés ne pouvoit guère durer. On ne sait par où Jules attaqua Maximilien, si ce fut par l'ambition on l'intérêt, deux moyens également puissans sur lui; l'argent, métal enchanteur sur lequel ses regards se portoient toujours avec complaisance, ou le desir de rattacher à ses autres possessions le duché de Milan, à son gré, trop peu payé par l'hommage que Louis XII lui en avoit fait, quoique ce monarque eût assez chèrement acheté son propre bien. Quelque moyen de séduction qui ait été employé auprès de l'empereur, peu après avoir rejeté dédaigneusement les offres du pape, Maximilien commença à biaiser dans sa conduite. Il se plaignit de ce que le concile étoit

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