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indiqué pour la ville de Pise, et non pas pour une ville d'Allemagne, et ce mécontentement apparent lui servit à ne pas presser l'arrivée des évêques de Germanie. Il ne s'y rendit que quelques Français et quelques Italiens, qui se joignirent aux cardinaux mécontens. Le concile fut ensuite transféré à Milan, parce que la ville de Pise ne paroissoient pas assez sûre. Jules opposa à cette assemblée la convocation d'un concile général, qui devoit se tenir dans le palais de Latran. En attendant, il déclara les membres du concile schismatiques, et jetta l'interdit sur les villes qui le recevroient. Ce fut une des causes de la défaveur qu'éprouva le concile à Pise, et qui obligea ses membres de le transférer à Milan. Enfin Jules eut l'adresse d'engager Ferdinand-le-Catholique, infidèle à tous ses traités avec la France, à se déclarer ouvertement pour lui. 11 obtint la même complaisance du roi d'Angleterre, qui fit même auprès du roi de France des instances mêlees de menaces, si on ne rendoit pas Bologne à l'église. De ces princes et des petits souverains d'Italie, ainsi que de la grande république de Venise et de quelques autres moindres, Jules forma une association

1511.

1511.

ar

qu'on appela la ligue sainte ou la
ligue de la sainte union. Les Suisses
s'y joignirent, partie par zèle de re-
ligion, partie par ressentiment des
paroles méprisantes de Louis XII,
et bientôt parut en campagne, sous
les étendards de l'Eglise, une
mée composée de ces mêmes Suisses
entraînés contre la France; de ces
troupes mercenaires, qui vendoient
leur sang aux princes Italiens dans
leurs querelles; de bataillons napo-
litains, nommés bandes Espagnoles,
que Ferdinand licentia afin qu'elles
s'engageassent au pape; et enfi de
Turcs même soldés par les Vénitiens, et
qui arboroient le croissant de Mahomet
à côté des clefs de Saint-Pierre. Un
agent du pape en Angleterre trahit
les secrets du pontife et livra sa cor-
respondance à Louis XII. Ce prince
reconnut alors avec étonnement quels
étoient ses ennemis. Dissimulé pour la
première fois de sa vie, il affècia de
croire aux protestations d'amitié qu'ils
continuoient à lui faire, ou aux jus-
tifications qu'ils offroient de leur con-
duite et il ne pensa plus qu'à dé-
jouer leurs complots par des mesures
vigoureuses.

Cependant l'humeur belliqueuse de

1512. Dangers du

Jules, qui appeloit sur Rome les
fléaux de la guerre, déplut à ses ha-
bitans. Les manifestes que le roi de pape.
France y répandit avec profusion, et
les manœuvres des agens qu'il y fit
glisser, réussirent si bien, que le pen-
ple se révolta, et que le pape fut contraint
de se réfugier pour un temps dans le
château Saint-Ange. La haine entre
le souverain pontife et le monarque
étoit à son comble: celui-ci fit frap-
per une médaille ou monnoie qui
exprimoit son ressentiment et ses
projets. Elle portoit pour légende
Perdam Babylonis nomen. « J'efface-
<< rai jusqu'au nom de Babylone. ». C'est
ainsi qu'il qualifioit le pape et la partie du
sacré collège qui lui restoit attachée, et
ce n'étoit pas une menace vague. Il se
préparoit à y donner tous les effets pos-
sibles. Son projet auquel l'armée for-
midable qu'il envoyoit en Italie don-
noit l'espérance d'un plein succès,
étoit d'aller droit à Ronie, d'y entrer
de gré ou de force, de faire le pape
prisonnier, d'amener en triomphe son
concile de Milan dans la capitale du
monde chrétien, de déposer Jules
de placer sur son trône un pontife dé-
voué à ses intérêts, et d'envoyer ensuite
son armée, continuant ses exploits,

1512.

Bataille de

Ravenue.

son

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s'emparer du royaume de Naples.
Il en donna le commandement à
Gaston de Foix, duc de Nemours "
fils de sa sœur,
neveu
jeune
homme de vingt-deux ans, qu'il aimoit
tendrement, plein de grâce et de va-
leur, enjoué et sensible, aimable et
généreux, chéri à la cour par sa galan-
terie noble, adoré dans les camps pour
ses vertus guerrières, et auquel Louis
destinoit sa seconde fille et la couronne
qu'il l'envoyoitconquérir. Gaston com-
mença ses exploits avec une rapidité
qui lui fit donner le surnom de Fou-
dre d'Italie. La ville de Bologne, en-
levée au pape après qu'il s'en étoit
sauvé en amusant le maréchal Chau-
mont, étoit pressée par l'armée de la
sainte union, commandée par Rai-
mond de Cardonne, vice- roi de Na-
ples. Gaston, à la faveur de la nuit
et de la neige, y pénètre avec toute
l'armée sans que les assiégeans s'en'
apperçoivent et par cette seule
mesure i en fait lever le siège. Sans
se reposer, il vole à Bresse que les
Vénitiens venont de surprendre, et
la leur enlève après un combat terrible.
Avec la même rapidité il revient sur
ses pas chercher l'armée de l'union
qu'il s'étoit borné d'abord à faire reculer.

,

Il étoit instant de la dissiper. Ferdi-
nand menaçoit d'entrer en Languedoc,
Henri VIII son gendre, de descendre
en Picardie, et Maximilier enfin avoit
donné ordre à cinq mille lansquenets,
levés dans ses états et à son invita-
tion par Louis XII, de rentrer dans
leur patrie. Le brave capitaine Jacob
(Jacques d'Empser) qui les comman-
doit, indigné de la lâcheté qu'on lui
ordonne, en fait part à Gaston, et
lui demande sur-le-champ la bataille,
pour prévenir la nécessité où il se trouvoit
d'obeir. Elle fut fixée au lendemain, jour
de Pâques, et la défaite de l'armée papale
fut complète; elle perdit son artille-
rie et ses bagages, et laissa quinze mille
hommes sur le champ de bataille. Pierre
Navarre, Fabrice Colonne, le jeune
marquis de Pescaire et le cardinal de
Médicis, qui fut pape l'année suivante
sous le nom de Léon X, furent faits
prisonniers. Les seules bandes Espa-
gnoles commandées par Navarre,
soutinrent noblement l'honneur qu'el-
les avoient acquis sous Gonzalve
Grand Capitaine: plusieurs fois enfon-
mais jamais
jamais vaincues, elles

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le

cées,
s'étoient ralliées au nombre de deux
mille hommes, qui, enseignes dé-
ployées, tambour battant et marchant au

1512.

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