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1515.

Mort de Jules II.

Election de

Léon X.

et les Vénitiens en retour lui avoient abandonné leurs droits sur Crémone.

Ce traité, et une trève d'un an avec Ferdinand et avec Marguerite, gouvernante des Pays-Bas, donnèrent au roi quelque tranquillité sur les affaires d'Italie; et pour surcroît de sé-` curité, Jules II mourut. Non content de s'être fait payer de ses services dans la ligue par le don de Parme et de Plaisance, arrachés au milanois, Jules, au moment où la mort le surprit, songeoit à envahir Ferrare, le but chéri de ses desirs ; il ourdissoit en même temps une révolution à Florence, pour en expulser les Médicis, rétablis depuis peu par Raymond de Cardone, que l'avarice de Ferdinand avoit forcé à se faire une ressource de cette expédition; il publioit enfin une bulle contre les privilèges du royaume de France, le livroit au premier occupant en punition du schisme de son roi et transféroit au roi d'Angleterre le titre de roi très-chrétien.

Jean, cardinal de Médicis, fut élu tout d'une voix le septième jour du conclave, et prit le nom de Léon X. Louis s'empressa de le prévenir. Il lui fit offrir d'abandonner le concile de Pise et de se déclarer son bon,

dévot et obéissant fils, si lui-même vouloit en agir en père et révoquer les censures de son prédécesseur. Le caractère personnel de Léon le portoit à la conciliation; mais n'ayant pas encore eu le temps de reconnoître tous les intérêts qu'il avoit à ménager, il se borna à des louanges et à des promesses, et supplia le roi de suspendre ses projets hostiles sur l'Italie. Louis ne crut pas devoir lui faire ce sacrifice.

1513.

Novare.

Les Français

l'Italie.

Maximilien Sforce, peu aidé par Bataille de l'empereur, son protecteur, s'étoit trouvé dans la nécessité de mettre des impôts sur ses nouveaux sujets. Ses exactions aliénèrent les Milanais. Ce fut dans cette circonstance que le roi fit passer en Italie une armée nouvelle, mais peu nombreuse; il en offrit le commandement à Charles de Bourbon-Montpensier, digne émule de Gaston. Mais le jeune prince qui avoit apprécié la position des Français audelà des monts, refusa de s'en charger. A son défaut le généralat fut offert à la Trémouille et à Trivulce qui furent moins circonspects que lui. A leur entrée, beaucoup des partisans de Sforce retournèrent sous la domination des Français, qui se virent encore

1513.

une fois maîtres de tout le duché. Sforce se retira avec six mille Suisses dans Novare, où l'armée française l'assiégea; mais après plusieurs assauts livrés sans succès, elle leva le siège, à cause d'un renfort de dix mille Suisses qui s'introduisirent dans la place. La Trémouille alla camper à quelque distance, attendant lui-même pour agir des renforts qui lui étoient promis. Mais Trivulce auquel la Trémouille abandonnoit la direction des marches et des campemens, parce qu'il étoit du pays et devoit mieux le connoître, plaça mal l'armée française, dans un pays coupé de canaux et de ravins, où la cavalerie ne pouvoit agir. La Trémouille, de son côté, comptant trop sur l'expérience de son collègue, et dans la sécurité qu'il ne scroit point attaqué, n'avoit couvert son camp que de son artillerie. Les Suisses ayant reconnu sa position, forment le projet de l'assaillir. Sur le soir ils partent sans bruit de Novare et arrivent à la pointe de jour en présence du camp. L'artillerie tonne en vain sur eux; malgré ses ravages, sans rompre leurs rangs, ils accélèrent le pas, parviennent jusqu'au canon, s'en emparent et le dirigent sur les Français. L'infanterie fut totalement défaite. La

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cavalerie ne put aller à son secours, et les Français poursuivis sans relâche abandonnèrent non seulement le Milanès, mais toute l'Italie, et notamment Gènes, qui alors s'affranchit de leur domination et se donna un doge.

Ce dernier malheur fournit aux ennemis de Louis XII l'occasion de développer leur profonde animosité; car on ne peut guère attribuer qu'à cette cause l'invasion que tentèrent l'empereur Maxmilien, Henri VIII, roi d'Angleterre, et les Suisses; invasion qu'ils ne daignèrent pas légitimer du moindre prétexte; mais dont il paroît que le motif étoit de la part du roi d'Angleterre, le desir de profiter des désastres du roi pour reconquérir quelque partie de la France; de la part des Suisses, une impulsion de fureur aveugle, et de zèle fanatique don. née par le cardinal de Sion; et enfin de la part de l'empereur, la passion de se rendre maître si absolu du duché de Milan, qu'il pût en donner l'investiture à qui bon lui sembleroit, et il y a lieu de présumer qu'intérieurement il la destinoit à son petit-fils, l'archiduc Charles d'Autriche, déjà roi de Castille, et souverain des PaysBas. Ce qui donne lieu à cette conjec

1013.

Ligue de Malines.

1513.

Les Anglais battus sir mer.

,

ture, c'est que la confédération entre les envahisseurs fut signée à Malines sous les yeux de l'archiduchesse Marguerite, gouvernante des Pays-Bas, toute devouée à l'agrandissement de sa maison et à l'augmentation de la puissance de son petit-neveu.

,

Marguerite étoit cette princesse, qui appelée à la cour de France dans l'espérance d'épouser Charles VIII, en étoit sortie lorsque ce jeune monarque donna la main à Anne de Bretagne. Louis XII étant duc d'Or léans avoit été élevé avec elle, et conservoit de leur liaison, un souvenir affectueux, dont on a la preuve dans une lettre qui est restée. Il étoit marié avec Anne de Bretagne, deux fois ainsi rivale de Marguerite, lorsqu'il lui écrivoit: Vous êtes la seconde personne du monde que j'aime le plus tendrement. Je veux absolument embrasser ma cousine, ma vassale, ma première maîtresse, et après l'avoir fait rougir de ses coquetteries, lui jurer une éternelle tendresse.

Mais, s'il restoit dans le cœur de l'Autrichienne quelque trace des impressions d'enfance, la politique et l'attachement à sa maison l'emportoient. Elle présida donc donc au traité

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