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formes protectrices de la justice à en1499. fanter et perpétuer les procès, n'aient pas mieux réussi à Louis XII, qu'aux rois ses prédécesseurs et successeurs.

Outre la sagesse des réglemens, qui donne à Louis XII un rang entre les législateurs, on remarque dans le texte même de l'ordonnance une rectitude d'intention, une expression tendre et affectueuse, en un mot, un ton paternel, qui, peut-être, plus que ses autres qualités et ses vertus, lui a mérité le surnom de père du peuple. Heureux s'il se fut contenté de cette gloire, et s'il ne se fût pas laissé entraîner comme Charles VIII, à l'ambition de conquérir ce royaume de Naples, que le dernier prince de la maison d'Anjou avoit résigné aux rois de France! Présent funeste qu'un faux honneur et l'esprit chevaleresque de son siècle, lui faisoient un devoir de réclamer. Louis XII y joignit le desir de se faire restituer, comme héritier de Valentine Visconti, son aïeule le duché de Milan, usurpé par les Sforces, et tenu alors par Ludovic-le-Maure, héritier trop subit de Galéas, son neveu, qui avoit épousé la nièce de Fréderic, alors sur le trône de Naples.

Sforce prévit l'orage prêt à fondre

vic-le-Maur

sur lui, et tenta tous les moyens pour 1499. le détourner, en s'environnant d'auxi- Mesures liaires. Il sonda Alexandre VI, mais coutre Ludoil trouva ce pape prévenu par les avantages que le roi de France avoit faits au duc de Valentinois, son fils. En vain s'adressa-t-il aux Vénitiens; des négociateurs français les avoient gagnés, en leur promettant une augmentation de territoire après la conquête du Milanès. Tous les autres princes et républiques d'Italie, entraînés par ces deux grandes puissances, n'osèrent pas mênie promettre à Sforce de rester neutres. Le roi de Naples, également menacé, auroit pu faire cause commune avec lui; mais ce monarque ne s'imaginoit pas qu'il pût être réduit à la dure extrémité de joindre ses drapeaux, contre les Français, à ceux du perfide empoisonneur du mari de sa nièce. Ainsi, de ce côté, Ludovic n'osoit se flatter d'un secours, ni prochain, ni efficace. Il avoit vu avec satisfaction l'empereur Maximilien,comptant apparemment sur les embarras ordinaires dans le commencement d'un règne, déclarer brusquement la guerre à Louis XII: mais cette attaque étoit restée sans suite, parce que l'archiduc Philippe, son fils, duc de Bourgogne,

1499.

Premiers em

prunts.

pas

et souverain des Pays-Bas, n'avoit voulu épouser la querelle de son père, et qu'au contraire il fit au roi hommage de ses états, avec toutes les démonstrations de soumission qu'on voulut exiger. Il restoit à Sforce quelqu'espérance de diversion par l'Angleterre, toujours prête à s'armer contre la France; mais Louis XII enchaîna la mauvaise volonté d'Henri VII, en lui assurant le paiement de la pension de cinquante mille écus, stipulée par le traité d'Etaples, et y ajoutant des présens aux gens de son conseil. Enfin la France venoit de renouveler solennellement ses anciens traités avec les Suisses, et avoit même payé d'avance aux cantons les capitulations non encore échues, excellent moyen de s'assurer de la fidélité de la nation. Cependant plusieurs corps détachés, attirés par l'appât d'une solde plus considérable, passèrent sous les drapeaux de Ludovic, et furent sa seule ressource; mais ressource perfide, et plus funeste pour lui que n'auroit été l'abandon.

La sortie de tant d'argent donné à l'Angleterre et aux Suisses, distribué dans les cours des petits princes d'Italie et semé dans les républiques de Gênes, de Venise, de Florence et de Pise,

pour y gagner ds suffrages, avoit épuisé 1499. le trésor royal avant que la guerre fût commencée. Entre les moyens qui lui furent présentés pour le remplir, Louis XII préféra celui de vendre les offices des finances, et de recevoir, des traitans acquéreurs, des avances, dont le remboursemeut étoit assigné sur la perception des impôts dont ils faisoient les deniers bons. On dit qu'il n'employa qu'avec répugnance cet expédient, qui étoit un véritable emprunt, impôt masqué, qui tôt ou tard retombe sur les contribuables. On prétend qu'il en sentit tout le danger, et qu'il se gêna dans la suite, pour rembourser ces avances, afin de détourner ses successeurs d'une ressource aussi onéreuse au souverain qu'au peuple; mais l'exemple étoit donné, et n'a été que trop

suivi.

Milanès.

Avec ces secours, Louis leva une Conquête du armée qui entra impétueusement dans le Milanès en trois divisions, qui avancèrent rapidement. Quelques petites villes qui résistèrent d'abord, furent prises d'assaut, pillées et brûlées, four épouvanter les autres; aussi presque toutes prévinrent l'attaque et envoyèrent d'elles-mêmes leurs clefs aux généraux français. Ludovic, dans ce désastre

1499.

Le roi à Milan:

général, fit passer sa famille et la plus grande partie de ses trésors chez l'empereur Maximilien. Lui-même fuyoit, ne sachant à qui se fier, abandonné par les uns, trahi par les autres. Il espéra un moment trouver quelque ressource dans la compassion du peuple de Milan : il convoqua les principaux de la ville, et leur fit un discours pathétique, qui fut souvent interrompu par ses sanglots. Le faux pénitent avoua ses fautes; mais non, sans doute, ses crimes ; il tâcha de les excuser, et de se les faire pardonner, en récompense, disoit-il, des services qu'il avoit rendus : il prodigua les promesses, et pour dernière tentative, il fit publier la suppression d'une partie des impôts. Mais quel fond à faire sur un peuple qu'on supplie? A la manière dont on reçut ses offres et ses dons, loin d'espérer d'être secouru, il eut tout lieu de craindre d'être livré et prit la fuite. Sitôt qu'il eut quitté la ville, la citadelle, très-forte par ellemême et garnie d'une bonne garnison, de vivres et de munitions, se rendit, ou plutôt,fut vendue par le gouverneur.

Louis XII, qui étoit venu à Lyon pour veiller de plus près sur l'expédition, apprenant ces succès, passa aussitôt les Alpes, fit une entrée triom

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