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avec ses principes, il s'y fit couronner roi. Pendant le cours du règne le plus licencieux, il porta un sceptre de fer; il fallut que la noblesse et les princes catholiques et protestans, contre lesquels les nouveau sectaires s'étoient également conjurés, s'armassent conjointement contre eux, et il n'y eut d'autre moyen de détruire le fanatisme, que d'exterminer les fanatiques eux-mêmes.

iMais des réformateurs, nés du luthéranisme, le plus important de tous pour l'influence qu'il ent sur la France, fut Calvin. Sa doctrine y fit des progrès rapides, exclusivement à celles des autres prédicans.

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Ligue.

la

Calvin, comme les nouveaux évan- Dogmes gélistes, établit pour base de sa re- de Calvin. ligion, l'inspiration intérieure ; l'autorité Espride. La de l'église n'étant, selon lui, qu'un témoignage humain qui peut tromper, il faut que le Saint Esprit confirme ce témoignage extérieur de l'Eglise, par un témoignage intérieur; il faut que le même Esprit qui a parlé par les prophêtes entre dans nos cœurs, pour nous assurer que les prophêtes n'ont dit que ce que Dieu a révélé. Par-là, le témoignage des Pères, la tradition, les décisions des conciles

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deviennent inutiles, et, comme l'a dit un de nos poëtes: Tout calviniste est pape, une bible à la main.

D'après ce principe, Calvin bâtit une religion qu'il ne lui fut pas difficile de trouver dans les livres saints, en les interprétant selon son sens particulier: il ôte à l'homme tout pouvoir de résister à la concupiscence, établit sa justification, exclusivement sur les merites de Jésus-Christ, sans que les œuvres de l'homme y aient aucune part, et il ne lui donne d'autre certitude de son salut, que la conviction intérieure de sa foi de-là l'inutilité de la pénitence, qu'il rejette comme sacrement, mais dontil souffre néanmoins les actes, comme propres à rendre le Chrétien plus attentif à ses devoirs. L'homme étant justifié sans ses œuvres, il s'en suit que ni la contrition, ni la confession, ni la satisfaction, ne sont nécessaires, non plus que les indulgences et le purgatoire, qu'il traite d'institutions humaines, imaginées par l'avarice des prêtres catholiques.

Calvin rejette le culte des images, qu'il prétend ne pouvoir être sans idolâtrie. Des sept sacremens des Catholiques, il n'en retient que deux, le Baptême et la Cêne; il avoue néan

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moins qu'on trouve dans l'Ecriture Sainte des traces des cinq autres, mais comme de simples cérémonies. Sa définition du sacrement est adaptée à son opinion sur la justification. N'attribuant l'ouvrage du salut qu'à la Foi, il ne regarde les sacremens comme des moyens de salut, qu'autant qu'ils contribuent à faire naître la Foi ou à la fortifier, et non comme effaçant les péchés.

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Quant à son sentiment sur l'Eucharistie, il est plus aisé de le comprendre par comparaison, qu'absolument. Calvin croit que dans l'Eucharistie nous mangeons réellement le corps de J. C. Mais il ne le croit ni uni au pain comme Luther, ni existant sous les apparences du pain et du vin, comme les Catholiques. Quand nous recevons les symboles eucharistiques, dit-il, la chair de J. C. s'unit à nous, ou plutôt nous sommes unis à la chair de J. C. comme à son esprit. Calvin, prétendant ramener tout à la lettre de l'Ecriture, proscrit proscrit les cérémonies dans l'administration de ces deux sacremens, ainsi que dans les autres actes de la religion, et rejette la Messe, qu'il appelle une sacrilège invention des Papistes. Enfin, selon Calvin, l'Eglise ro

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maine ayant enseigné l'erreur et corrompu le culte, il a fallu s'en séparer. Jusqu'au moment de cette séparation il s'est trouvé dans tous les siècles des personnes qui gardoient précieusement le dépôt de la Foi, et qui conservoient l'usage légitime des sacremens. Par ces hommes, que les Romains regardoient comme hérétiques, tels que les Vaudois et autres, les ministres de la nouvelle religion remontent jusqu'aux apôtres sans interruption de succession et sans soumission au pape, ni aux évêques, dont le pouvoir dans l'Eglise est une tyrannie abominable.

Tel est le précis des dogmes de Calvin, adoptés par les réformés de France. On voit que dans ce plan de religion, il y a pour les savans et pour ceux qui ne le sont pas. Les premiers y trouvèrent ce qui flatte ordinairement les personnes studieuses, des opinions nouvelles, un systême hardi, des faits à discuter, des problêmes à résoudre, des questions à approfondir, sur-tout une grande indépendance et une liberté entière de penser. Les autres s'attachèrent à ce qui est de pratique : ils aimèrent une religion sans cérémonies, sans confession, réduite à deux sacremens, sans presque aucun extérieur de

dévotion, par conséquent sans gêne, et dans laquelle, pour surcroit d'avantage, les ministres n'étoient pas obligés au célibat, ni le peuple à payer la dîme.

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Ibid.

Le culte imaginé par Calvin étoit Son culte. aussi très-propre à lui faire des prosélytes: il avoit retranché les fêtes des saints, les pèlerinages, les confréries et toutes les dévotions journalières et locales; les jeûnes étoient aussi fort rares, mais très-sévères; point d'abstinence, point de fêries, c'est-à-dire de cessation de travail, excepté le dimanche; les baptêmes et les mariages, quoique faits à l'église, ne ressembloient qu'à des cérémonies civiles; les obsèques s'y faisoient aussi, mais sans croix ni luminaires. Enfin, dans cette religion, tout consistoit à se rassembler les Dimanches dans de vastes salles, qui n'ayant ni statues, ni autels fixes, paroissoient plutôt des lieux profanes que des églises. Là, on entendoit des sermons, on chantoit des pseaumes, et à des jours marqués on célébroit la Liturgie, nommée la Cêne. Les ministres, couverts, pour tous ornemens sacerdotaux, d'une simare noire, approchant de nos robes de palais, faisoient des prières autour d'une table longue, chargée de pain et de vin, qu'ils bénissoient en prononçant les paroles

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