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1515.

volontairement le roi de France à cette pragmatique, dépositaire des privilèges etdes libertés de l'église gallicane, et si chère aux personnages les plus éclairés du clergé et de la magistrature. Sans. doute le plan de la conciliation étoit déjà dressé. On l'a appelé concordat, c'est-¿-dire, transaction propre à faire disparoître les difficultés nuisibles à un accord permanent entre les souverains pontifes et les rois de France. Ils se donnèrent, comme on l'a dit alors chacun ce qui ne leur appartenoit pas : Léon X à François 1, le pouvoir de nommer les évêques, abbés, prieurs, chanoines, et presque toutes les dignités ecclésiastiques, qui s'obtenoient auparavant par élection; et François à Léon, pour prix de ses bulles, l'annate, ou le revenu de la première année des bénéfices consistoriaux , c'est à dire, qu'il proclameroit en consistoire sur la nomination du roi. Les grâces expectatives et les préventions en cour de Rome, que la pragmatique condamnoit comme monopoles et abus, furent la plupart conservées par le concordat, mais sous d'autres noms, et avec quelqu'adoucissement de finance. Le parlement, en 1517, fit une longue résistance pour enregis

trer le concordat, et ne se rendit aux desirs du monarque que sous la clause du très-exprès commandement du roi plusieurs fois réitéré, et dans la vue de prévenir les malheurs que les mesures violentes auxquelles le roi paroissoit disposé à se porter, pouvoient amener. I obtint d'ailleurs gain de cause sur la bulle d'abrogation de la pragmatique, rédigée en effet d'un style aussi injurieux à la nation qu'attentatoire à l'autorité du roi et aux libertés de l'Eglise gallicane. On eut honte d'insister pour son enregistrement: la bulle fut retirée et la pragmatique ne fut pas juridiquement abolie, le parlement s'en autorisa pour continuer à juger les causes ecclésiastiques d'après les principes de la pragmatique: le roi ne pouvant l'amener à sa vo

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lonté, lui ôta la connoissance de ces causes et l'attribua au grand-conseil.

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laissé

François rétablit le sénat de Milan, Le connétable confia le gouvernement du duché au con- dans le Mila nétable Charles de Bourbon, austère nès. dans ses mœurs, zélé pour la discipline, et possédant l'art si difficile de se faire aimer et craindre tout à-la-fois. Il ne lui laissa de troupes que ce qui étoit nécessaire pour contenir un pays soumis, et avant que de revenir en France,

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Expédition tardive de

il licencia le reste, dont la solde pesoit au trésor royal. Il n'avoit été absent qu'environ huit mois, pendant lesquels la duchesse d'Angoulême, sa mère, gouverna comme régente.

L'empereur Maximilien, qui ne l'empereur. s'étoit pas montré en Italie pendant 1516. que le roi se rendoit maître du duché de Milan, y parut quand François fut parti, comme protecteur de FrançoisMarie Sforce, frère puîné de Maximilien, retiré en France, et qui se dit substitué aux droits du cessionnaire. Le connétable, trop foible pour résister à la première impétuosité des légions d'Allemands et de Suisses vagabonds, que l'appât du butin avoit rassemblés sous les drapeaux de l'empereur, lui abandonna la campagne et se renferma dans Milan, dont il augmenta les fortifications. Pendant que l'empereur, avançant lentement, perdoit son temps à s'emparer des petites villes qui se trouvoient sur la route, il arriva aux Français un corps de dix mille Suisses, sous le commandement de chefs autorisés par les cantons. Les compatriotes se trouvant en présence entrèrent en conversation d'une armée à l'autre. L'empereur eut peur que les siens ne se laissassent débaucher par les

nouveaux arrivés, et n'en vinssent jus- 1516. qu'à le livrer aux Français, ainsi qu'il étoit arrivé à Ludovic-le-Maure, à Novare. Il abandonna' précipitamment son armée, comme il avoit fait au siège de Padoue, et se sauva en Allemagne. Ainsi finit, à peine commencée, cette expédition mal conçue.

*

Mort de Ferdinand.

Deuxième

çoisavec Char

Il est vraisemblable que l'évènement auroit été moins malheureux, si l'empereur avoit pu être aidé des conseils traité de Franet des troupes de Ferdinand, intéressé les à Noyon. parson royaume de Naples à éloigner les Français; mais ce prince venoit de mourir, de l'effet, dit-on, d'un breuvage qu'il s'étoit fait administrer dans l'espérance d'avoir des enfans. Cette mort inopinée jeta Charles d'Autriche dans de grands embarras. Il avoit à pourvoir en même temps à la sûreté et à la tranquillité de la Castille, de l'Arragon, du royaume de Naples et de la Flandre, tous pays qui avoient besoin chacun de sa présence, et pour lesquels le roi de France, voisin limitrophe de tous côtés pouvoit lui donner des inquiétudes pressantes. Des mariages, moyens si favorables à la maison d'Autriche, vinrent à son secours ; ces mariages, à la vérité, n'étoient qu'en

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1516. projet, mais ils alloient à leur but et conjuroient l'orage. Ce n'étoit plus la princesse Renée que Charles devoit présentement épouser, comme il étoit stipulé par le traité de l'année dernière; mais Madame Louise, fille du roi, quand elle seroit nubile, elle n'avoit qu'un an, et, ce qui paroîtra bien singulier, si Louise mouroit, toute autre qui naîtroit au roi de France et enfin, s'il en manquoit, Madame Renée, fille de Louis XII, qui lui avoit été destinée dans le dernier traité. Pour l'entretien de ces futures épouses, Charles devoit payer, dès-à-présent, et tous les ans, cent mille ducats jusqu'à l'un de ces mariages, et en retour, François I se démettoit de ses droits sur le royaume de Naples, sauf reversion, à défaut d'héritiers. De son côté Charles feroit examiner dans son conseil, ses droits sur la Navarre, et ceux de l'héritier de Foix, pour en remettre Henri d' Albreten possession, si ceux de sa mère étoient jugés les meilleurs. A défaut, de cette restitution sous six mois, le monarque Français pourroit aider le Navarrois à recouvrer sa couronne, et il se réservoit aussi le droit de secourir les Vénitiens, si

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