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que la duchesse d'Angoulême a exigé qu'il le lui donnât, se chargeant de pourvoir à tout et qu'il a sa quittance.

Le monarque passe fort échauffé dans l'appartement de sa mère. On n'est pas sûr de la réponse qu'elle lui fit.Selon quelques-uns, elle avoua qu'elle avoit touché cette somme; mais qu'elle ignoroit que ce fût l'argent de l'état, et qu'elle l'avoit retiré comme deniers qui lui étoient propres, et un dépôt qu'elle avoit confié au surintendant. D'autres disent disent qu'elle nia l'avoir 'reçu, et nia d'autant plus hardiment, qu'elle avoit fait voler sa quittance dans les cartons de Semblancay, par un nommé Gentil, son commis de confiance, qui étoit amoureux d'une des femmes de la duchesse. Ce qui donne à ce fait de la probabilité, c'est que ce Gentil fut pendu quelque temps après, pour des crimes assez peu avérés. Cette affaire ne fut pas éclaircie alors; Semblançai conserva même son emploi ; mais cinq ans après, et à la suite d'un procès de deux ans, il fut aussi condamné à être pendu, sans qu'il soit question de ce fait dans sa sentence, mais seulement d'avoir mal administré les finances du royaume.

1522.

1522.

Conduite opposée de

et de

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En effet il étoit coupable d'avoir, sans l'aveu du roi, changé la destination d'une pareille somme, dont l'emploi étoit si important: mais le roi lui-même est-il excusable de s'être tellement reposé du soin des affaires du Milanés sur son ministre, qu'il ne s'informa même pas si ses ordres étoient exécutés ! Il étoit alors partagé entre deux femmes, sa mère et la duchesse de Château-Briant, sa maîtresse, à la vérité intéressée aux succès de Lautrec, son frère. Mais l'envie de servir est-elle aussi active qu'est vigilant le desir de nuire ? On croit que ce fut ce dernier motif qui porta la mère du monarque à soustraire l'argent, afin d'arrêter les progrès du général, dont la gloire auroit pu augmenter la puissance de la favorite. Par ce combat de crédit, s'il est vrai, se perdit le Milanès presqu'entier.

les

Mézeray représente François Idans François I cette époque de sa vie, âgé de vingtabsorbé Charles- sept ans, comme par Quint. plaisirs, dans une cour, sinon débordée, du moins trop galante; il le peint léger, insouciant pour tout ce qui n'étoit pas jeux, ballets, festins

et divertissemens de toute espèce, pendant que Charles, âgé seulement de vingt-un ans enfoncé dans son cabinet, ou parcourant ses royaumes, ne faisoit pas une action ni un pas qui n'eût son intérêt pour objet. Dans la guerre d'Italie, où il avoit eu Léon X pour associé, il n'avoit presque rien mis du sien en argent ni en troupes. C'étoit avec l'argent que le pontife tiroit des indulgences, sous prétexte d'une eroisade contre les Turcs, que l'empereur paya les Allemands, amenés à son allié en nombre peu considérable à la vérité, mais suffisant pour se donner l'honneur d'avoir secondé puissamment le pape, et pour profiter lui-même de la conquête de presque tout le Milanès Pour le second désastre de Lautrec, Charles-Quint ne prêta, pour ainsi dire, que ses drapeaux à Sforce. L'enthousiasme des Milanais fit le reste.

.

1522.

Charles

le roi d'Angleterre

contre

Mais le chef-d'oeuvre de sa politi- fait déclarer que, dans le dessein qu'il avoit de reprendre Fontarabie, de conserver le royaume de Navarre, et cependant la France. de ne point exposer la Franche-Comté aux incursions des Français, fut d'obtenir pour cette province une neutralité par la médiation de la Suisse

1522.

Traité

de Windsor.

et d'avoir fait déclarer Henri VIII contre François I. En passant d'Allelemagne en Espagne, il aborda encore en Angleterre, représenta au roi que c'étoit son rival qui avoit rompu par ses expéditions d'Italie l'accomodement préparé par leurs commissaires à Calais, et dont le monarque Anglais s'étoit rendu médiateur et en quelque sorte garant; que François avoit frappé les premiers coups sans l'avertir, et par là méprisé l'arbitrage de Henri, que lui Charles réclamoit. Quant à Wolsey, qui paroissoit piqué d'avoir vu élire un autre pape après la mort de Léon X, il lui remiontra que l'élection avoit été si b: usque, qu'il n'avoit pas eu le temps de travailler les cardinaux et d'influencer leur choix, et il lui promit des efforts plus efficaces pour une autre occasion. Enfin il sut si bien donner tout le tort à son rival, et échauffer l'Anglais, qu'il obtint de lui une ligue offensive et défensive contre la France.

Elle fut signée dans le palais de Windsor. On y remarque ces articles : « L'empereur épousera en temps et « lieu Marie, fille unique de Henri». Elle avoit six ans, et lui vingt-deux, et c'étoit celle que le traité conclu au

champ du Drap d'Or donnoit au dauphin. « Chacun des deux rois tiendra «quinze mille hommes de pied et « trois mille chevaux tout prêts à << marcher contre l'ennemi, et celui « des deux qui manquera à cette ac« cord, payera quatre cent mille écus << à l'autre ». Autre clause pécuniaire. La France faisoit au roi d'Angleterre une pension de cent trente-trois mille écus; comme elle ne la payera plus, l'empereur se charge d'en faire une pareille, et une de quatre-vingt mille écus au cardinal Wolsey, en dédommagement de celle qu'il tiroit du roi de France.

1522.

France.

En exécution du traité, l'An- Irruption en glais verse par Calais son contingent sur le continent, l'empereur y joint le sien sur la frontière de Picardie et ils forment ensemble une armée de trente-cinq mille hommes. La saison étoit avancée. On présuma dans le conseil que les ennemis ne tiendroient pas long-temps la campagne, et qu'ils seroient forcés de se retirer, s'ils ne prenoient pas quelque ville importante pour centre de leurs quartiers d'hiver. Ainsi on s'appliqua à mettre en bon état de défense celles qui étoient meTom. VI.

M

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