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1522.

Petites actions de guerre. 1523.

nacées. Les confédérés s'attachèrent à Hesdin. Plusieurs guerriers célèbres s'y jetèrent. Elle étoit bien munic. Les alliés la battirent pendant six semaines, et tourmentés par les frimats et les maladies, il levèrent le siège; mais en se retirant ils pillèrent, brùlèrent et firent un dégât affreux dans les campagnes. Mézeray remarque que dans cette même année Soli man II prit Rhodes, et en chassa les chevaliers qui depuis ont occupé Malte, et à l'occasion des horreurs commises dans la Picardie, il dit que « si l'infidèle arrachoit ainsi les che<< veux aux chrétiens, leurs princes ne «cessoient d'en déchirer les entrailles». C'est énergiquement dépeindre les guerres entre François I et CharlesQuint, qui furent aussi cruelles que destructives.

Dans cette campagne les grandes actions furent rares, mais les surprises, les rencontres, les marches, les sièges, les retraites très-fréquentes, et toujours accompagnées de grande perte d'hommes des deux côtés. La pétulance de François I fut très-nuisible dans une occasion, dont il n'auroit pas dû se mêler. Nicolas de Bossut, gou

1523.

verneur de Guise, tenté par le duc d'Arscot, général de l'empereur, fait semblant de prêter l'oreille à ses sollicitations, et promet de lui livrer sa place pour une somme convenue. C'étoit une ruse, afin de l'attirer et de le prendre lui-même quand il se présenteroit. Bossut en donne avis au roi, qui par un excès de bravoure plus digne d'un jeune capitaine que d'un monarque, ou peut-être un sentiment de jalousie dont il a été soupçonné contre tous ses généraux, résout que l'affaire ne se passera pas sans lui. Il part en poste de Chambord, où il passoit le printemps, et se rend à la Fère, accompagné d'une foule de courtisans empressés à le suivre. Son arrivée fait éclat. Arscot en est averti. Il pense que ce rassemblement peut bien le regarder. Il étoit déjà en route, mais il rebrousse chemin, et le projet de Bossut, très-bien concerté, échoue d'autant plus désagréablement pour le roi, que ce coup manqué donna de la hardiesse aux ennemis. Ils se promenèrent librement sur ses frontières. Le duc de Vendôme, Charles de Bourbon, aïeul de Henri IV, qui commandoit les Français, ayant des ordres timidement limités, n'osa ha

la

1523. sarder un combat, qui lui auroit été avantageux; et lui-même courut risque d'être défait près d'un village nommé Audincton, où il éprouva un échec, qui auroit été complet, sans le généreux dévouement d'un gendarme, nommé Tignerette. Il entend quelque mouvement à ses vedettes, s'avance pour en reconnoître cause, est enveloppé par les ennemis, et le poignard sur la poitrine, il ne laisse pas de crier allarme; on se met en défense, et l'armée, qui étoit déjà entamée d'un autre côté, est sauvée. L'ennemi respecta le dévouement de Tignerette, qui put jouir de sa gloire. L'empereur et le roi abandonnèrent pour exclure la guerre dans cette contrée à l'activité d'Italie, des commandans et des gouverneurs

Ligue

1.s Français

qu'ils y laissoient, et en rappelèrent la plus grande partie de leurs troupes pour l'Italie, qui fixoit principalement leur attention. L'empereur s'étoit emparé du château de Milan. Il étoit content de l'état où il se trouvoit dans ce pays, et souhaitoit de n'y être pas trouble; mais François I ne renonçoit pas à se retablir dans son Milanès, et commençoit à faire filer des troupes au-delà des monts sous l'amiral Bonnivet, qui s'emparoit des passages.

Charles-Quint n'espérant pas se mettre entièrement à l'abri des efforts des Français, essaya du moins de les retarder. Il employa l'autorité du pape, son ancien précepteur. Adrien somma le roi d'entendre à une trève de plusieurs années avec l'empereur, afin que ce prince pût défendre l'Italie menaçée par les Turcs, après la prise de Rhodes.

Mais cette exhortation à une trève n'étoit rien, en comparaison d'une ligue à laquelle Adrien se prêta entre lui, l'empereur, le roi d'Angleterre, la république de Venise, les Seigneuries de Gênes, Florence, Sienne, Luques et autres petits états, pour la défense de l'Italie contre tous les étrangers, principalemet contre le roi trèschrétien; o ne parla pas des Turcs, parce que les Vénitiens, qui, voyant les désastres des Français, venoient de les abandonner, craignoient que Soliman, s'il étoit signalé dans la ligue, ne tournât ses armes contre eux. On a dit qu'Adrien se prêta à cette considération, parce que de lui-même il ne paroît pas avoir été propre aux intrigues politiques. Il étoit juste par caractère, et on le vit rendre à divers feudataires du S. Siège, plusieurs des

1525.

1523.

Procès inten

places qui avoient excité la cupidité de ses prédécesseurs et dont ils s'étoient' emparés par des moyens violens. Il a passé pour un pontife sans ambition, renfermé dans ses devoirs religieux, et a mérité cette épitaphe assez étonnante pour un pape de ce temps: Ici repose Adrien VI, qui n'estima rien de plus malheureux pour lui que de commander. Jules de Médicis Clément VII lui succéda. Il étoit cousin germain de Léon X, et fils du malheureux Julien, assassiné par les Pazzi.

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Loin d'être déconcerté par cette ligue, François I n'en poursuivit qu'avec plus d'ardeur ses préparatifs. Il vendit des domaines, augmenta les impôts ordinaires, en mit de nouveaux, et créa des charges qu'il fit payer. Par tous ces moyens qui excitèrent des plaintes et des murmures, il amassa beaucoup d'argent et rassembla une forte armée, qu'il comptoit mener lui-même en Italie; mais des soins plus pressans le retinrent en France.

Le connétable de Bourbon vivoit

té au conné- splendidement à la cour, mais en

table de Bour

bon.

homme mécontent. Sa maison étoit Ouverte et pouvoit être considérée comme le point de ralliement de ces

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