Images de page
PDF
ePub
[blocks in formation]

valerie sur le champ de bataille, après la victoire de Marignan. Sa vie a été écrite par son secrétaire, avec une naïveté qui inspire autant de confiance pour l'écrivain que d'admiration pour le héros. Le comte de St.-Pól acheva la retraite, et trouva à Suze un secours, qui arrivé quinze jours plutôt, eût prévenu ce désastre et ceux qui suivirent.

[ocr errors]

Cette défaite ayant contraint de nouveau les Français à quitter l'Italie, y donna à l'empereur une prépondérance absolue. Il l'exerça sous le nom de Marie Sforce, qu'il reproduisit encore et qu'il établit dans le Milanès, moins par affection pour ce prince que pour ne pas montrer trop tôt le desir qu'il avoit eu de s'approprier ce beau duché, ou de le faire passer au prince Ferdinand, son frère, et, de manière ou d'autre, en enrichir la maison d'Autriche. Clément VII, successeur d'Adrien, n'auroit voulu pour voisins ni l'Autrichien, ni le Français, princes dont la trop grande puissance lui portoit ombrage. Il refusa de persévérer dans la ligue, à laquelle Adrien, son prédécesseur, avoit eu la complaisance de condescendre, et en fit retirer même les Vénitiens. Charles-Quint laissa mûrir ses

projets sur l'Italie dans une espèce 1524. d'inaction à l'égard de cette contrée, et appliqua ses soins à une invasion en France qu'il méditoit, lui, pour ses intérêts, et Bourbon, pour tirer une vengeance éclatante de sa disgrace.

le siège

Dans cette intention lé connéta- Bourbon fait ble se proposoit d'entrer par le Lyon- de Marseille, nais, contigu à ses anciennes possessions, d'où il se flattoit de voir accourir près de lui les vassaux de ses terres, ce qui feroit un dépit mortel au roi; mais Charles-Quint ordonna que l'invasion commençât par Marseille, dont la prise lui donneroit sur la Méditerrannée un port commode pour ses expéditons d'Italie. Il fallut que Bourbon, contre sa conviction intime, obéit à un monarque étranger, duquel il se croyoit en droit d'attendre de la déférence; première punition du rebelle connétable: puis, qu'il se vit adjoindre dans le commandement, sous le titre de lieutenant, Pescaire, général espagnol, plus maître que lui par la confiance de l'empereur, et qui le contrarioit en tout; seconde mortification, bien sensible pour un homme que le seul désagrément de ne pas voir adopter ses avis, avoit commencé à révolter contre son souverain naturel.

1524.

Il est forcé de le lever.

Aucun de ses anciens amis ne s'ébranla pour lui; au contraire il put connoître, par leur conduite et par les discours qui parvinrent à ses oreilles, l'horreur que leur inspiroit sa trahison. Commandant dans cette armée, le malheureux connétable y étoit réelleinent comme un étranger et un homme suspect.

A la pénible affection de l'ame qu'on doit lui supposer, de ne pouvoir donner, sans rougir, des ordres contre les Français, qu'il combattoit, se joignirent des contre-temps fâcheux. La flotte espagnole, envoyée pour bloquer le port de Marseille, fut battue et dispersée par André Doria, amiral Génois au service de la France, quoique Gênes fut alors sous la domination de l'empereur. L'argent que CharlesQuint avoit promis ne vint pas, parce que les états d'Espagne refusoient d'en donner. Les troupes, mal payées, servoient mollement et désertoient. Les sorties étoient fréquentes, et toujours à l'avantage des assiégés. Bourbon tint ferme, néanmoins, pendant six semaines, et ne leva le siège que quand il sut que le roi n'étoit plus qu'à une journée de lui, avec une puissante armée. Il plia bagage à la

hâte, et fit briser son artillerie par morceaux, qu'il chargea sur le dos des mulets. Les soldats, vivement pressés jetoient leurs armes pour fuir plus facilement, et quand ils furent rassemblés du côté de Gênes, par où ils se retirèrent, il se trouva plus d'un tiers de cette grande armée incapable de servir faute d'armes.

1524.

bère s'il me

l'armée en

Italie.

Celle du roi, au contraire, étoit, Le roi déli dans le meilleur état; il délibéra s'il nera lui-même se mettroit lui-même à la poursuite des ennemis, ou s'il abandonneroit ce soin à ses capitaines. Ses plus habiles conseillers l'exhortoient à ne point quitter le royaume. Il étoit en ce moment menacé de nouveau par le roi d'Angleterre en Picardie, et il ne devoit pas se croire en sûreté du côté de la Flandre et de l'Allemagne, d'où l'empereur pouvoit faire une irruption dangereuse sur la Bourgogne et la Chainpagne. Sa mère elle-même, la duchesse d'Angoulème, qui connoissoit l'impétuosité de son fils et son ardeur chevaleresques, fit tous ses efforts pour le détourner de la résolution de passer les monts. Il se refusa â

instances, et la nomma regente

pendant son absence.

1524.

Italie.

François I entra en Italie, comme Il entre en autrefois Charles VIII et Louis XII, avec une armée brillante, formidable crue invincible quand on la regardoit : quatorze mille Suisses, six mille lansquenets, dix mille autres fantassins français et italiens, le roi de Navarre, plusieurs princes étrangers, quatre princes du sang, le grand écuyer, le grand maître de la maison du roi trois maréchaux de France, Chabannes, Foix, Montmorenci, la principale noblesse, et les plus grands seigneurs du royaume, dont la suite en écuyers, chevaliers, et compagnies de gendarmes, composoient une cavalerie nombreuse, superbement équipée.

Conquête du Milanes.

[ocr errors]

Il alla droit à Milan, qui ouvrit ses portes; conquête plus brillante qu'utile, parce que cette ville, sans être attaquée, devoit être nécessairement le prix du vainqueur; et cette conquête même fut une faute parce que le peu de temps que le roi y mit en donna assez à l'armée fugitive de Marseille, armée délabrée, saus arInes, sans artillerie, sans munitions, de se pourvoir de tout; au-lieu quattaquée sur-le-champ elle auroit été dispersée et absolument détruite. L'em

« PrécédentContinuer »