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1525.

faire sacrer au plus tard dans deux mois. Mais ces généreuses résolutions ne tinrent pas long-temps contre l'ennui de la prison et rassuré par l'illusoire précaution d'une protestation secrète, motivée sur son défaut de liberté, il consentit à une grande partie des conditions de l'empereur, et dans un temps où il se passoit des événemens qui auroient pu forcer CharlesQuint à rabattre de ses prétentions, si François ne se fut pas tant pressé.

En apprenant en Espagne le triomphe de Pavie, l'empereur avoit affecté une grande modération, dont les suites démontrèrent l'hypocrisie. Il défendit qu'on fît des feux de joie et autres démonstrations de réjouissance pour une victoire qui avoit fait couler tant de sang chrétien; mais la manière dure et absolue dont il usa envers son prisonnier, dévoila sa cupidité et son ambition, Les princes italiens, que la défaite des Français livroit à sa discrétion, en prirent de l'ombrage; ils se communiquèrent leurs défiances et leurs craintes. Le pape Clément VII ne fut pas des derniers à s'en ouvrir aux autres. Il montra aux Vénitiens et à leurs confédérés

les dangers qu'ils couroient de la part 1525. d'un tel voisin, dont la rapa cité n'auroit plus de digue. Pescaire, général de Charles en Italie , auquel étoit principalement due la victoire de Pavie, se montra piqué de ce qu'on lui avoit enlevé son prisonnier, sans lui marquer presqu'aucune reconnoissance d'un si grand service, et de ce qu'au contraire, au-lieu de récompenses qu'il espéroit, il ne recevoit plus que des ordres hautains. Dès ce moment il commença à se détacher d'un maître ingrat, et entra même assez avant dans des complots pour le trahir; du moins est-il certain qu'il agit si mollement, que l'empereur vit de jour en jour diminuer son crédit et sa puissance dans ce pays.

de

La même confiance arrogante dans Et dans celles ses succès, enleva à Charles-Quint Henri VIII. l'alliance de Henri VIII. Ce prince se laissoit conduire par Wolsey, cardinal d'Yorck. L'empereur, dans son voyage en Angleterre, avoit comblé ce prélat de caresses. Depuis cette entrevue, toutes les fois qu'il lui écri voit, il signoit Charles votre fils; mais après la victoire de Pavie, il ne signa plus que Charles, sans addition.

1525.

Traité de

Madrid. 1526.

Ses lettres, tant au roi qu'au ministre devenues froides, réfroidirent aussi beaucoup ces deux personnages, et sur-tout le prélat. La régente profita habilement de ces dispositions, pour les intéresser au sort de la France. Henri VIII étoit prêt à y faire une invasion à la tête de trente mille hommes, en exécution d'une des conventions du traité de Londres avec l'empereur. La régente obtint, au contraire, un traité d'alliance offensive et défensive, et l'Anglais y ajouta même cette clause, que pour la délivrance du roi, on ne pourroit démembrer aucune pièce de celles qui étoient sous la couronne de France.

Si cette clause pénétra jusqu'à François I dans sa prison, s'il eut aussi connoissance des embarras qui se formoient pour l'empereur en Italie, il ent tot de précipiter son accord avec Charles-Quint, et de consentir aux conditions contenues dans le fatal traité de Madrid. Il commence, comme toutes ces conventions prétendues conciliatoires, par une assurance de paix et amitié perpétuelle, promesse d'assistance réciproque si on est attaqué, ligue ligue offensive et défensive

contre les ennemis communs. Le roi sera mis en liberté mais il donnera pour otages et garans des articles suivans, ou ses deux fils, ou l'aîné seulement avec douze seigneurs, que l'empereur choisira et gardera en tel lieu qu'il voudra, jusqu'à ce que le roi, rentré dans son royaume, ratifié le traité, l'ait fait approuver par les états-généraux ou par les parlemens, par les principales villes et par les grands officiers de la couronne.

ait

et

Suit une longue liste des provinces que le roi abandonne: le duché de Bourgogne, le comté de Charolois, des terres et seigneuries adjacentes, prétendues usurpées par Louis XI sur la maison d'Autriche: renoncement aux droits de propriété sur l'Artois, le Tournaisis, sur Lille, Douai, autres grandes villes de Flandre ; abandon de toutes prétentions sur le duché de Milan, le comté d'Ast et le royaume de Naples. François I quitte Charles-Quint, pour toujours, de l'hommage dû à la France pour la Flandre et l'Artois, et se démet de toutes répétitions et actions pour les châtellenies de Perronne, Roye et Montdidier, les comtés de Boulogne

1526.

1526.

et de Guignes, le Ponthieu, et les villes situées sur les deux rives de la Somme, alors en litige, et qui par-là retournoient à la maison d'Autriche.

Vient l'article des alliés, exprimé de manière que le roi ne pouvoit entretenir de liaisons avec eux, qu'au profit de Charles-Quint. Le monarque Français fera ensorte que Henri d'Albret renonce au royaume de Navarre. Il engagera le duc de Gueldres à assurer sa succession à l'empereur et à ses descendans; si le duc se refuse à cette complaisance, le roi ne le protégera pas. Il ne donnera pareillement aucun secours aux princes de Wirtemberg, ni aux seigneurs de la Marck, possesseurs du Sédanois dont Charles convoitoit les États.

L'article douloureux pour François I fut celui du connétable. Il est exprimé en ces termes : « Le roi remettra « le duc de Bourbon dans ses biens << meubles et immeubles, fruits et re<< venus, dans six semaines, et lui lais<< sera la jouissance paisible, sa vie << durant, des biens qui étoient en « litige, avec la liberte de contester « par justice le droit qu'il a sur la « Provence, sans qu'il puisse être

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