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blir dans le reste ». En conséquence Gonzalve pressoit Frédéric de réunir les troupes napolitaines aux siennes pour hasarder ensemble une bataille avant que la conquête de la partie attribuée à la France fût terminée. Cette proposition insidieuse ne séduisit pas le monarque. Il fit réfléxion que joindre le peu de forces qu'il avoit à celles de Gonzalve, ce seroit peutêtre risquer de perdre à-la-fois et son armée et sa liberté. Il prit done le parti le plus prudent. Trop foible pour tenir la campagne, il distribua ses troupes dans les places les plus fortes envoya son fils, jeune prince de grande espérance, à Tarente, ville de défense, et lui-même se retira dans Naples. Capoue, qui se trouvoit sur le che Prise de Camin de la capitale, essuya les premiers poue. efforts des français; elle soutint plusieurs assauts, mais elle fut enfin réduite à capituler. Pendant qu'on traitoit des conditions, quelques soldats profitant de la sécurité que produisoit la négociation, escaladent les murailles, et ouvrent les portes au reste de l'armée, qui s'y jette en torrent. Capone abandonnée au pillage, éprouve tontes les horreurs d'une ville prise d'assaut. Beaucoup de dames qualifiées s'étoient

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retirées dans une tour. César Borgia qui étoit dans l'armée française, et dont la présence étoit presque toujours l'annonce d'un crime, s'empare de la tour, en tire les infortunées, se réserve quarante des plus belles, et distribue les autres à ses soldats. La ville fut réduite à un si triste état, que les Français délibérèrent d'y mettre le feu et de la détruire entièrement; mais sa position a six lieues de Naples, et utile pour une retraite en cas d'accident, la sauva. On en releva les fortifications. Les habitans, qui avoient été assez heureux pour échapper au massacre, furent rappelés, et l'armée prit la route de Naples. Et de Na- La conquête n'en fut

ples.

difficile. pas Frédéric, jugeant la ville hors d'état de se défendre, permit aux habitans de traiter, et se retira dans le château. Comme il étoit bien fortifié muni de vivres et d'une bonne garnison, il auroit pu tenir quelques temps: mais l'infortuné monarque, généralement abandonné, et sans espoir de secours, fit réfléxion que tôt ou tard il faudroit se rendre; que s'il se laissoit environner de retranchemens, et achever le blocus que l'on commençoit sous ses yeux, il ne feroit que

s'ôter l'espérance de conditions supportables, et rendre son sort plus fâcheux; il ouvrit donc des conférences avec d'Aubigni.

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Le chef français ne traita que de Frédéric dans la partie qui devoit appartenir à son ile d'ischi.. maître. Frédéric l'abandonna toute

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entière au roi, c'est-à-dire, villes vaisseaux, artillerie, sceptre et couronne, se conservant seulement ses meubles, et pour toute propriété, la petite île d'Ischia, où il demeureroit en attendant la ratification des propositions qu'il faisoit au roi pour ses dédommagemens, et à condition de pouvoir en sortir et se retirer partout où il voudroit, excepté dans le royaume de Naples. Dans ce petit coin de terre étoit renfermée la triste Isabelle, veuve de Galéas Sforce, empoisonné par Ludovic le Maure nièce de Frédéric, et Frédéric luimême, sa femme, quatre enfans en bas âge, non compris Ferdinand, son aîné qu'il avoit envoyé défendre Tarente. Cette famille malheureuse y attendoit avec anxiété le sort que la fortune lui destinoit.

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te en France.

La décision arriva plutôt qu'on ne Il se transpor l'avoit prévu. A peine le traité avec d'Aubigni étoit signé, que Ravestein

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Et reçoit n

bon tra ment.

survient, enveloppe avec sa flotte la
petite île, et met des troupes à terre.
Il prétend que lui, général de mer
n'est pas obligé d'observer les con-
ditions imposées par le général de
terre, auquel il n'est pas subordonné,
et somme Frédéric de se rendre pri-
sonnier. Le malheureux monarque
demande une entrevue à Ravestein
lui expose sa triste situation. « Ne me
<< traitez pas,
lui dit-il, comme un
<<< ennemi; mais comme un infortuné
« gentilhomme qui mérite votre es-
<< time et votre amitié. Que dois-je
« faire ? Je vous demande conseil et
<< vous promets de le suivre ». Le gé-
néral touché, l'exhorte à partir sans
conditions, à aller trouver le roi de
France; dont il connoît la généro-
sité, et à traiter directement avec lui.

Louis XII, instruit de la confiance qu'avoit en lui l'infortuné prince, en-> voie le recevoir honorablement au débarquement; et lui donne en France pour lui et sa famille, le comté du Maine, et trente mille livres de pension, en échange de la partie du royaume dont son armée étoit en possession. Frédéric vouloit le lui abandonner en entier; mais le roi de France respecta la partie de son infidèle allié

au point même d'ordonner à son général d'aider les espagnols dans le siège de Tarente, que le prince Ferdinand défendoit.

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Ils l'avoient déjà levé une fois Sort du prinfaute de forces suffisantes. Secondés ce Ferdinand. Tromperie par les Français, ils s'en emparèrent par de l'Espagnol. capitulation. Elle portoit que le jeune prince et la garnison auroient liberté de se retirer où ils voudroient. Gonzalve fit en présence de toute l'armée, la main étendue sur une hostie consacrée, le serment de l'exécuter fidèlement; mais quand la garnison sortit il retint Ferdinand dans son camp, et l'envoya en Espagne où il resta prisonnier jusqu'à sa mort, arrivée à l'àge de cinquante ans. Son père vécnt tranquillement à Tours. Le parlement s'opposa à la donation du Maine: Louis XII en dédommagea le prince par une augmentation de pension. Gonzalve s'excusa de la violation de son serment sur les ordres de Ferdinand, qu'il se fit donner, ou qui lui vinrent malgré lui; mais, enfin, qu'il exécuta sans marquer de scrupule. Le roi d'Espagne non content d'arracher la couronne à son parent, pour s'excuser lui-même et diminuer l'indignation. que causoit sa conduite perfide, chercha à le diffamer en publiant que con

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