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1558.

Abolition

à cette connivence, mais sous l'ins-
pection des évêques, et non pas comme
juridiction dépendante du
pape; le par-
lement, auquel l'édit fut envoyé, ré-
sista quelque temps; cependant, dans
un lit de justice, il consentit à l'en-
registrement, à condition qu'il n'y au-
roit que les membres du clergé régu-
lier et seculier qui seroient soumis à
ce tribunal, et il crut remporter une
grande victoire, que d'en garantir les
laïcs.

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Dans ce même lit de justice furent des semestres abolis les semestres du parlement. Cette réforme donna de l'embarras. Comme, en réunissant les deux grandes-chambres, une seule devenoit trop nombreuse, on partagea ses fonctions en trois divisious, chacune de vingt-six conseillers, sans les présidens: chambre du conseil, chambre du plaidoyer chambre de la tournelle; même opération pour les enquêtes. Mais il arriva que les attributions de quelques-unes de ces dernières chambres étoient des affaires si rares, et si peu importantes, que souvent elles se trouvoient sans Occupation. On n'en paya pas moins les gages, et il fut permis de recevoir les épices qui avoient été supprimées par plusieurs édits.

Guise, après son triomphe, retourna

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à l'armée. Il en donna une division de Défaite de sept à huit mille hommes au vieux la Gravelines. Barthe de Thermes, qui venoit d'être fait maréchal, et le chargea d'aller piller la Flandre et d'attirer l'attention de l'ennemi de ce côté, pendant que lui-même assiégeoit Thionville, la plus forte place des Pays-Bas. Thermes remplit sa mission douloureusement pour les Flamands de la frontière. Comme il revenoit chargé de butin, il fut rencontré par le comte d'Egmond, général espagnol, beaucoup plus fort que lui. Cependant retranché sur le bord de la mer, près de Gravelines, le général français se défendit vaillamment; la victoire même penchoit de son côté, lorsque des vaisseaux anglais, qui croisoient dans ces parages, attirés par le bruit du canon des combattans dirigent leur artillerie sur les Français, qu'ils foudroient. Cette attaque imprévue les déconcerte: la cavalerie fuit à toute bride; l'infanterie rend les armes et est faite prisonnière avec les généraux. Ce fut le dernier exploit des Espagnols, dont put se réjouir Charles-Quint, qui mourut à peu de temps delà dans sa retraite du couvent des Hiéronimites de St. Just.

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des armées.

Cependant Guise, après la prise de Situation Thionville,s'avanca jusqu'à Amiens pour couvrir la Picardie. L'armée de l'ennemi, devenue très-nombreuse, étoit commandée parle duc de Savoie, dont Henri II occupoit les états depuis le commencement de la guerre. Une plaine de cinq ou six lieues, seulement, séparoit les deux camps; elle pouvoit servir de champ à une grande bataille ; mais la considération du danger que les deux partis couroient, les retint deux mois dans l'inaction. Philippe craignoit qu'une seule défaite ne lui coûtât les Pays-Bas, un des beaux fleurons de sa couronne; Henri, qu'une victoire n'ouvrît à l'ennemi la Picardie et la Champagne, ce qui reculeroit de beaucoup la paix que l'un et l'autre désiroient moins par inclination que par le besoin, né de la détresse des peuples.

Affection du

connétable.

Le cardinal de Lorraine avoit déroi pour le jà fait des démarches à ce sujet. On le soupçonne de s'y être porté, dans la crainte qu'elle ne se traitât et ne se conclût sans son intervention et celle de son frère; ce qui auroit donné un grand relief à la faction Montmorenci, leur rivale. Le connétable relâché sur sa parole, étoit retourné à jour précis dans sa prison, plus sûr que jamais

de la faveur du roi qui lia avec lui un commerce secret, dont l'intimité présente des circonstances singulières. L'historien Garnier les décrit ainsi : « Le roi ne rougissoit pas de s'abaisser « jusqu'à lui servir d'espion, l'in«formoit journellement de ce qui se <<< faisoit et se disoit à la cour à son << préjudice; des vexations auxquelles « étoient exposés ceux qui lui restoient << sincèrement attachés; des trahisons << de plusieurs autres, qu'il croyoit ses « amis et qui s'étoient vendus à la fa<< veur; des mesures sourdes que pre<< noient le cardinal et le duc de Guise, « pour le supplanter et le détruire dans << son esprit, si la chose eût été possible. «La duchesse de Valentinois, indi«gnée que les Guises commençassent « à la dédaigner pour s'attacher à la « reine, appuyoit de tout son crédit «la faction du connétable, rendue <«< chancelante par son absence, et con<<< tribua beaucoup à lui conserver le <«< plus haut rang dans la faveur. Le << monarque, tantôt servoit à cette dame «de sécretaire, tantôt lui cédoit, puis <reprenoit la plume comme on peut « s'en assurer par quelques lettres de «< cette correspondance secrète, con

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«<servées à la Bibliothèque du roi, qui <<< sont des deux écritures, et qui finis<< sent ordinairement par cette for<< mule: Vos anciens et meilleurs « amis, Diane et Henri. Le roi le << prioit, le conjuroit, lui ordonnoit de «se racheter à quelque prix que ce fût, <«<et de ne compter pour rien les sa«crifices qu'il faudroit faire ».

Le connétable étoit traité avec beau

coup de considération par les généraux et ministres du roi d'Espagne, qui le visitoient souvent. Ces égards firent craindre au cardinal qu'il ne se prît, à son insu, des mesures pour la paix entr'eux et le prisonnier; c'est pourquoi il s'étoit hâté, après la prise de Calais, d'ouvrir lui-même une négociation, sans ordre et sans pouvoirs. La duchesse de Lorraine, dépouillée du gouvernement des états de son fils, et de sa tutele, pendant qu'il étoit élevé à la cour de France, desiroit passionnément embrasser ce fils chéri. Le Prélat s'engagea à lui procurer ce plaisir, si elle pouvoit s'avancer sur la frontière, où il le meneroit lui-même. Elle vint accompagnée comme le cardinal de Lorraine l'avoit desiré, du cardinal de Granvelle, principal ministre de Philippe II. On écouta les propo

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