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sitions du prélat français avec une extrême froideur. On lui en fit d'autres les plus exorbitantes; il en résultoit que le roi d'Espagne vouloit qu'on lui rendît tout, et ne rien rendre lui-même. On n'avoit donc rien conclu; mais le cardinal de Lorraine, en réfléchissant sur la dureté des conditions de Granvelle et de ses adjoints, et sur leur fermeté, se persuada que quelqu'envie qu'eût le roi de retirer le connétable des mains des Espagnols, il ne consentiroit jamais à le racheter à un si haut prix, que par conséquent la guerre durant, son frère continueroit à en être l'arbitre et le héros, et établiroit ainsi la puissance de sa famille sur des fondemens que la faction rivale ne pourroit ébranler. Ainsi quoiqu'il n'eût pas réussi à un accommodement, il s'étoit retiré content.

,

1558.

Mais la douairière de Lorraine Conférences qui avoit conçu quelqu'espérance de de Cercamp. cette conférence sur la frontière, ne s'en vit pas déchue sans ressentir de la peine. Elle écrivit au cardinal, et le pria d'obtenir que des commissaires Français pussent se réunir avec des Espagnols dans l'abbaye de Cercamp, près d'Amiens, pour y conférer sur

1558.

la paix. A l'invitation de la princesse se joignit auprès de Philippe II le duc de Savoie, qui voyoit à regret, depuis le commencement de la guerre, ses états entre les mains de Henri II, à cause de l'intérêt qu'il avoit toujours montré à la maison d'Autriche. Les deux rois consentirent à des conférences; celui d'Espagne nomma quatre de ses principaux ministres et celui de France le même nombre; à leur tête étoient le connétable et le maréchal de St.-André, fait aussi prisonnier à la bataille de St.-Quentin. Fils du gouverneur du roi, il avoit été élevé avec lui, et Henri II avoit en lui grande confiance. « Montmorenci, << prisonnier sur sa parole, profita de « ce moment de liberté pour aller << trouver le roi à son camp d'Amiens, << sous prétexte de se procurer une << instruction particulière. Le mo«narque, impatient de revoir son ami, «alla bien loin à sa rencontre, le serra << tendrement dans ses bras; et ne << pouvant consentir de le perdre un <<< moment de vue, pendant le peu de << temps qu'il lui étoit permis d'en « jouir, il partagea avec lui sa chambre <<< et son lit.

On s'accorda dès les premiers jours à faire une trève, à renvoyer de part et d'autre les mercenaires qui composoient la plus grande partie des armées, en les payant, ce qui ne fut pas aisé du côté de la France. Il fallut négocier avec eux, promettre de les payer à la frontière et de leur donner des otages. Le duc de Nevers, toujours généreux, s'offrit à leur en servir. Ce préliminaire donna des espérances qui ne se réalisèrent pas promptement. Les commissaires espagnols recurent la nouvelle de quelques avantages remportés en Piémont, où Brissac, presqu'abandonné par la France, se défendoit toujours, mais éprouvoit des pertes. L'annonce de ces succès rendit les ministres de Philippe aussi exigeans et aussi fermes que le cardinal de Lorraine les avoit trouvés dans l'entrevue sur la frontière. Pendant les débats, arriva une autre nouvelle, aussi importante: savoir la mort de l'épouse de Philippe II, Marie reine d'Angleterre, dont les ambassadeurs assistoient aux conférences. En conséquence de cet incident, elles furent déclarées, non rompues, mais suspendues, pour être reprises sous trois mois, à Cercamp ou ailleurs, la trève subsistant toujours.

1558.

1558.

est mis

en liberté par rauçon.

Comme les commissaires français

Le connétable avoient déjà, lors de cette suspension, commencé à mollir, les Guises publièrent que tout étoit perdu si le roi continuoit à mettre au nombre de ses plénipotentiaires deux prisonniers, qui ne jugeroient aucun sacrifice au-dessus du prix qu'ils mettroient à leur liberté. Le connétable, choqué de voir ainsi calomnier ses intentions, en quittant Cercamp, alla trouver le roi à Beauvais, le supplia d'accepter la démission de sa charge de grand-maître de sa maison, et déclara, en retournant en Flandre, qu'il étoit déterminé à ne se plus mêler d'affaires, et à finir ses jours en prison, si le roi d'Epagne ne le mettoit à une rançon telle qu'il pût la payer; mais les plénipotentiaires espagnols considérant qu'en tenant Montmorenci éloigné des affaires, ils tomberoient dans les mains des Guises, intéressés à continuer la guerre, engagèrent Philippe II à recevoir une rancon; il la fixa à deux cent mille écus. On est faché de ce que le connétable se prêta à la clause, que la somme seroit reduite à moitié, si la paix se faisoit par son entremise.

Paix avec

A la reine Marie succéda sur le l'Angleterre, trône d'Angleterre, sa sœur Elisabeth.

L'espèce d'affront que lui fit Henri II de permettre que Marie Stuart, épouse du dauphin, prît avec le titre de reine d'Ecosse celui de reine d'Angleterre, n'empêcha pas cette habile politique de consentir à une paix que Ï'ordre à établir dans son royaume lui rendoit nécessaire. La grande difficulté étoit l'article de Calais. Il répugnoit aux Anglais d'abandonner pour toujours une ville si importante. Les Français étoient décidés à ne la point céder. On prit un milieu, qui sauvoit aux Anglais la honte de l'abandonner, et qui en assuroit la possession aux Français. Henri II s'obligea à restituer Calais, Guines et le comté d'Oye dans huit ans, et à procurer, en attendant, une caution de marchands étrangers qui s'obligeroient à payer cinq cent mille écus d'or, si la cession n'étoit pas faite au temps convenu, sans que cette amende dispensát le roi ou ses successeurs d'évacuer ces places. L'Angleterre, de son côté, s'engageoit pendant le même temps à ne rien entreprendre contre la France ou contre l'Ecosse, et cette clause fournit dans la suite aux Français le prétexte de conserver Calais.

1559.

Les couférences pour la paix géné- Paix de Carale se reprirent à Cateau-Cambresis. sis.

teau-Cambr

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