Images de page
PDF
ePub

sant qu'il étoit joué, confisqua les pro- 1502. priétés de tous les négocians Espagnols en France, donna ordre au duc de Nemours de repousser les Espagnols, et lui fit passer des renforts. Gonzalve qui n'avoit pas encore reçu les siens se vit contraint de faire retraite devant l'armée française et s'enferma dans Barlette. Prudent à contre temps, et contre l'avis des autres généraux, le duc de Nemours se contenta de l'y bloquer; mesure qui fut inutile, par ce que les Vénitiens qui secondoient sous main Gonzalve, lui firent tenir des vivres la mer.

par

En le poussant devant eux les Français firent le siège de Canose défendue par deux braves Espagnols qui avoient résolu de s'ensevelir sous ses ruines. C'étoient le Capitaine Péralte et Pierre Navarre, le Vauban de son siècle, redoutable surtout dans les sièges qu'il dirigeoit, parce qu'inventeur de la pratique des mines, lui seul la possédoit alors, et qu'on ignoroit encore les moyens d'en prévenir les terribles effets. Il fallut trois assauts et un ordre exprès de Gonzalve pour les forcer à remettre la place. Les Français donnèrent à la garnison qui sortit par capitulation, deux capitaines comme sauvegardes,

Sauvegardes
Français

retenus.

1502.

Combats par ticuliers.

,

en cas qu'elle fut rencontrée, en se rendant près de Gonzalve, par les partis qui couroient la campagne. Quand l'Espagnol eut la garnison, il refusa de laisser retourner les deux capitaines, qui étoient d'habiles généraux, dont il vouloit priver l'armée française ; et il menaça si on le pressoit

[ocr errors]

à cet égard, de les enchaîner comme forçats sur ses galères. Peralte, indigné de ce procédé, les fit sauver; mais Gonzalve irrité le fit charger lui-même de fers, et l'auroit fait pendre, s'il n'avoit trouvé moyen de s'évader.

Tel général, tels soldats, pourroiton dire, à l'occasion de quelques supercheries que des chevaliers espagnols se permirent dans des combats particuliers, qui eurent lieu pendant l'inaction du blocus de Barlette. Onze Espagnols, contre onze Français, se marquèrent le champ pour un assaut sous les murs de Trani. Une des principales lois de la chevalerie, et très-rigoureusement recommandée, étoit de ne point diriger les lances contre les chevaux. Les Espagnols se mettant au-dessus du scrupule, pour le désir de vaincre en abatirent neuf à la première course. Cemme, selon les mêmes lois, les chevaliers démontés ne devoient devoient plus

[ocr errors]

combattre, l'effort des onze Espagnols tomba sur les deux Français restés à cheval, qui étoient Bayard et François d'Urfé, digne compagnon du chevalier Sans-Peur et SansReproche. Ils manoeuvrèrent si bien en se faisant un rempart des chevaux de leurs compagnons, et parèrent si adroitement les coups qui leur étoient portés, qu'ils atteignirent l'heure fixée pour la durée du combat, et sortirent de la lice, ni vainqueurs, ni vaincus. Quelques temps auparavant, Bayard avoit donné le même spectacle aux armées, en combattant contre l'espagnol Sotomayor, qui avoit été son prisonnier, et qui s'étant échappé contre la parole qu'il lui avoit donnée, avoit été défié par Bayard pour les propos injurieux qu'il s'étoit permis contre son honneur. L'Espagnol fut vaincu; et la griéveté de ses blessures ne permit point au chevalier Français de lui laisser la vie, qu'il vouloit lui accorder. Dans un autre combat consenti par Gonzalve, entre douze Français et douze Italiens servant sous ses drapeaux, ceux-ci furent presque tous culbutés au premier choo. Cet avantage faisoit espérer aux Français d'être bientôt vainqueurs mais, contre d'autres lois

1502.

1502.

Intentions des deux Monarques. 1503.

expresses de la chevalerie, les Italiens s'étoient munis d'un fer pointu et tranchant, qu'ils tenoient caché, et ceux qui étoient démontés se glissant entre les combattans, perçant le ventre des chevaux de leurs ennemis, firent obtenir la victoire à leurs champions.

On travailloit à la discussion des droits respectifs dans les deux cours de France et d'Espagne, mais avec des intentions bien différentes Louis XII voyant tirer en longueur cette malheureuse guerre de Naples, commencée d'une manière si brillante, paroissoit désirer seulement de n'être pas honteusement expulsé de sa conquête, et de ne pas tout perdre. Ferdinand vouloit tout acquérir: mais, même avec les secours qu'il tiroit des Vénitiens et des princes Italiens, jaloux du roi de France; avec ceux qu'il espéroit du pape et de son fils, qui montroit du penchant à se laisser acheter; et avec ceux enfin de Maximilien, toujours prêt à s'armer contre les Francais, il lui étoit difficile de tenir tête å Louis, s'il ne le trompoit, et s'il ne réussissoit à le tenir dans l'inertie, pendant qu'il mettoit lui-même la plus grande activité à garnir ses places, à

renforcer son armée, et la rendre supérieure à celle de son compétiteur.

1503.

duite oblique

Mais tromper Louis étoit devenu Ruse et con une entreprise assez difficile, parce de Ferdinand. que la cour de France avoit été si souvent abusée par de fausses démonstrations de bonne foi, qu'elle se tenoit sur ses gardes. Envoyer un exprès chargé de propositions, c'étoit pour Ferdinand courir peut-être plutôt le risque d'éveiller les soupçons, qu'un moyen de réussir. La fortune lui en fournit un, dont le Français ne pouvoit se défier, et qui nécessairement devoit attirer sa confiance.

[ocr errors]

Nous avons vu Philippe, archiduc d'Autriche et souverain des Pays-Bas gendre de l'Arragonais, se rendre en Espagne en passant par la France. Ce prince s'ennuyoit à la cour trop sérieuse de Ferdinand et d'Isabelle, son beaupère et sa belle-mère. Il désiroit fortement se délivrer de cet esclavage, et, après quelques insinuations inutiles, il déclara fermement qu'il vouloit partir, quoique sa femme le conjurât d'attendre du moins ses conches, qui ne devoient point tarder. Comme il se proposoit de repasser par la France, où il y avoit été si bien reçu, le beau

« PrécédentContinuer »