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MÉDITATION IX.

PAR MANIÈRE D'ÉLECTION ET CHOIX DU PARADIS.

PRÉPARATION.

I. Mettez-vous en la présence de Dieu.

II. Humiliez-vous devant lui, priant qu'il vous inspire.

CONSIDERATIONS.

Imaginez-vous d'être en une rase campagne, toute scule avec votre bon ange, comme était le jeune Tobie allant en Ragès, et qu'il vous fait voir en haut le paradis ouvert, avec les plaisirs présentés en la Méditation du paradis que vous avez faite; puis, du côté d'en bas, il vous fait voir l'enfer ouvert avec tous les tourments décrits en la Méditation de l'enfer. Vous étant colloquée ainsi par imagination, et mise à genoux devant votre bon ange;

I. Considérez qu'il est très-vrai que vous êtes au milieu du paradis et de l'enfer, et que l'un et l'autre est ouvert pour vous recevoir, selon le choix que vous en ferez.

II. Considérez que le choix que l'on fait de l'un et de l'autre en ce monde, durera éternellement en l'autre.

III. Et encore que l'un et l'autre soit ouvert pour vous recevoir, selon que vous le choisirez, si est-ce que Dieu, qui est appareillé de vous donner ou l'un par sa justice, ou l'autre par sa miséricorde, désire néanmoins d'un désir non pareil que vous choisissiez le paradis, et votre bon ange vous en presse de tout son pouvoir, vous offrant, de la part de Dieu, mille grâces et mille secours pour vous aider à la montée.

IV. Jésus-Christ, du haut du ciel, vous regarde en sa débonnaireté, et vous invite doucement. Viens, ô ma chère âme, au repos éternel, entre les bras de ma bonté qui t'a préparé les délices immortelles en l'abondance de son amour. Voyez de vos yeux intérieurs la sainte Vierge qui vous con

vie maternellement. Courage, ma fille, ne veuille pas mépriser les désirs de mon fils, ni tant de soupirs que je jette pour toi, respirant après ton salut éternel. Voyez les saints qui vous exhortent, et un million de saintes âmes qui vous convient doucement, ne désirant que de voir un jour votre cœur joint au leur pour louer Dieu à jamais, et vous assurent que le chemin du ciel n'est point si malaisé que le monde le fait. Hardiment, vous disent-elles, très-chère amie! qui considérera bien le chemin de la dévotion par lequel nous sommes montés, il verra que nous sommes venus en ces délices par des délices incomparablement plus douces que celles du monde.

ÉLECTION.

1. O enfer, je te déteste maintenant et éternellement; je déteste tes tourments et tes peines, je déteste ton infortunée et malheureuse éternité, et surtout ces éternels blasphèmes et malédictions que tu vomis éternellement contre mon Dieu; et retournant mon cœur et mon âme de ton côté, ô beau paradis, gloire éternelle, félicité perdurable, je choisis à jamais et irrévocablement mon domicile et mon séjour dans tes belles et sacrées maisons, et en tes saints et désirables tabernacles. Je bénis, ô mon Dieu, votre miséricorde, et j'accepte l'offre qu'il vous plaît de m'en faire. O Jésus, non sauveur, j'accepte votre amour éternel et avoue l'acquisition que vous avez faite pour moi d'une place et logis en cette bienheureuse Jérusalem, non tant pour aucune autre chose, comme pour vous aimer et bénir à jamais.

II. Acceptez les faveurs que la Vierge et les saints vous présentent; promettez-leur que vous vous acheminerez à eux; tendez la main à votre bon ange, afin qu'il vous y conduise, encouragez votre âme à ce choix.

MÉDITATION X.

PAR MANIÈRE D'ÉLECTION ET CHOIX QUE L'AME FAIT
DE LA VIE DÉVOTE.

PRÉPARATION.

I. Mettez-vous en la présence de Dieu.

II. Abaissez-vous devant sa face; requérez son aide.

CONSIDÉRATIONS.

I. Imaginez-vous être derechef en une rase campagne avec votre bon ange, toute seule, et au côté gauche, vous voyez le diable assis sur un grand trône haut élevé, avec plusieurs des esprits infernaux auprès de lui, et tout autour de lui une grande troupe de mondains, qui tous, à tête nue, le reconnaissent et lui font hommage, les uns par un péché, les autres par un autre. Voyez la contenance de tous les infortunés courtisans de cet abominable roi; regardez les uns furieux de haine, d'envie et de colère; les autres qui s'entretuent; les autres hâves, pensifs et empressés à faire des richesses; les autres attentifs à la vanité, sans aucune sorte de plaisir qui ne soit inutile et vain; les autres vilains, perdus, pourris en leurs brutales affections. Voyez comme ils sont tous sans repos, sans ordre et sans contenance. Voyer comme ils se méprisent les uns les autres, et comme ils ne s'aiment que par les faux semblants. Enfin, vous verrez une calamiteuse république, tyrannisée de ce roi maudit, qui vous fera compassion.

II. Du côté droit, voyez Jésus crucifié, qui avec un amour cordial prie pour ces pauvres endiablés, afin qu'ils sortent de cette tyrannie, et qui les appelle à soi. Voyez une grande troupe de dévots qui sont autour de lui avec leurs anges; contemplez la beauté de ce royaume de dévotion. Qu'il fait beau voir cette troupe de vierges, hommes et femmes, plus blanches que lys; cette assemblée de veuves pleines d'une

sacrée mortification et humilité? Voyez le rang de plusieurs personnes mariées, qui vivent si doucement ensemble avec un esprit mutuel, qui ne peut être sans une grande charité; voyez comme ces dévotes âmes marient le soin de leur maison extérieure avec le soin de l'intérieure, l'amour du mari avec celui de l'époux céleste. Regardez généralement partout; vous les verrez tous en une contenance sainte, douce, aimable, qui écoutent notre Seigneur, et tous le voudraient planter au milieu de leur cœur.

Ils se réjouissent, mais d'une joie gracieuse, charitable et bien réglée; ils s'entr'aiment, mais d'un amour sacré et très-pur. Ceux qui ont des afflictions en ce peuple dévot ne se tourmentent pas beaucoup et n'en perdent point contenance; bref, voyez les yeux du Sauveur qui les console, et que tous semblablement aspirent à lui.

III. Vous avez à jamais quitté Satan, avec sa triste et malheureuse troupe, par les bonnes affections que vous avez conçues, et néanmoins vous n'êtes pas encore arrivée au roi Jésus, ni jointe à son heureuse et sainte compagnie de dévots; ainsi, vous avez été toujours entre l'un et l'autre.

IV. La Vierge sainte, avec saint Joseph, saint Louis, sainte Monique et cent mille autres qui sont dans l'escadron de ceux qui ont vécu parmi le monde, vous invitent et encouragent.

V. Le Roi crucifié vous appelle par votre nom propre; venez, ô ma bien-aimée, venez, afin que je vous cou

ronne.

ÉLECTION.

I. O monde, ô troupe abominable, non, jamais vous ne me verrez sous votre drapeau. J'ai quitté pour jamais vos forceneries et vanités. O Roi d'orgueil, Roi de malheur, esprit infernal, je te renonce avec tes vaines pompes, je te déteste avec toutes tes œuvres.

II. Et me convertissant à vous, mon doux Jésus, roi de bonheur et de gloire éternelle, je vous embrasse de tou

tes les forces de mon âme; je vous adore de tout mon cœur ; je vous choisis maintenant et pour jamais pour mon roi et pour mon unique prince; je vous offre mon inviolable fidélité, je vous fais un hommage irrévocable, je me soumets à l'obéissance de vos saintes lois et ordonnances.

III. O Vierge sainte, ma chère dame, je vous choisis pour guide; je me rends sous votre enseigne; je vous offre un particulier respect et une révérence spéciale.

O mon saint ange, présentez-moi à cette sacrée assemblée, ne m'abandonnez point jusqu'à ce que j'arrive avec cette heureuse compagnie, avec laquelle je dis et dirai à jamais, pour témoignage de mon choix: Vive Jésus! vive Jésus!

CHAPITRE IX.

Comme il faut faire la confession générale.

Voilà donc, ma chère Philothée, les méditations requises à votre intention; quand vous les aurez faites, allez alors courageusement en esprit d'humilité faire votre confession générale. Mais je vous prie de ne vous laisser point troubler par aucune sorte d'appréhension. Le scorpion qui nous a piqué est venimeux en nous piquant; mais étant réduit en huile, c'est un grand médicament contre sa propre piqûre; le péché n'est honteux que quand nous le faisons; mais étant converti en confession et pénitence, il est honorable et salutaire. La contrition et confession sont si belles et de si bonne odeur, qu'elles effacent la laideur et dissipent la puanteur du péché. Simon le lépreux disait que Madeleine était pécheresse; mais notre Seigneur dit que non, et ne parle plus sinon des parfums qu'elle répandit et de la grandeur de sa charité. Si nous sommes bien humbles, Philothée, notre péché nous déplaira infiniment,

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