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ce qui est pire, des contempteurs, qui se sont efforcés de ternir de leurs railleries la belle figure du Sauveur, partout où ils la rencontraient, dans les livres comme dans les personnes? C'est que le prince de ce monde, Satan, qui, à la journée du Calvaire, mit à la bouche des princes des Juifs, l'opprobre et le blasphème, et aux mains du peuple, les foucts, les épines, la croix, continue son œuvre, et que tant qu'il verra une goutte de sang divin circuler aux veines de l'humanité, il la poursuivra pour la répandre ou la corrompre.

Pourquoi encore la sainte dévotion, cette harmonie du cœur, cette suave mélodie de l'évangélique charité, qui sait adoucir tout lien pénible, charmer toute déception, faire pratiquer tout devoir, se voit-elle encore de nos jours répudiée de la société? Serait-ce parce que l'homme voudrait substituer ses institutions aux institutions de Dieu, sa pensée à la pensée du Sauveur Jésus. Insensés! ils élèvent mille chaires à la droite de l'enfance et dix mille à sa gauche, et ni les mille chaires qui veulent dire vrai, ni les dix mille qui veulent dire faux, n'ont ́pu jusqu'ici faire accomplir un seul devoir, pratiquer une seule vertu, acquiescer à un seul sacrifice. Sera-ce au moyen de fades rêveries ou de coupables intrigues, qu'on remplira le vide que l'éducation laisse au cœur de l'enfance?

Sera-ce en l'aguerrissant contre ses convictions religieuses, en lui faisant renier ce que sa mère lui a appris, de Dieu, de ses saints., de ses sacrements, de son église, qu'on parviendra à rendre l'homme plus sociable, plus bienfaisant, plus doux?

Mais pourquoi la sainte dévotion, ce parfum de la vie qui pénètre de jouissance et de bonheur tout l'intime de

l'homme, qui met en exercice ses plus nobles facultés, comme ses plus délicieux sentiments, pourquoi trouve-telle tant d'obstacles jusqu'à la porte de notre âme ? Hélas! c'est qu'une existence que le doute a flétri, ou que le péché a desséchée, ne s'ouvre plus si facilement aux rayons du soleil de justice; c'est qu'il n'est pas toujours aisé de se défaire de son manteau d'iniquité, alors qu'on l'a porté long-temps, et qu'il s'est collé à notre chair.

Le Sauveur connaissait tous ces obstacles: du pied de sa croix, l'antique serpent devait encore dérouler ses anneaux sur le monde; ceux qui cherchaient la science qui n'est pas selon Dieu, devaient avoir des successeurs, et l'homme devait toujours porter au dedans de lui-même la pente au mal. Aussi, à l'époque où des peuples nombreux secouaient le joug de la foi, où le souffle de Luther avait meurtri l'Église, où les hommes se laissaient emporter à tout vent de doctrine, le ciel suscite en un coin de la Savoie, « un petit enfant, au maintien gracieux, » aux yeux colombins, au visage si mansuète et si doux » que rien plus. Il a grandi, cẻ très-béni enfant, simple » aux choses du monde, innocent en sa conversation, quiète en lui, pacifique avec les autres, affectionné à » la dévotion, plein de pudeur et honnêteté, benin, » débonnaire et agréable à tous. I quitte tout son >> avenir au monde et prend bellement la vocation ecclésiastique. Septante mille hérétiques des envi» rons de Genève et autres lieux rentrent au giron de »> notre sainte mère l'Église, attirés par sa sainte parole. >> Il est fait évêque et compose des écrits pour l'ache» minement à la perfection des âmes. — Or, parmi ces » livres, il en est un de spéciale utilité et de non-pareil » avantage aux gens qui vivent parmi les affaires et em

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» barras du monde, c'est l'Introduction à la Vie devote.

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Une dame savoisienne, grande en son cœur et en » son jugement comme en sa naissance, avait désiré vivre » en la direction de notre très-doux François, et lui avait » mis par écrit plusieurs dits et sentences pour sa conso»lation et perfection. Desquelles lettres le R. P. Jean » Perter, théologien de la compagnie de Jésus, lors rec»teur du collége de Chambéry, ayant eu connaissance, >> voulut que le bienheureux les rédigeât en un livre qui

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pût être lu par un grand nombre, et qu'ainsi ces pré>> cieux documents fussent sauvés du naufrage de l'ou» bliance; ce à quoi il ne se résolut pas sans peine, >> estimant que les fruits de ses bénites paroles ne pou» vaient être que ce que l'on disait *. »

Sitôt que ce livre parut, il fut généralement admiré. Henri IV disait qu'il avait encore surpassé l'opinion qu'il avait conçue de son auteur. La reine Marie de Médicis n'en faisait pas moins d'éloge; elle en envoya un exemplaire enchâssé dans l'or et les pierreries à Jacques, roi d'Angleterre. Ce prince. bien que schismatique, le reçut avec vénération et le porta toujours sur lui, ne passant aucun jour sans en lire un chapitre.

Si donc ce livre, expression littérale du saint évêque de Genève, dans lequel tout son langage si pur, si parfumé, a été conservé, hormis sa forme orthographique, qui en aurait rendu la lecture incommode, et dans lequel on a scrupuleusement suivi le texte original pris sur une édition revue par saint François de Sales lui-même; si donc ce livre vous tombe entre les mains, bien-aimé lecteur, qui que vous soyez, prenez et lisez, il sera doux à

* P. de la Rivière et dom François. Histoire du B. François de Sales,

votre bouche; et si parfois il faisait arriver l'amertume en votre intérieur, ce serait une amertume salutaire, qui vous reconforterait et vous conduirait à guérison parfaite.

Si vous ne connaissez pas encore la vie, si vous n'avez encore entendu que la voix de votre mère, qui ne vous a révélé que foi, bonheur et amour, lisez ce livre, il vous parlera tout comme votre mère, il vous dira que « la vie » dévote est une vie heureuse et aimable, qu'elle est la » vraie terre promise, non-seulement belle en elle-même, › mais que la possession en est douce et agréable.

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Le monde a-t-il déjà trompé votre esprit et séduit vos pensées, vous apprendrez en lisant ces pages, « que les » suavités du Saint-Esprit sont incompatibles avec les dé»lices artificieuses du monde *. »

Êtes-vous emporté par un tourbillon de préoccupations, vous apprendrez qu'il n'y a pas que « la seule dévotion contemplative, monastique et religieuse, laquelle ne » peut être exercée en votre vocation; mais qu'aussi, outre » cette dévotion, il y en a plusieurs autres, très-propres » à perfectionner ceux qui vivent dans l'état séculier **. » Avez-vous à gémir d'avoir depuis long-temps oublié vos devoirs religieux, vous trouverez avec quelle incompréhensible douceur et clémence, Dieu vous a bénigne» ment toléré en vos iniquités, comment il vous a souvent » et amiablement inspiré, vous conviant à vous amender, » et vous a patiemment attendu à pénitence et repen» tance

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Enfin, si la vieillesse est déjà venue frapper à la porte de votre habitation terrestre, et vous avertir que bientôt votre âme allait se choisir une autre demeure; «si pour

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» vous le soleil de la terre commence à s'obscurcir, si la » lune et les étoiles n'ont plus la même lumière, si les gardes de la maison se troublent, si les fibres de l'harmonie deviennent insensibles, oh! avant que la pous>> sière ne retourne au lieu d'où elle a été tirée, et que » l'esprit n'aille paraître devant Dieu,» prenez et lisez, vous recueillerez en ce livre des paroles utiles, qui vous redonneront la vigueur de la jeunesse ; vous vous en sentirez affermi, et votre existence, loin d'être rompue, ne se détachera de la terre que pour s'unir à Dieu.

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D. S. B.

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