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viennent attacher et joindre à notre Seigneur en cette divine action, pour avec lui, en lui et par lui, ravir le cœur de Dieu le Père, et rendre sa miséricorde toute nôtre. Quel bonheur à une âme de contribuer dévotement ses affections pour un bien si précieux et désirable!

IV. Si par quelque force forcée vous ne pouvez pas vous rendre présente à la célébration de ce souverain sacrifice, d'une présence réelle, au moins faut-il que vous y portiez votre cœur pour y assister d'une présence spirituelle. A quelque heure donc du matin, allez en esprit, si vous ne pouvez autrement, en l'église, unissez votre intention à celle de tous les chrétiens, et faites les mêmes actions intérieures au lieu où vous êtes, que vous feriez si vous étiez réellement présente à l'office de la sainte messe en quelque église. V. Or, pour ouïr ou réellement ou mentalement la sainte messe comme il est convenable,

1. Dès le commencement jusqu'à ce que le prêtre se soit mis à l'autel, faites avec lui la préparation, laquelle consiste à se mettre en la présence de Dieu, reconnaître votre indignité et demander pardon de vos fautes.

11. Depuis que le prêtre est à l'autel jusqu'à l'Évangile, considérez la venue et la vie de notre Seigneur en ce monde, par une simple et générale considération.

i. Depuis l'Evangile jusqu'après le Credo, considérez la prédication de notre Sauveur; protestez de vouloir vivre et mourir en la foi et obéissance de sa sainte parole et en l'union de la sainte Église catholique.

IV. Depuis le Credo jusqu'au Pater noster, appliquez votre cœur aux mystères de la mort et passion de notre Rédempteur, qui sont actuellement et essentiellement représentés en ce saint sacrifice, lequel, avec le prêtre et avec le reste du peuple, vous offrirez à Dieu le Père, pour son honneur et pour votre salut.

v. Depuis le Pater noster jusqu'à la communion, efforcezvous de faire mille désirs de votre cœur, souhaitant ardem

ment d'être à jamais jointe et unie à votre Sauveur par amour éternel.

VI. Depuis la communion jusqu'à la fin, remerciez șa divine Majesté de son incarnation, de sa vie, de sa mort, de sa passion et de l'amour qu'il nous témoigne en ce saint sacrifice, le conjurant par celui-ci de vous être à jamais propice, à vos parents, à vos amis et à toute l'Église; et vous humiliant de tout votre cœur, recevez dévotement la bénédiction divine que notre Seigneur vous donne par l'entremise de son officier.

Mais si vous voulez pendant la messe faire votre méditation sur les mystères que vous allez suivant de jour en jour, l ne sera pas requis que vous vous divertissiez à faire ces particulières actions, mais suffira qu'au commencement vous dressiez votre intention à vouloir adorer et offrir ce saint sacrifice par l'exercice de votre méditation et oraison, puisqu'en toute méditation se trouvent les actions susdites, ou expressément, ou tacitement, et universellement.

CHAPITRE XV.

Des autres exercices publics et communs.

Outre cela, Philothée, les fêtes et dimanches, il faut assister à l'office des heures et des vêpres, tant que votre commodité le permettra ; car ces jours-là sont dédiés à Dieu, et faut bien faire plus d'actions à son honneur et gloire en ceux-ci, que non pas en les autres jours; vous sentirez mille douceurs de dévotion par ce moyen, comme faisait saint Augustin, qui témoigne en ses Confessions, qu'ayant les divins offices au commencement de sa conversion, son cœur se fondait en suavité et ses yeux en larmes de piété. Et puis, afin que je le dise une fois pour toutes, il y a toujours plus de bien et de consolation aux offices publics de l'Église, que non pas aux actions particulières, Dieu ayant

ainsi ordonné que la communion soit préférée à toute sorte

de particularité.

Entrez volontiers aux confréries du lieu où vous êtes et particulièrement en celles desquelles les exercices apportent plus de fruits et d'édification; car en cela vous ferez une sorte d'obéissance fort agréable à Dieu, d'autant qu'encore que les confréries ne sont pas commandées, elles sont néanmoins recommandées par l'Église, laquelle, pour témoigner qu'elle désire que plusieurs s'y enrôlent, donne des indulgences et autres priviléges aux confréries. Et puis, c'est toujours une chose fort charitable de concourir avec plusieurs et coopérer aux autres pour leurs bons desseins. Et bien qu'il puisse arriver que l'on fit d'aussi bons exercices à part soi, comme l'on fait aux confréries en commun, et que peut-être l'on goûtât plus de les faire en particulier, si est-ce que Dieu est plus glorifié de l'union et contribution que nous faisons de nos bienfaits avec nos frères et prochain.

J'en dis de même de toutes sortes de prières et dévotions publiques, auxquelles, tant qu'il nous est possible, nous devons porter notre bon exemple pour l'édification du prochain, et notre affection pour la gloire de Dieu et l'intention commune.

CHAPITRE XVI.

Qu'il faut honorer et invoquer les saints.

Puisque Dieu nous envoie bien souvent les inspirations par ses anges, nous devons aussi lui renvoyer fréquemment nos aspirations par la même entremise. Les saintes âmes des trépassés qui sont en paradis avec les anges, et comme dit notre Seigneur, égales et pareilles aux anges, font aussi le même office d'inspirer en nous et d'aspirer pour nous par leurs saintes oraisons.

Ma Philothée, joignons nos cœurs à ces célestes esprits

et âmes bienheureuses; car, comme les petits rossignols apprennent à chanter avec les grands, ainsi, par le saint commerce que nous ferons avec les saints, nous saurons bien mieux prier et chanter les louanges divines: « Je psal» modierai, disait David, à la vue des anges. »

Honorez, révérez et respectez d'un amour spécial la sacrée et glorieuse vierge Marie; elle est mère de notre souverain père, et, par conséquent notre grand'mère. Recourons donc à elle, et comme ses petits enfants, jetons-nous à son giron avec une confiance parfaite, à tous moments, à toutes occurrences; réclamons cette douce mère, invoquons son amour maternel, et tâchons d'imiter ses vertus; ayons en son endroit un vrai cœur filial.

Rendez-vous fort familière avec les anges, voyez-les souvent invisiblement présents à votre vie; et surtout aimez et révérez celui du diocèse auquel vous êtes, ceux des personnes avec lesquelles vous vivez, et spécialement le vôtre; suppliez-les souvent, louez-les ordinairement, et employez leur aide et secours en toutes vos affaires, soit. spirituelles, soit corporelles, afin qu'ils coopèrent à vos intentions.

Le grand Pierre Lefèvre, premier prêtre, premier prédicateur, premier lecteur de théologie de la sainte compagnie du nom de Jésus, et premier compagnon du bienheureux Ignace, fondateur de celle-ci, venant un jour d'Allemagne, où il avait fait de grands services à la gloire de notre Seigneur, et passant en ce diocèse, lieu de sa naissance, racontait qu'ayant traversé plusieurs lieux hérétiques, il avait reçu mille consolations d'avoir salué, en abordant chaque paroisse, les anges protecteurs de celles-ci, lesquels il avait connu sensiblement lui avoir été propices, soit pour le garantir des embûches des hérétiques, soit pour lui rendre plusieurs âmes douces et dociles à recevoir la doctrine de salut. Et disait cela avec tant de recommandation, qu'une demoiselle lors jeune, l'ayant ouï de sa bouche, le récitait il n'y

a que quatre ans, c'est-à-dire, plus de soixante ans après, avec un extrême sentiment. Je fus consolé cette année passée de consacrer un autel sur la place, en laquelle Dieu fit naître ce bienheureux homme, au petit village de Villaret, entre nos plus âpres montagnes.

Choisissez quelques saints particuliers, la vie desquels vous puissiez mieux savourer et imiter, et en l'intercession desquels vous ayez une particulière confiance. Celui de votre nom vous est déjà tout assigné dès votre baptême.

CHAPITRE XVII.

Comme il faut ouïr et lire la parole de Dieu.

Soyez dévote à la parole de Dieu, soit que vous l'écoutiez en devis familiers avec vos amis spirituels, soit que vous l'écoutiez au sermon. Oyez là toujours avec attention et révérence; faites-en bien votre profit, et ne permettez pas qu'elle tombe à terre, mais recevez-la comme un précieux baume dans votre cœur, à l'imitation de la très-sainte Vierge, qui conservait soigneusement dans le sien toutes les paroles que l'on disait à la louange de son enfant. Et ressouvenez-vous que notre Seigneur recueille les paroles que nous lui disons en nos prières, à mesure que nous recueillons celles qu'il nous dit par la prédication.

Ayez toujours auprès de vous quelque beau livre de dévotion, comme sont ceux de saint Bonaventure, de Gerson, de Denis-le-Chartreux, de Louis Blosius, de Grenade, de Stella, d'Arias, de Pinelli, d'Avilla, le Combat spirituel, les Confessions de saint Augustin, les Épîtres de saint Jérôme, et semblables, et lisez-en tous les jours un peu avec grande dévotion, comme si vous lisiez des lettres missives que les saints vous eussent envoyées du ciel, pour vous montrer le chemin et vous donner le courage d'y aller. Lisez aussi les histoires et vies des saints, en les quelles, comme dans un

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