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& le long du Phase en Colchide. Jacob alla en Phadan-aram, c'eft-à-dire, Mefopotamie. Les Egyptiens auront pris Phadan pour le Phafe, & Aram pour les Scythes, appellés anciennement Araméens. (Voyez Pline, l. 16,c. 17. Appellavére antiqui Arameos.) 19. Sésoftris reçut un échec en Colchide, pays vanté pour fa toifon d'or. Jacob eut des défagrémens de la part de Laban, son beaupere. Jacob fçavoit donner différentes couleurs aux toifons; & le nom de Rachel, fon époufe chérie, fignifie mouton, RACHEL, ovis.

20". Séfoftris fut pourfuivi par les Scythes où Araméens, & fon bagage fut pil-. lé. Jacob fut pourfuivi par Laban l'Araméen, qui vifita fon bagage, ou même le renverfa. (Voyez Dom Calmet.) 21°. Séfoftris eut foin d'élever partout des monumens de fes conquêtes. Hérodote n'en avoit vu qu'en Palestine. Jacob avoit auffi foin d'élever des monumens partout où il recevoit des graces fpéciales. 22°. Séfoftris diftinguoit dans les monumens ceux qui avoient combattu comme des hommes braves, & ceux qui avoient cédé comme des femmes, c'eft-à-dire, lâchement. Jacob donna différens noms à fes monumens, Bethel, Phanuel, &c. Bethel reffemble au mot bthl, qui fignifie vierge ou fille. Pour Phanuel, Jacob donna ce nom

la

à l'endroit où il avoit lutté ou combattu toute la nuit; il y vit face-à-face l'ange du feigneur qui luttoit avec lui. On voit d'où font pris les braves & les lâches que Séfoftris faifoit repréfenter, les uns en hommes, les autres en femmes. 23°. Séfoftris manquant de vivres fut obligé de revenir en Egypte. Jacob fut forcé par difette, d'y avoir recours. 24. Séfoftris fut averti par le grand prêtre de retourner en Egypte. Jacob fut invité à s'y rendre par fon fils Jofeph, qui étoit gendre du grand prêtre, & qui étoit lui-même à la tête de l'Egypte. 25°. Séfoftris, à fon retour, fe voyant prêt à périr, par l'artifice de fon frere, expofa un tiers de fes en-fans pour fauver les autres. Jacob, à fon retour de Méfopotamie, redoutant fon frere Efau, avoit auffi partagé fa famille en trois bandes, afin d'en fauver au moins une partie. 26. Séfoftris fut délivré par Vulcain dieu boiteux. Jacob fut délivré par le feigneur, & demeura boiteux depuis fon combat avec l'ange.

27°. L'art de l'équitation, ou l'ufage de monter à cheval commença du tems de Séfoftris. C'eft du tems de Jacob que l'écriture emploie pour la premiere fois le mot qui fignifie aller à cheval ( Genefe 41, 43.) 28°. L'invention de cet art eft auffi attribuée à Sefonchofis, qui eft une altération des mots fefos gofen, qui figni

fient les pafteurs de Geffen, ou Jacob &. fes enfans établis dans cette contrée. 29°. Séfoftris faifoit tirer fon char par des rois. Jacob fut auffi porté (felon l'écriture) fur un char par fes fils, dont les auteurs payens ont fait autant de rois. 30o. Séfoftris fit en Egypte quantité d'établissemens, & ordonna bien des travaux. Combien d'établiffemens Jofeph, fils de Jacob, ne fit-il point en Egypte ? Combien de travaux ordonnés aux Ifraëlites, enfans de Jacob! 31. Séfoftris inventa les cartes de géographie. On fçait que géographie fignifie defcription ou divifion de la terre, Jacob, en mourant, annonça les divifions des tribus dans la terre promife. Jofeph, fils de Jacob, divifa les terres d'Egypte. 32°. Séfoftris, devenu aveugle, mourut d'une mort volontaire. Jacob, devenu aveugle, mourut réfigné à la volonté de Dieu. 33°. Sous le regne de Séfoftris parut pour la premiere fois, le fameux oifeau phénix. Jofeph, furnommé Saphenath phahaneac, ou Pfontomphanech, d'où vient le nom de phénix, parut certainement avec éclat du vivant de fon pere Jacob. (Voyez la Gén., 41, 45.'Vocavit Pharao nomen JoSeph

SAPHENATH-PHAHANEAC.) 34°. Le phénix, felon la fable, embaume fon pere, & le porte à la fépulture. Jofeph, furnommé Pfontomphanech, fit aufli embaumer fon pere, & le conduifit à la fé

pulture. 35°. La fépulture du pere d'un phénix étoit l'autel du foleil. Celle où Jofeph conduifit le corps de fon pere fut l'aire d'atad, nom qui a été pris pour adad, un de ceux du foleil, comme on le trouve dans Macrobe. 35°. Les Egyptiens ont enfuite calculé le retour du phé nix fur les Epagomenes, mot qui fignifie furplus, addition faite au compte de l'année. C'eft que le nom de Jofeph, qui eft le vrai phénix, fignifie augmentation. Jofeph, augmentum,& que les Egyptiens s'étoient de plus en plus embrouillés avec le tems, finon dans leurs calculs, du moins dans leurs contes.

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Sur ce premier rapprochement, quoiqu'il foit moins frappant qu'il ne l'est dans les détails qu'on trouve enfuite, & où l'on ajoute beaucoup d'autres traits, on croit pouvoir demander s'il n'eft pas prouvé que toute l'hiftoire de Séfoftris eft une altération de celle de Jacob, pere des Ifraëlites. On vient de voir leur vie rapprochée depuis leur naiffance jufqu'à leur mort, & même jufqu'à leur fépulture: une fi grande reffemblance de traits peut-elle être fortuite? Mais nous invitons les fçavans, & ceux qui veulent s'inftruire, à lire le rapprochement détaillé.

M. l'abbé Guérin fuit ainfi chaque roi d'Egypte, d'abord dans un rapprochement général, enfuite dans un fecond qui con

tient les preuves & les raifonnemens de détail néceffaires. On lira avec une vraie fatisfaction l'article de Prothée, comparé avec celui de Jofeph, & ce plaifir croîtra furtout à celui de Rampfinite, ou plutôt à celui de l'architecte de Rampfinite.

Nous terminons ici l'extrait de cette hiftoire, que notre goût nous eût portés à étendre beaucoup plus, & par les chofes excellentes qu'elle renferme, & parce qu'il eft bien rare d'avoir à analyfer des ouvrages auffi utiles; nous ajoutons que, malgré le fçavoir qui y regne, il eft à la portée de tous les lecteurs qui aiment l'hiftoire, parce que tout y eft interprêté, ou expliqué.

Hiftoire du bas empire, &c. Tome 20e. A Paris, chez Saillant & Nyon, & chez la veuve Defaint. 1776.

Na vu dans les volumes précédens trois grands guerriers fur le trône de Conftantinople; leur activité, leur bravoure, leurs exploits arrêterent l'empire fur le penchant de fa ruine. Redoutables au dehors, prefque toujours vainqueurs, ils avoient mis le fultan d'Icone plus d'une fois à deux doigts de fa perte. Si Manuel Comnene n'avoit pas étouffé ce foyer de guerres & de ravages continuels, du moins il avoit forcé le fultan à le craindre, à ref

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